Le patron de Renault a promis un prix de base de la R5 sous les 30.000 €. Un ticket d’entrée qui peut sembler élevé face à la concurrence.

Peu de temps après son arrivée à la tête du groupe Renault, mi-2020, Luca de Meo a fait une promesse alléchante : “une gamme de véhicules électriques emblématiques, rentables, à un prix d’entrée de moins de 20.000 euros, produits en France”.

Une promesse qui sera en partie tenue. Quelques mois après, le directeur général a officialisé la renaissance de la R5, puis celle de la 4L. Ces versions modernes seront bien 100 % électriques et produites dans l’Hexagone. Mais l’objectif de 20.000 € a été perdu en route !

D’ailleurs, depuis sa première annonce, Luca de Meo s’est fait plus discret sur les objectifs de prix de départ pour la R5, qui sera le modèle le moins cher des deux. La 4L moderne sera en effet positionnée au-dessus, en prenant l’apparence d’un petit SUV, tandis que la R5 sera une citadine classique plus courte qu’une Clio.

Une discrétion facile à comprendre : depuis sa prise de fonction, l’industrie automobile a été bousculée par les conséquences du Covid puis de la guerre en Ukraine. Le contexte sanitaire et géopolitique a ainsi fait flamber les coûts de production, avec notamment une envolée des cours des matériaux, de l’énergie, du transport…

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La situation s’améliore un peu, ce qui a d’ailleurs permis à Renault de commencer à dégonfler le prix de certains modèles, comme la Clio et l’Arkana. Mais pas encore ceux des modèles électriques, qui sont doublement pénalisés. La hausse des matériaux, cela impacte la carrosserie et la batterie !

Plus abordable que ses rivales… mais lesquelles ?

On pensait alors que l’objectif de Renault était d’avoir une R5 qui commence plutôt à 25.000 €. C’est clairement devenu la barre symbolique sur le marché des citadines électriques polyvalentes, puisque Volkswagen a fait cette promesse pour son ambitieuse ID.2, lancée en 2025. Citroën a promis aussi une C3 électrique à moins de 25.000 € pour 2024.

Mais une interview de Fabrice Cambolive, directeur de la marque Renault, vient générer du doute. Nos confrères allemands d’Autogazette lui demandent si la R5 coûtera moins de 30.000 €. Ce à quoi Fabrice Cambolive répond : “nous travaillons durs pour proposer la R5 à moins de 30.000 €”. Voilà donc une indication qui intrigue. Même si les prix des Renault électriques sont un peu plus élevés en Allemagne, faut-il attendre chez nous une R5 dont le prix de base est au final plus proche des 30.000 € que des 25.000 € ?

Lors d’une présentation officielle de la plate-forme CMF-BEV, la base de la R5, le constructeur avait pourtant promis une voiture moins chère que ses concurrentes. Mais évidemment, tout dépend de la concurrence visée. Est-ce que Renault se base sur l’offre actuelle, avec par exemple une Peugeot e-208 qui commence à 34.800 € chez nous, ou celle à venir ? On dirait que cela penche vers la première option !

La concurrence de référence sera aussi surement choisie à prestations équivalentes. Mais on ne connait pas encore les prestations de la R5, qui pourrait avoir en version de départ une autonomie d’environ 330 km, quand Citroën vise 300 km pour la ë-C3. Il faudra aussi comparer la dotation, alors que Citroën et Fiat vont tendre vers des modèles plus essentiels façon Dacia.

L’important, c’est l’offre de location

La R5 semble plus “généraliste”, pour justement laisser la place à la Dacia Spring, qui sera améliorée en 2024, et dont le prix de la version haute est à 22.300 €. Il y a donc une logique de groupe et de gamme à suivre dans le placement des prix d’attaque, avec au-dessus la Megane qui s’affiche dès 38.000 €, ce qui semble d’ailleurs déjà élevé. Autre élément qui pèse sur le prix de la R5 : elle sera made in France, un choix patriotique qui entraine des coûts de main d’oeuvre plus importants.

L’objectif de Renault est d’abord d’avoir une R5 moins chère que la Zoé, qui débute actuellement à 35.100 €. En étant sous 30.000 €, ce sera donc déjà 5.000 € de moins. Surtout, comme pour la Megane, la marque va essentiellement miser sur un loyer agressif, et c’est là que Renault compte bien s’aligner sur la concurrence.

Il mise sur une bonne valeur résiduelle pour baisser le loyer, avec assurément l’objectif d’être à 100 € par mois en entrée de gamme. Une manière donc de faire oublier un ticket d’entrée plus élevé que certaines concurrentes. En espérant pour Renault que la clientèle ne se limite pas à comparer les prix d’attaque comptant. Un tarif de départ trop élevé peut être risqué.

Le carton de la Spring montre quand même que les acheteurs d’une petite électrique sont très sensibles au tarif, la roumaine se vendant bien mieux qu’une Twingo plus confortable et plus sécurisante. La R5 aura toutefois un atout important : son design coup de coeur. Et un autre exemple du marché prouve que cela peut faire monter les prix, la Fiat 500 électrique, qui se vend très bien alors qu’elle commence à 30.400 € avec 190 km d’autonomie ! Mais Fiat est également malin en proposant des LLD agressives !