Jeune fille de dos contemplant la mer sur une belle plage déserte de sable blanc

(Photo : Riccardo – Pexels)

La voiture électrique, rien de mieux pour les roadtrips estivaux, selon de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux.

“Vous allez voir quand il va falloir s’arrêter toutes les heures, attendre 3 heures pour charger, et faire Paris – Côte d’Azur en 15 heures cet été, ça va moins rigoler”.

Bon alors en fait, je crois que nous avons une assez mauvaise nouvelle à destination des oiseaux de malheur : dans l’ensemble ça s’est plutôt bien passé. Nous ne nous étendrons pas sur notre expérience personnelle (3000 km de Lyon aux Landes en passant par la Belgique, la Normandie et la Vendée) qui fut absolument sans accroc et dans les temps de passage d’une thermique, fatigue en moins. Et pour 3 fois moins cher côté énergie.

Mais en observant les compte-rendus tous très enthousiastes – même pour les nouveaux adoptants – publiés sur les réseaux sociaux, d’électromobilistes ayant limé le bitume pendant cette période estivale, on comprend très vite que le voyage a plutôt ressemblé à une partie de plaisir qu’au cauchemar annoncé par les Cassandre habituels. Il y a d’ailleurs une caractéristique assez commune à tous ces témoignages : les vacances en électrique sont souvent de longs roadtrips en France ou en Europe.

Il faut dire que les conditions étaient réunies pour que tout se passe dans les meilleures conditions.

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Des infrastructures toujours plus performantes

C’est d’abord du côté des infrastructures de recharge que l’évolution est la plus frappante. Nous avons déjà eu l’occasion de le dire ici à plusieurs reprises, le réseau de points de charge haut débit en France est désormais l’un des plus développés et performants d’Europe. En valeur absolue, c’est même le deuxième derrière celui des Pays-Bas et devant l’Allemagne. Avec plus de 110 000 points de charge (un chiffre qui a doublé en un an), dont une grande partie sur les axes principaux, et pratiquement toutes les aires de service autoroutières équipées, voyager en électrique ne devrait même plus être une question. J’en veux d’ailleurs pour preuve le retour d’expérience d’un ami qui s’est rendu avec ses deux enfants du Bassin d’Arcachon, où il réside, jusqu’à Spa-Francorchamps, pour assister au Grand Prix de F1 fin juillet en plein rush estival en Tesla Model 3. Soit une petite trotte de 2500 km aller-retour. Quand je lui ai posé la question de la recharge, la question fut très révélatrice : “Je ne m’en suis tellement pas soucié que je n’ai même pas utilisé le planificateur, je m’arrêtais pour recharger quand il n’y avait plus de jus exactement comme on prend de l’essence avec une thermique”. Certes cette fluidité est largement favorisée par le réseau de recharge Tesla, mais il a aussi rechargé sur d’autres bornes, sans aucun problème.

D’autres indiquent qu’ils avaient souvent la bonne surprise de trouver une borne de recharge libre, généralement de 11 ou 22 kW, sur le parking municipal d’un lieu qu’ils avaient prévu de visiter. De quoi récupérer entre 100 et 200 km le temps d’un stop pique-nique et visite touristique d’une heure et demie. Ça passe vite une heure et demie quand on est en mode découverte. Très vite. Et si c’est sur une borne à haut débit (entre 50 et 250 kW), c’est le plein assuré et la sérénité de repartir avec plusieurs centaines de kilomètres d’autonomie devant soi, selon la voiture et le niveau de charge.

Pour le reste, les cadors du secteur assuraient justement la charge rapide, qu’ils s’appellent Ionity, Fastned, Electra, Power Dot, Bump, Tesla (dont plus de deux Superchargeurs sur trois sont désormais ouverts aux autres marques), ou autre. Seule ombre au tableau, TotalEnergies dont la fiabilité du réseau semble toujours aussi catastrophique, si l’on en croit l’immense majorité des témoignages.

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Des électromobilistes de mieux en mieux informés

Même si une partie des électromobilistes effectuaient probablement leur première grande migration cet été, une bonne connaissance du sujet et de ses spécificités aura probablement aidé à ce que l’expérience soit la plus fluide possible. Du côté de celles et ceux qui roulent déjà en électrique depuis longtemps, l’expérience parle désormais, et rares sont les déboires et les mauvaises surprises dans ce cas de figure. Quand on a déjà quelques milliers de kilomètres électriques au compteur, on sait comment cela fonctionne, les bonnes pratiques, les bons réflexes à adopter et les pièges à éviter (si toutefois il y en a encore). En ce qui concerne les nouveaux arrivants, un effort pour se documenter et à s’habituer à l’usage du planificateur avant de partir la fleur au fusil a certainement aidé à éviter les mauvais plans. Au final il n’y a guère plus que quelques journalistes de grands médias généralistes qui galèrent au volant de voitures électriques. C’est rigolo et cela fournit une occasion pour les autres de sortir le proverbial pop-corn.

Une météo idéale

Le climat tempéré, voire maussade, qui a régné sur une grande partie du pays de début juillet à mi-août, hormis quelques canicules à durée limitée et circonscrites à quelques régions, a peut-être également été favorable aux grands trajets électriques. On sait que les températures idéales de fonctionnement des batteries pour une autonomie optimale se situent entre 20 et 25 degrés, ce qui fut le cas sur de nombreuses régions touristiques, notamment dans l’ouest, du littoral Basque à la Bretagne.

Toutes les conditions semblent donc avoir été réunies pour favoriser les trajets en électrique et voir les témoignages très enthousiastes se multiplier sur la toile. Voici pour finir un florilège de ce que nous avons pu recueillir ici et là au fil de nos observations.

Sur X (anciennement Twitter)

Je vous invite à lire le fil de commentaire de ce post (que je ne peux reproduire ici en raison du système d’intégration de X), contenant de nombreux autres témoignages d’expériences très positives, et aussi quelques réfractaires, aux arguments toujours aussi… amusants.

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Cet autre témoignage en réponse à un post sidérant de bêtise et d’ignorance

Et un petit voyage en Norvège

Encore 3000 km en électrique

Sur Linkedin

Fin de partie pour les détracteurs de l’électrique

Que faut-il en conclure ? Que la question des grandes migrations en électrique est en train de se régler, et que les longs trajets ne sont plus un problème dans la grande majorité des cas. Bien sûr tout n’est pas encore idéal, et il reste de nombreux points à améliorer, au rang desquels la fiabilité et la disponibilité des bornes, et aussi l’éducation et le civisme des utilisateurs, et des automobilistes en général.

Mais le sujet est en train de se banaliser, et vous devriez voir de moins en moins d’articles sur les difficultés des voyages en électrique. Les médias mainstream et les spécialistes du EV-bashing devront trouver d’autres os à ronger.

Ça nous fera des vacances.

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