Le Parlement Européen vient de voter les règles de la norme Euro 7, bien moins sévère que prévu. Les écologistes dénoncent une victoire du lobby automobile.

Nouvelle étape pour l’Euro 7. Quelques semaines après la Commission, c’est le Parlement européen qui vient de voter les règles de la prochaine grande norme sur la pollution des véhicules, avec 329 voix pour, 230 contre et 41 abstentions.

Qu’est-ce qui va changer avec cette norme ? Et bien pas grand chose, du moins pour les automobilistes. Alors que le tout premier projet prévoyait un bon tour de vis des limites à ne pas dépasser, rien ne change vraiment sur ce point. Euro 7 prévoit juste de généraliser les seuils les plus bas d’Euro 6.

Par exemple, la limite d’oxydes d’azote (NOx) pour les diesels va être abaissée à 60 milligrammes par kilomètre (mg/km), comme c’est déjà le cas pour les moteurs à essence. Ce quasi statu-quo fait dire à des élus écolos, comme l’eurodéputé Karima Delli, que c’est une victoire de l’industrie automobile au détriment de la santé des Européens.

Dans un communiqué, Karima Delli a écrit : “pendant 7 années, le texte a été vidé par le lobby de l’automobile et certains États membres”. Et pas des moindres, puisque la France et l’Allemagne ont pesé lourd dans la décision d’assouplir grandement Euro 7. Bruno Le Maire, notre ministre de l’Economie, avait ainsi relayé un des arguments des constructeurs : des contraintes supplémentaires allaient imposer aux marques des investissements sur le thermique alors que l’Europe a déjà acté la fin de la vente des modèles essences et diesel en 2035.

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Beaucoup de constructeurs ont estimé que l’Euro 7 était inutile et coûteuse, alors qu’ils doivent dans le même temps dépenser des sommes colossales pour électrifier leur gamme. Mais les élus favorables à une Euro 7 sévère soulignent que la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035 ne signifie pas la fin des véhicules thermiques sur les routes européennes, et que des dizaines de millions de modèles essence et diesel vont encore être vendus et rester en circulation bien après 2035. D’autant que les marques ont aussi obtenu un sacré délai (bien aidé par la crise sanitaire puis économique). Initialement envisagée pour 2025, Euro 7 n’entrera en vigueur qu’en 2030 pour les voitures.

Pour le rapporteur du texte, le tchèque Alexandr Vondra : “Nous avons réussi à trouver un équilibre entre les objectifs environnementaux et les intérêts vitaux des fabricants. Il serait contre-productif de mettre en œuvre des politiques environnementales qui nuisent à la fois à l’industrie européenne et à ses citoyens. Avec ce compromis, nous servons les intérêts de toutes les parties impliquées et nous évitons des positions extrêmes.”

Si les règles pour les polluants déjà surveillés ne vont pas beaucoup changer pour les moteurs, il va quand même y avoir du nouveau à côté. La norme Euro 7 va encadrer les émissions des pneus et des freins. De plus, la durabilité des batteries sera regardée. Autant d’éléments qui font que les modèles électriques seront moins épargnés.

La prochaine étape est maintenant la négociation avec chaque gouvernement des pays de l’UE.