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Sur un territoire 2,5 fois plus grand que la France, le Québec ne compte qu’environ 8,215 millions d’habitant, contre plus de 66 millions chez nous. Ce qui n’empêche pas le gouvernement outre-Atlantique de mettre sur la table 420 millions de dollars canadiens (283 millions d’euros au cours du 14 octobre 2015) pour développer l’ambitieux programme « Propulser le Québec par l’électricité » en faveur des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Les Fonds verts, dont les revenus sont principalement issus du marché du carbone, alimenteront le budget à hauteur de 60%.

4 objectifs principaux

Globalement, ce nouveau plan d’action en électrification des transports, qui prolonge celui initié en 2011 par le Premier ministre d’alors, Jean Charest, vise 4 objectifs stratégiques principaux à horizon 2020 :

  1. augmenter le nombre de véhicules électriques en circulation sur le territoire québécois,
  2. lutter contre les changements climatiques en jouant en particulier sur les émissions de gaz à effet de serre,
  3. améliorer la balance commerciale pour la réduction de la dépendance énergétique au pétrole,
  4. contribuer au développement économique de la province canadienne en s’appuyant sur une filière d’avenir et en exploitant les sources d’énergie vertes disponibles, notamment l’hydroélectricité.

100.000 véhicules électriques en 2020

« Concrètement, nous voulons, avec ce plan d’action, atteindre d’ici 2020 le nombre de 100.000 véhicules électriques et hybrides rechargeables immatriculés au Québec, et réduire de 150.000 tonnes les émissions de GES liées au transport et de 66 millions le nombre de litres de carburant consommés annuellement au Québec. Nous entendons aussi générer 5.000 emplois et des investissements de 500 millions de dollars [NDLR : environ 337 millions d’euros, au cours du 14 octobre 2015]. Avec ce plan concret, nous voulons créer un environnement favorable à la réalisation de ces objectifs ambitieux et propices à propulser le Québec dans l’avenir par l’électricité », a chiffré Robert Poëti, ministre des Transports, lors de la présentation du programme « Propulser le Québec par l’électricité », vendredi 9 octobre dernier. Les 35 mesures proposées par le gouvernement québécois s’articulent selon 3 axes : Favoriser les transports électriques, Développer la filière industrielle, et Créer un environnement favorable.

Favoriser les transports électriques

Pour favoriser les transports électriques, le Québec provisionne 310,3 millions de dollars canadiens, soit l’équivalent de 209 millions d’euros environ, sur 3 postes. Le premier concerne « l’élargissement de l’offre de transport collectif électrique ». Aux grands projets en mobilité par le rail, tels le prolongement du réseau de métro de Montréal et la mise en service de la ligne du Trains de l’Ouest, s’ajoutent l’acquisition de bus scolaires électriques et le soutien à la réalisation de projets pilotes pour l’électrification des taxis. Le transport des marchandises, qu’il soit aérien, maritime, ferroviaire, par la route, éventuellement multimodal, est ciblé par le deuxième poste, constitué pour « développer des solutions novatrices ».

Enfin, et c’est un des efforts clés pour réussir le déploiement de l’électromobilité, « encourager l’utilisation des véhicules légers électriques ». En attendant de trouver sur les routes du territoire concerné les 100.000 voitures branchées prévues, Hydro-Québec va devoir intensifier son « Circuit électrique ». Première date buttoir, le 31 décembre 2016, avec 785 bornes mises en service, dont 60 rapides à implanter « le long des principaux axes routiers ». Les bâtiments, aussi bien à usage d’habitation que de bureaux, seront de plus en plus exploités pour permettre de faire le plein des batteries de traction. « Roulez électrique » et « Branché au travail » : les noms évocateurs de ces 2 programmes expriment parfaitement leur rôle respectif, en parfaite adéquation avec le dispositif québécois.

Haro sur l’essence !

Sans oublier que nous sommes de l’autre côté de l’Atlantique, où le gazole a été marginalisé, on peut apprécier la formulation choisie pour présenter ce premier axe qui regroupe onze mesures : « Inciter les citoyens et les entreprises à considérer, pour leurs déplacements, d’autres solutions que le véhicule à essence et notamment à privilégier les véhicules électriques ». Ce sont jusqu’à 8.000 dollars canadiens (environ 5.375 euros, au cours du 14 octobre 2015) qui sont attribués pour s’équiper d’un VE neuf. L’offre n’est pas assez diversifiée ? Qu’à cela ne tienne, le gouvernement compte s’engager, avec les partenaires concernés, vers un élargissement des modèles proposés qui devront satisfaire à la norme VZE (véhicule à zéro émission) mise en place prochainement !

Développer la filière industrielle

« Accroître le potentiel de recherche dans une filière technologique en émergence et développer une industrie manufacturière du transport électrique novatrice et compétitive sur les marchés mondiaux ». Par ces quelques mots, le gouvernement québécois introduit l’axe qui vise à dynamiser l’industrie de son vaste territoire. Il s’agit de prendre le problème à la source, notamment en renforçant la recherche collaborative entre les entreprises et les universités, et en proposant de solides formations adéquates. Un creuset qui va, à la fois permettre de placer le Québec comme producteur de solutions d’avenir, et de disposer d’une main d’œuvre hautement qualifiée. A la clé : 5.000 emplois, rien que dans le secteur industriel. Pour réussir son pari, le gouvernement mise sur quelques atouts dont bénéficie la province, en particulier la disponibilité des matières rares (lithium, cobalt, graphite, etc.) utilisées dans la fabrication des batteries, l’écart parmi les plus compétitifs en Amérique du Nord entre le prix de l’électricité et celui de l’essence, et une énergie propre à 99,5% obtenue principalement des filières de l’hydroélectricité, de l’éolien et de la biomasse.

Créer un environnement favorable

Comment créer un environnement favorable sans montrer l’exemple ? Pas vraiment souhaitable ! Aussi les dirigeants du Québec sont-ils bien conscients des différents tableaux sur lesquels ils doivent jouer pour réussir le pari de la mobilité électrique. Ainsi, l’équivalent de 10 millions d’Euros va être consacré à électrifier le parc automobile gouvernemental. Une mesure qui s’associe à l’implantation de bornes publiques dans ses propres bâtiments. D’autres actions encourageantes sont au programme : accès des véhicules électriques aux voies déjà ouvertes au covoiturage, places de stationnement réservées à la recharge, modification du code de la sécurité routière pour permettre aux engins à basse vitesse de circuler sur les chemins publics.

Un modèle à haut rayon d’action

Est-il utile de dire que le programme « Propulser le Québec par l’électricité » est de ceux qui contribuent à assurer une cohérence mondiale à l’idée de déploiement de la mobilité électrique ? Certes, le Québec, c’est loin, de l’autre côté de l’Atlantique, et sa population semble si petite par rapport aux grands pays. Et la Norvège ? Avec encore moins d’habitants, on l’a souvent présentée comme le pays qui entraîne l’Europe dans sa conversion branchée. Le Québec est actif depuis déjà nombre d’années dans le domaine de la mobilité électrique, n’hésitant pas à s’inspirer de ce qui se passe 4.000 kilomètres plus bas, en Californie. Son fameux « Circuit électrique », qui compte presque 500 des 750 bornes de recharge disponibles dans l’espace public, est soutenu par une centaine de partenaires privés et institutionnels. En pleine expansion, son réseau va plus que doubler ses effectifs avec les 785 unités prévues dans le cadre du programme. Les 100.000 engins rechargeables espérés en 2020 se traduisent en 800.000 pour une population comme la nôtre. A méditer !

En savoir plus :
Portrait de l’électrification des transports au Québec
Sommaire du plan d’action
Synthèse du plan d’action

Source : Ministère des Transports du Québec