Avec sa 500e, le Scorpion effectue une difficile mue vers l’électrique.

Imaginez. Vous êtes une marque automobile célèbre pour vos préparations de moteurs thermiques et vos pots d’échappements sonores. Comment négociez-vous la transition vers l’électrique ? Voici l’épineuse question qui occupe les responsables de la marque Abarth, née en 1949 à Turin et relancée il y a une quinzaine d’années pour devenir la branche sportive de Fiat.

Les données du problème

Commençons par le contexte. Abarth a commercialisé environ 12 000 véhicules dans le monde en 2022, dont une immense majorité de dérivés sportifs et thermiques de la Fiat 500. Dans certains pays, les affaires vont bien : c’est notamment le cas au Japon, où le Scorpion a enregistré plus de 2 500 ventes en douze mois… soit cinq fois plus d’immatriculations que Ford ou Hyundai ! Ailleurs, c’est plus compliqué. Par exemple en France : les productions thermiques de la marque comme feu la 124 Spider ou l’actuelle 695 – fortement émettrices de CO2 – ont subi la hausse progressive du malus. Résultat : une plongée des immatriculations.

La 500e à la rescousse

La première réponse concrète au « problème » de l’électrique pour la marque est l’Abarth 500e, essayée récemment par Automobile Propre. Pour maintenir l’ADN maison, la marque a déjà fait du Abarth côté look. Le Scorpion a donné une allure plus agressive à la Fiat, dans le plus pur esprit de la marque. Voies élargies, bouclier plus anguleux en pinces, nuancier spectaculaire…

À lire aussi Essai – Abarth 500e : un joujou extra ?

Pour les amateurs de sportivité, la marque a soigné les trains roulants et le freinage : l’Abarth 500e bénéficie de 4 freins à disque, là où la Fiat se contente de 2 disques et 2 tambours. Le Scorpion annonce même des chronos inférieurs à la 695 sur son circuit d’essai de Balocco (Italie). Évidemment, nous ne savons rien des conditions du test… Ajoutez à cela le générateur de son, reproduisant l’échappement Record Monza de la marque, histoire de satisfaire les nostalgiques du moteur thermique pétaradant. Seront-ils convaincus ?

À lire aussi Reportage – Abarth 500e : un générateur de bruit de moteur artificiel inutile donc indispensable ?

Risque limité

Le risque est en tout cas limité. Déjà parce que la Fiat 500e fonctionne très bien côté ventes : elle figurait au 7e rang des voitures électriques les plus immatriculées en Europe au premier trimestre. Devant la MG4, la Peugeot e-208 ou la Renault Mégane E-Tech. Logiquement, l’apparition de cette version sportive un peu plus chère (à partir de 36 900 euros hors bonus) permet d’élargir l’offre pour un coût restreint.

Mieux encore pour Abarth : faire croître la puissance d’une voiture électrique requiert moins de travail. Pas besoin ici de faire rentrer au chausse-pied un bloc plus costaud ou de renforcer les périphériques (turbo…). Ici, en se parant du Scorpion, la 500e conserve le même moteur synchrone à aimants permanents que la Fiat. Celui-ci subit de menues modifications pour gagner 36 chevaux tandis que le ratio du réducteur a été modifié en conséquence.

Une Abarth 600 en vue

À la cinquecento devrait prochainement s’ajouter un second véhicule électrique. La maison mère, Fiat, va présenter début juillet un SUV-B inédit. Dérivé de la plateforme mixte (thermique/électrique) du récent Jeep Avenger, le 600 – c’est son nom probable – devrait s’intercaler entre le pot de yaourt et la 500X thermique qui poursuivra quelque temps sa carrière. Format attendu : autour de 4,10 m. Logiquement, le Scorpion devrait présenter en 2024 une Abarth 600 au look déluré et aux coloris acidulés. Reste à savoir si la clientèle existe pour cette version « sport » de véhicules électriques.

Toujours du thermique…

L’arrivée de la 500e ne signifie pas qu’Abarth abandonne le moteur thermique. Chez nous, la 695 dérivée de l’ancienne 500 essence poursuivra encore quelque temps sa commercialisation. Ailleurs, la griffe développe encore de nouveaux modèles. C’est notamment le cas au Brésil, où la marque espère faire son trou en bénéficiant de la première place historique de Fiat. Le Scorpion vient de lancer une version sportive du petit SUV Pulse (4,10 m), doté d’un « treize cent » turbo de 185 ch.