Station de recharge mobile Drop’n Plug

Inaugurée à l’occasion du Tour de France cycliste 2021, la station mobile Drop’n Plug a été mobilisée à Versailles dans le cadre de la présidence française du conseil de l’Union européenne. Une solution vertueuse qui permet de pallier le manque d’infrastructures de recharge lors d’événements exceptionnels. 

En février dernier, le centre des congrès de Lyon avait offert son cadre aux ministres européens des Affaires étrangères et de la Santé rassemblés dans le cadre de la PFUE. Parmi les exigences imposées aux responsables des 27 pays : réaliser leurs trajets en rapport avec cet événement en véhicules électriques. Dépassée par cette condition, la préfecture du Rhône avait eu recours à des groupes électrogènes fonctionnant au gazole pour ravitailler en énergie ces voitures.

Des solutions plus vertueuses pour l’environnement existaient pourtant. Si un trait devait être tiré, pour des raisons de sécurité, sur les 200 points de recharge disponibles à Lyon, il restait la possibilité d’exploiter des générateurs fonctionnant à l’huile de friture ou à l’hydrogène, ou la station mobile de Drop’n Plug.

Station mobile Drop’n Plug

En tout début d’année, nous avions invité Claude Le Brize à nous présenter sa station mobile de recharge dont la première mission a été de régénérer les batteries des Skoka Enyaq intégrées à la caravane du Tour de France cycliste. Réalisée sur une base de remorque d’ordinaire réservée au transport des chevaux, elle présente 10 bornes pour alimenter autant de voitures électriques, avec la possibilité de piloter finement la distribution.

Employant du matériel Hager qui n’était pas encore commercialisé, la station mobile a donné toute satisfaction pendant la durée de l’événement sportif. À tel point que Drop’n Plug avait programmé la construction de nouvelles unités pour le courant de la présente année 2022.

Finalement, le chef d’entreprise breton a été sollicité pour assurer la régénération des véhicules mobilisés pour transporter les ministres européens à Versailles jeudi 10 mars dernier.

Du tour de France…

« C’est une cellule rattachée au Premier ministre et pilotée par le colonel Manzoni qui avait entre autres pour mission d’assurer la recharge de la trentaine de véhicules électriques. Il avait découvert notre station mobile lors du Tour de France cycliste l’année dernière. Il a demandé à ses collaborateurs de nous retrouver. Ils sont tombés sur le site d’Enedis-D – bras commercial d’Enedis – qui présentait notre remorque », lance Claude Le Brize.

« Ensuite, les choses sont allées très vite. J’ai reçu un message le jeudi 3 mars. J’ai rappelé le soir même, et envoyé une proposition dans la foulée. J’ai senti que ma réactivité avait été très appréciée. J’avais pour instruction de mettre en place notre station mobile dès le mardi 8 mars, 2 jours avant l’arrivée des véhicules à recharger », poursuit-il.

… à la cour d’honneur du château de Versailles

« Pour des raisons de sécurité, nous n’avions pas d’autre choix que d’effectuer les recharges dans la cour d’honneur du château de Versailles. Du point de vue de l’organisation, il n’était pas question de dissocier les voitures électriques des véhicules utilisés en escorte, par le GIGN, le Raid, etc. », explique Claude Le Brize.

« Enedis a pu trouver un raccordement électrique d’une puissance satisfaisante juste à côté. Nous avons réalisé quelques tests sur la journée du mercredi 9 mars. Les premiers véhicules électriques officiels sont arrivés le jeudi vers midi. C’était très protocolaire. C’est celui transportant Emmanuel Macron qui devait entrer en premier. Un ministre arrivé un peu plus tôt a dû attendre un peu à l’extérieur », a-t-il remarqué.

« Notre mission s’est achevée le lendemain officiellement à 16 heures. Deux voitures électriques sont cependant restées branchées une heure supplémentaire, par sécurité, en cas de défaillance », complète-t-il.

Des voitures électriques Stellantis

« C’est Stellantis qui a fourni la trentaine de véhicules électriques, en jouant la parité entre les Peugeot e-Traveller et les Citroën ë-SpaceTourer. Nous avons senti un gros stress du côté des chauffeurs qui venaient tout juste de prendre en main les véhicules », rapporte Claude Le Brize.

« Certains exemplaires étaient équipés de la batterie 50 kWh pour 230 km d’autonomie et d’autres du pack 75 kWh qui offre 330 km de rayon d’action. Un des véhicules est arrivé avec à peine 30 km de marge. La principale inquiétude des chauffeurs était de disposer d’assez d’énergie pour arriver à destination, forcés de suivre parfois les motards de l’escorte à 150 km/h sur l’autoroute, avec de gros coups d’accélérateur. Dans ces conditions, les batteries prennent une sacrée claque », témoigne-t-il.

« Pourtant, le trajet entre l’aéroport, Satory, les ambassades et le château de Versailles comptait seulement une centaine de kilomètres », chiffre-t-il.

Des rotations tendues

« Au départ, nous n’avions pas été informés des impératifs de déplacements avec les circuits organisés. Dans la première heure, nous n’avons pas pu anticiper les priorités de recharge, alors que des véhicules devaient repartir 2 heures plus tard et que d’autres ne bougeaient pas de l’après-midi », expose Claude Le Brize.

« Ensuite, nous avons pu mener finement les rotations à la recharge. Les chauffeurs étaient présents, et nous avions 3 gendarmes à notre disposition. Tout le ravitaillement en électricité a été fait en courant alternatif, limité par les chargeurs 7 kW embarqués dans les véhicules », détaille-t-il.

« Avec le recul, si nous avions pu connaître à l’avance les besoins sur le terrain, nous aurions pu panacher avec de la recharge en courant continu. Les Peugeot e-Traveller et Citroën ë-SpaceTourer acceptent dans ces conditions une puissance allant jusqu’à 100 kW », rappelle-t-il.

Mission accomplie

« En ce moment, j’essaye d’atterrir ! À vivre, c’était vraiment très intéressant : j’ai adoré ! Nous nous devions d’être agiles. Il y avait, comme on peut s’en douter, un très haut niveau de sécurité. Mais j’aurais eu 10 voitures électriques à vendre, je suis persuadé que je les plaçais auprès des gendarmes, policiers ou représentants des États », s’amuse Claude Le Brize.

« Le colonel Manzoni est un personnage très attachant et très compétent. Nous recevions des réponses à nos questions dans les 10 minutes », a-t-il apprécié.

« Bien sûr, nous avons eu un peu peur tout le temps. Pour cet événement exceptionnel, il fallait que tout se passe très bien, zéro pépin. Les 10 points de charge ont été sollicités sans discontinuer. Au final, nous avons réussi notre mission. Contrairement à ce qui a été vécu précédemment, aucun véhicule électrique n’est tombé en panne de batterie. Et ce, grâce à notre station mobile », se réjouit-il.

Et après ?

« La rencontre des 10 et 11 mars était consacrée à l’économie. Mais avec la crise en Ukraine, l’ordre du jour a débordé sur les problèmes géopolitiques mondiaux », souligne Claude Le Brize. « Avec la prochaine élection présidentielle en France, les rencontres européennes qui entrent dans le cadre de la PFUE sont suspendues, jusqu’après le second tour du 24 avril. Peut-être serons-nous à nouveau sollicités ensuite », réfléchit-il.

« Toutefois, en juin prochain, nous allons être mobilisés pour le Tour cycliste 2022. Nous sommes en train de développer en ce moment pour cela 2 stations mobiles supplémentaires. Nous travaillons actuellement le covering pour les partenaires », conclut le dirigeant fondateur de Drop’n Plug.

Automobile Propre et moi-même remercions Claude Le Brize pour sa disponibilité et son intéressant témoignage.