Attendue à l’horizon 2025, la norme Euro 7 devrait donner du fil à retordre aux constructeurs, signant la fin de l’ère de l’essence et du diesel pour certains modèles. Une réglementation qui s’annonce comme un nouveau tremplin pour la voiture électrique. 

Pour vendre leurs véhicules en Europe, les constructeurs doivent se conformer depuis près de 30 ans à la norme antipollution « Euro » qui impose des limites pour différents types de polluants : NOx (oxydes d’azote), mais aussi monoxyde de carbone (CO), hydrocarbures et particules fines (PM10, PM2.5, etc.).

Si vous n’êtes pas familier avec les règlements en cours, la première a débarqué en 1991. Nous sommes actuellement à la norme Euro6d, la troisième version de la norme Euro 6, qui est arrivée en 2014.

Un avant-goût des règles

La future norme Euro 7 va logiquement diminuer les niveaux tolérés pour chaque polluant. Pour le moment, rien n’est voté par l’UE. Les discussions ont démarré ce printemps. Ce n’est qu’au premier trimestre 2021 que l’UE devra statuer et voter, pour une application autour de 2025.

Or, le média Bild a partagé une étude interne qui détaille les bases de la Norme Euro 7. Selon les données communiquées, les limites envisagées seraient de 30 mg/km en NOx (Euro6 : 60 en essence et 80 en diesel) et 100 à 300 mg/km en CO (vs 500 et 1000).

Aussi, c’est le cycle d’homologation qui devrait se compliquer. Hors laboratoire, le cycle RDE (Real Drive Emissions) devra être vérifié entre des températures de -10 °C à 40 °C avec des altitudes jusqu’à 2 000 mètres. Autre nouveauté, chaque véhicule doit pouvoir tenir ces chiffres 15 ans ou 240 000 kilomètres, accessoires compris.

Autre mauvaise nouvelle pour les constructeurs : d’autres polluants pourraient compléter les normes, dont l’ammoniac (NH3). Moins largement, on trouve aussi les particules ultra-fines (PM<0.1), le protoxyde d’azote (N2O) et même les particules émises par les freins.

Normes Euro antipollution

Les normes antipollution Euro (source SMMT)

 

Le VDA conteste déjà

Si la norme Euro 7 ne doit apparaître qu’en 2025, les constructeurs redoutent déjà énormément sa mise en application, car c’est une nouvelle montagne à franchir pour le développement des nouveaux moteurs.

Selon l’association des constructeurs allemands VDA (équivalent du CCFA en France), il s’agit d’une menace pour l’industrie automobile. Son président, Hildegard Müller clame même au Bild qu’elle sonne comme une « interdiction des moteurs à combustion à partir de 2025 » et que respecter les limitations en cycle RDE « est techniquement impossible ». Il souligne en parallèle que « le problème n’est pas le moteur thermique, mais le carburant ».

Si l’échéance semble lointaine, le travail est déjà avancé chez de nombreux constructeurs. Chez Renault, les ingénieurs sont déjà au travail et nous ont confié que la nouvelle génération de bloc essence devrait respecter la norme Euro 7.

Pour le client, l’arrivée de cette nouvelle norme est la promesse d’une consommation moyenne inférieure. Des économies pour le porte-monnaie, mais aussi pour la santé puisque ces nouveaux véhicules émettront moins de substances nocives pour la santé, et ce sur l’ensemble de la durée de vie du véhicule.

Électrification massive

Incapables de se plier aux exigeantes règles, de nombreuses voitures thermiques pourraient disparaître du catalogue des constructeurs. D’ores et déjà, certains ont anticipé  en abandonnant le diesel. Compte tenu de la complexité de ces systèmes et des coûts d’investissement, les moteurs vont se raréfier pour intégrer davantage de modèles et de marques différentes.

L’électrification s’impose comme un autre passage obligatoire. Pour certains modèles, les hybridations légères ne suffiront peut-être plus. Il faudra soit passer à l’hybride rechargeable, permettant de diviser par 3 ou 4 ses émissions théoriques, ou adopter le 100 % électrique.

Une contrainte parmi d’autres

Pour les constructeurs, l’arrivée de cette norme s’ajoute à celle déjà en cours concernant la baisse des émissions de CO2. On peut y ajouter les mesures nationales mises en place par le gouvernement, à l’instar du malus écologique en France, et les zones de restriction de circulation qui se multiplient partout en Europe.

L’arrivée de la norme Euro 7 devrait ainsi servir de nouveau tremplin à la voiture électrique. En 2030, elle pourrait même devenir majoritaire en Europe. Là encore, certains pays mettent une pression supplémentaire aux constructeurs en annonçant la fin des voitures thermiques. Ce sera le cas dès 2025 en Norvège et à compter de 2030 au Royaume-Uni.