La Chine a, elle aussi, fait pleinement son entrée dans l’ère de l’automobile électrique. Cependant, ce sont ses propres constructeurs qui mènent la danse.

En Europe, les constructeurs chinois commencent à faire une arrivée remarquée. Certains ont déjà entamé leur carrière sur le Vieux Continent, à l’image de MG ou Lynk&Co. D’autres vont bientôt débarquer avec une offre très concurrentielle, comme Ora et sa Cat électrique.

Une situation totalement inverse de l’époque où les constructeurs européens allaient dominer le marché chinois. Pour ce qui est de l’Empire du Milieu, c’est encore plus extrême, puisque le marché risque d’y être très complexe pour les marques traditionnelles.

Les exemples d’automobiliste chinois n’envisageant même plus l’achat d’un véhicule européen se multiplient. L’agence Reuters a ainsi interrogé une propriétaire de SUV électrique Xpeng. Elle révèle ne pas avoir réfléchi à une voiture étrangère, car elle cherchait un véhicule « zéro émission ».

« Si j’avais acheté une voiture essence, j’aurais envisagé des marques étrangères », explique Tianna Cheng. « Mais je voulais un véhicule électrique, et à part Tesla, j’ai vu peu de marques étrangères proposer des technologies intelligentes proprement ».

Les constructeurs étrangers aux abonnés absents

Cette demande est croissante en Chine, puisqu’il s’est vendu en début d’année plus du double de voitures électriques et hybrides rechargeables de ce qu’il s’était vendu l’année dernière à la même époque. Ces technologies représentent une progression de 23 %, là où le marché global diminue de 12 %.

L’autre constat principal de cette émergence des voitures électrifiées est donc la difficulté qui attend les marques étrangères en Chine. Cela concerne l’avenir, et les ventes de voitures électriques et hybrides. En effet, il n’y a qu’un seul constructeur étranger dans le top 10 des marques sur ces segments, et c’est Tesla en troisième position.

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Et le fossé est énorme entre la firme d’Elon Musk et le leader BYD. Ce dernier a vendu 390 000 véhicules électriques cette année, soit environ trois fois plus que Tesla en Chine.

Pour retrouver un deuxième constructeur étranger, il faut aller à la 15e place du classement, avec la coentreprise entre Volkswagen et FAW Group. Et les constructeurs traditionnels paient, justement, leur côté traditionnel.

Des voitures électriques pas assez révolutionnaires ?

Tianna Cheng représente parfaitement les acheteuses et acheteurs de voitures en Chine. Âgée de 29 ans, elle représente la classe moyenne et travaille dans un bureau.

Selon elle, c’est l’absence de technologies et de modernité qui pèche dans les voitures européennes. « Les marques étrangères sont loin de ma vie et de mon style de vie. »

Le public jeune veut rapprocher son expérience de la voiture d’une expérience multimédia. Elle confesse ainsi que son assistant numérique « fait tout pour moi, de l’ouverture des fenêtres au lancement de la musique ».

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Ces attentes, légèrement plus futuristes que celles des clients européens, pourraient mettre les constructeurs en porte-à-faux. Comment satisfaire les deux marchés ? Bien sûr, les coentreprises peuvent aider à cela, mais les voitures qui en sortent ne sont pas des modèles spécifiques.

Le PDG de Nissan, Makoto Uchida, semble pessimiste à ce sujet. Selon lui, plusieurs constructeurs pourraient « disparaître dans trois à cinq ans » sur le marché chinois.

Bill Russo, qui travaillait chez Chrysler et s’est reconverti comme consultant automobile en Chine, fait le même constat. « Les marques chinoises gagnent la course à la voiture électrique », affirme Russo. « Je pense que c’est un changement séculaire vers la high tech, et les entreprises traditionnelles ne sont pas nées high tech. »