Ce samedi 7 janvier, France 2 diffusait un documentaire économique consacré aux nouvelles habitudes de consommation qui bouleversent notre façon de vivre. Le magazine se charge de « dévoiler les coulisses d’un monde qui change ». La journaliste Elisa Jadot se plongeait dans les méandres de la révolution de la voiture électrique…

Dès les premières minutes, Julian Bugier qui présente l’émission donne le ton : il se demande si les véhicules électriques sont « suffisamment autonomes pour faire des longues distances » même si « en apparence c’est plutôt facile d’utilisation ». Dans la première partie de l’émission, l’émission part à la rencontre d’Olivier, chef d’entreprise, désireux de faire l’acquisition d’une voiture électrique et de Jéromine qui roule en Smart ED depuis 2 ans.

Olivier, un candidat idéal pour la voiture électrique

Olivier souhaite acquérir une Renault ZOE pour ses déplacements professionnels. Il prévoit d’utiliser le véhicule pour partir à la rencontre de ses clients à Paris et sa banlieue. Il trouve complètement adapté sa démarche qui vise à utiliser son véhicule en journée et à le recharger la nuit pour le retrouver  plein et opérationnel pour une nouvelle journée le lendemain matin. D’après la journaliste, les 240 kilomètres d’autonomie (NEDC) de la voiture permettent à Olivier de réaliser ses trajets journaliers. Avec cette première confusion, je m’attends au pire pour le reste du reportage…

Pendant, l’essai la journaliste semble surprise de l’absence de boite de vitesse et de la présence d’un variateur. Elle n’a pas dû conduire beaucoup de voitures automatiques thermiques car même si ces véhicules sont munis d’une boite de vitesse, le fonctionnement est le même. Olivier, quant à lui, note la souplesse de conduite et le couple immédiatement disponible : Il semble convaincu ! Chez Automobile propre, on lui souhaite de pouvoir réaliser son projet !

Jéromine, une convertie depuis 2 ans

Le reportage part ensuite à la rencontre de Jéromine, propriétaire d’une Smart ED depuis 2 ans. D’après le reportage, elle a souhaité passer à la voiture électrique principalement pour des raisons économique. Avant de rouler en Smart elle dépensait jusqu’à 163 euros pour ses trajets quotidiens. Actuellement, elle économise 47,80 €/mois (soit 573,60 €/an) contre 77 €/mois (soit ≈ 1000 €/an) annoncé dans le reportage. Un bon point du reportage qui souligne le côté économique du véhicule électrique même si les calculs étaient faux !

Habitante de la région bordelaise, elle utilise régulièrement une des bornes de recharge mise à disposition par la ville de Bordeaux lors de ses déplacements. D’après, la journaliste, « les voitures à essence ont interdiction de s’y garer et, en prime, Jéromine peut faire le plein d’électricité ». Petite correction, dans le cas du reportage : elle doit se brancher quand elle se gare devant une borne de recharge, car rappelons le, les emplacements de recharge ne sont pas des places de parking ! La journaliste souligne également  le gain de temps pour trouver une place et le prix du stationnement et de la recharge qui sont gratuits ! Encore un bon point !

Notons quand même que l’infrastructure de recharge de marque EVTRONIC est une borne rapide. Il est dommage de la monopoliser plusieurs heures pour aller faire des courses alors que d’autres utilisateurs pourraient en avoir besoin pour continuer leur trajet. Même s’il faut saluer l’initiative de la ville de Bordeaux, ce type de borne est inadapté en centre-ville. A l’inverse, des bornes de charge lente comme le propose Bolloré à Paris ou Bordeaux seraient plus adaptées à cet usage.

La voiture électrique : une voiture parfaite ? Apparemment pas…

La fin de cette première partie est plutôt positive ! « Plus économique et plus pratique » la voiture électrique à l’air parfaite pour Jéromine et pourtant le reportage souligne que « régulièrement, la jeune femme est confrontée à un problème, l’autonomie !! ». Ahhh l’autonomie…

Le reportage change alors de ton ! La commentatrice souligne que même si sa voiture est chargée et prête à partir, il lui est impossible de partir avec son électrique pour sa tournée longue d’une centaine de kilomètres. Jéromine doit donc utiliser un monospace thermique et même Diesel. Même si les explications de la jeune femme sont vraies : les conditions hivernales, et l’utilisation du chauffage ne font pas bon ménage avec le véhicule électrique, le reportage pouvait souligner que la majorité des trajets sont fait en électrique au quotidien au lieu de blâmer indirectement la conductrice ! Dans ce cas, la cause n’est pas la voiture qui a été réfléchie pour une utilisation quotidienne mais le manque de bornes de recharge…

La voiture électrique : une voiture qui déçoit ?

S’ensuit ensuite une séquence, ou la journaliste découvre que des milliers de voitures électriques sont en vente sur les quelques 100.000 véhicules que compte l’hexagone. D’après un premier propriétaire, ce serait « la batterie » et « les 170 kilomètres d’autonomie » qui ne sont pas suffisant et seraient « une contrainte au quotidien ». Un autre propriétaire a gardé sa voiture « 3 mois presque 4 » avant de la vendre parce que « ça demande beaucoup plus d’organisation ». Enfin une 3ème propriétaire mentionne qu’une charge lente prend « 8 à 10 heures » et que ce n’est pas l’idéal « pour descendre en vacances à Nice » car il faut prévoir « 4 jours ». Elle souligne enfin qu’aujourd’hui « cela ne peut rester qu’un véhicule qui sert à faire domicile-boulot, boulot-domicile ». Ça tombe bien, c’est comme ça qu’il a été pensé ! Rien empêche de louer une thermique pour les trajets dépassant l’autonomie avec les économies réalisées tout au long de l’année !

Notons toutefois que la journaliste a demandé « quel était le principal problème rencontré » mais ne fait pas mention des avantages (du moins dans le reportage) que procure une voiture électrique. De plus, on ne sait pas comment étaient utilisés les véhicules et si les propriétaires disposaient d’un endroit prévu pour brancher le véhicule.

Chez Automobile propre, nous sommes conscients qu’en l’état actuel des choses, les véhicules électriques ne s’adressent pas à tout le monde. Il faut être « électro-compatible » c’est-à-dire, disposer d’un point de recharge et faire des trajets compris dans l’autonomie réelle du véhicule (qui convient parfaitement pour des trajets quotidiens).

Enfin, ces (ex)propriétaires n’ont peut-être pas été bien informés lors de leur achat. Par exemple, il est simple de savoir (en utilisant Chargemap ou Automobile propre) qu’il existe un réseau de bornes rapides sur les autoroutes qui permet d’éviter de prendre 4 jours de congés pour effectuer un trajet !

Le trajet de l’intox

Malgré les avertissements de la troisième vendeuse, la journaliste décide de se rendre à ses frais aux essais « presse » organisé par Renault à Lisbonne pour la sortie de son nouveau modèle. Elle souhaite vérifier l’autonomie « encore inégalé chez un constructeur français » (coucou Tesla !) et prendre (naïvement ?) « au mot Renault ». Lorsqu’elle annonce que « l’enquête a réservé quelques surprises » je comprends que le test consiste à prendre l’autoroute…

Elle décide de se rendre à Coïmbre, située à 200 kilomètres exactement de Lisbonne. Lorsqu’elle récupère son véhicule, il est chargé à bloc mais la caméra ne montre pas l’indicateur de charge : Savait-elle pertinemment qu’elle ne pourrait pas rejoindre sa destination ?

La ZOE, bien que parfaite pour la ville, est un peu moins à son aise sur l’autoroute (aux vitesses maximales) qu’il est nécessaire d’emprunter pour rejoindre Coïmbre. La journaliste se rend compte que dès qu’elle dépasse 90 km/h, l’autonomie fond et qu’à « chaque 10 secondes, elle perd un kilomètre d’autonomie » !

La journaliste savait dès le départ qu’elle ne pourrait pas rejoindre sa destination. La capture d’écran suivante le démontre :

La batterie à peine entamée, il ne lui reste que 230 kilomètres de réserve. De plus, il pleut pendant le trajet et la puissance demandée au moteur est maximale (le cercle est jaune) : le véhicule n’est donc pas éco-conduit !

C’est lorsqu’il ne reste que 24 kilomètres, que la conductrice se demande comment elle va recharger. Ne fallait-il pas s’y préoccuper plus tôt ? Malheureusement aucune borne n’est présente sur l’autoroute. Vraiment ?

Filtre appliqué : Prise : type 2 – Puissance : Accelérée (22kW) et Rapide (43kW)

Cette autoroute dispose donc de borne de recharge ! Même si, d’après Chargemap, la première borne depuis Lisbonne n’est pas du bon côté de l’autoroute, il y a bien une borne AC 43 kW de chaque côté de l’autoroute quelques centaines de kilomètres plus loin. De plus, cette information reste à vérifier car je suis étonné que la première aire de repos ne dispose pas d’une borne de recharge dans le sens Lisbonne – Coïmbre…

La journaliste est contrainte de s’arrêter à Cernache, à une quinzaine de kilomètre de Coïmbre ! Elle a donc dépassé toutes les bornes de recharge qui se trouvaient sur l’autoroute et aurait pu recharger sur son trajet !

Après l’épisode de la ZOE qui refuse de charger, la journaliste annonce qu’elle n’a parcouru que 196 kilomètres ! D’après le personnel de Renault venu récupérer la jeune femme elle aurait consommé 19,4 kWh/100 km !

L’homme de la marque au losange lui indique que « l’on peut l’utiliser (la voiture) sur l’autoroute mais que ce n’est pas son terrain de prédilection ! » et il a raison !

Je pense, que pendant ce trajet, la rédaction a cherché la panne à tout prix pour décrédibiliser le véhicule électrique car il y avait des solutions pour atteindre la destination ! Il aurait été nécessaire de préparer un minimum le trajet avant de se lancer, surtout lorsqu’on débute sur ce type de véhicule. Il faut, comme je l’ai énoncé plus haut : être compatible avec la conduite d’un véhicule électrique et adapter sa conduite ! Et oui ! C’est nécessaire, même après 10 ans de permis !

Conclusion

Le but de ce reportage était de montrer la voiture électrique sous son mauvais angle. Tout a été fait, du trajet impossible à réaliser jusqu’à l’interview de Stephane Lhomme qui va jusqu’à débrancher une Peugeot ION alors qu’elle ne dispose pas d’une batterie nécessitant d’être maintenue à 80°C ! Son argument de consommation énergétique en continu tombe à l’eau ! Rappelons également que France Télévisions avait réalisé deux reportages du même acabit et Stephane Lhomme avait déjà été interviewé de la même façon ! On prend les mêmes et on recommence chez France Télévisions ?

Comme le souligne la journaliste, « Demain c’est peux être du soleil que viendra l’alternative » ! Même si elle évoque la voiture solaire que l’on aperçoit dans la dernière partie du reportage, on peut également penser que si actuellement, les voitures électriques roulent à l’électricité nucléaire, ce ne sera peux être pas le cas demain ! A l’inverse, les véhicules thermiques seront toujours alimentés à l’essence ou au gasoil !

Enfin, la journaliste a demandé sur les réseaux sociaux si certains « malheureux propriétaires de voitures électriques » souhaitaient témoigner pour le reportage, deux mois avant sa diffusion. Je pense que cette demande traduit une intention particulièrement claire non ?

Elisa Jadot peut encore attendre longtemps la voiture solaire autosuffisante capable d’emmener toute sa famille en vacances ! En attendant, moi je dois vous laisser, j’ai une ZOE à aller recharger !