Vous l’avez certainement observé si vous avez déjà traversé l’Europe en voiture électrique : d’un pays à l’autre, l’infrastructure de recharge est radicalement différente. Une situation que l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) a étudiée. Elle dévoile son classement des pires et meilleurs États membres pour recharger sur les bornes publiques.

Il n’y a pas assez de bornes de recharge pour véhicules électriques en Europe. L’ACEA tire (une nouvelle fois) la sonnette d’alarme dans son dernier rapport sur la transition vers la mobilité zéro-émission. L’association qui représente la plupart des constructeurs automobiles du Vieux Continent interpelle sur les importantes disparités entre pays membres de l’UE. Car si la Hollande est leader de la recharge publique avec 47,5 bornes pour 100 km de route, la Grèce et la Lituanie, lanternes rouges, ne disposent que de 0,2 borne aux 100 km. La Pologne, Chypre, la Lettonie, la Roumanie, la Hongrie, l’Estonie, la Bulgarie et la Tchéquie complètent le top 10 des mauvais élèves européens. Tous proposent moins d’une borne de recharge aux 100 km.

La France, un élève moyen

Avec ses 4,1 bornes/100 km, la France se retrouve à la dixième place du classement de l’ACEA. Notre pays est à la traîne, derrière l’Italie (5,1 bornes/100 km) et à bonne distance du Portugal (14,9 bornes/100 km). Une position qui reflète plutôt bien la réalité décrite par les utilisateurs hexagonaux et l’AVERE.  L’association de constructeurs précise avoir comptabilisé les bornes situées sur « autoroute, routes nationales, provinciales et communales » pour établir son tableau. Logiquement, il n’inclut pas les prises situées sur des lieux privés comme les particuliers et entreprises.

Les constructeurs interpellent sans investir

L’ACEA déplore que 10 des 27 États membres ne disposent même pas d’un chargeur pour 100 km. « Si les citoyens de Grèce, de Lituanie, de Pologne et de Roumanie doivent parcourir 200 km ou plus pour trouver un chargeur, nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’ils soient prêts à acheter une voiture électrique », réagit Eric-Mark Huitema, le directeur général de l’association. Le dirigeant estime que « des progrès massifs » doivent être réalisés pour intensifier le déploiement de l’infrastructure de recharge en Europe.

Si l’ACEA en appelle indirectement aux pouvoirs publics, elle oublie d’encourager ses adhérents à investir davantage. Car si certains constructeurs automobiles se sont rassemblés au sein du consortium de recharge paneuropéen Ionity, plusieurs membres de l’ACEA n’y sont pas encore. C’est notamment le cas de Renault, Stellantis, Jaguar-Land Rover, Toyota, Volvo, Ferrari et de Honda. Ces derniers pourraient se saisir du problème plutôt que d’attendre des initiatives publiques, quitte à créer leurs propres co-entreprises de recharge.

Classement de l’ACEA

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Pays

Point de charge/100 km

% Part de marché VE+VHR

1

Pays-Bas

47,5

25

2

Luxembourg

34,5

11,4

3

Allemagne

19,4

13,5

4

Portugal

14,9

13,5

5

Autriche

6,1

9,5

6

Belgique

5,5

10,7

7

Italie

5,1

4,3

8

Suède

5

32,2

9

Danemark

4,4

16,4

10

France

4,1

11,2

11

Malte

3,4

12

Finlande

3,3

18,1

13

Croatie

2,3

1,9

14

Slovaquie

2

1,9

15

Slovénie

1,6

3,1

16

Espagne

1,1

4,8

17

Irlande

1

7,4

18

Tchéquie

0,9

2,5

19

Bulgarie

0,8

20

Estonie

0,7

1,8

21

Hongrie

0,6

4,7

22

Chypre – Lettonie – Roumanie

0,5

0,5 – 2,7 – 2,2

23

Pologne

0,4

1,9

24

Grèce – Lituanie

0,2

2,6 – 1,1

Source des données : ACEA