Le patron de Stellantis a fait part de son inquiétude quant aux représailles possibles suite aux politiques protectionnistes menées par les États-Unis et la Chine. Comme les dirigeants de BMW et Mercedes, il pense que l’augmentation des taxes sur les voitures électriques chinoises est un piège. Plutôt que de se battre contre les marques de l’empire du Milieu, il souhaite faire partie de l’offensive chinoise.

Faut-il taxer les voitures électriques chinoises ?

L’industrie automobile chinoise est en plein essor. Comme jamais auparavant, le pays a trouvé la recette pour produire des voitures de qualité à des prix défiant toute concurrence. Avec l’électrique, Pékin entend prendre sa revanche sur ce marché qu’il n’a jamais su dominer. Mais les pays occidentaux ne comptent pas se laisser faire. L’administration Biden a annoncé l’augmentation de droits de douane sur les voitures électriques chinoises.

Aux États-Unis, les véhicules fabriqués sur le sol chinois seront désormais taxés à hauteur de 100 % (contre 25 %). L’Union européenne compte également augmenter les droits de douane en vigueur sur les voitures électriques chinoises. Ursula von der Leyen a toutefois déclaré qu’ils « correspondront au niveau du préjudice ». Autrement dit, la présidente de la Commission souhaite une taxation ciblée. Une décision est attendue le 5 juin.

Mais les constructeurs automobiles sont inquiets quant aux mesures prises par les gouvernements occidentaux. BMW, Mercedes et maintenant Stellantis, ont fait part de leur désapprobation. Si cette politique semble partir d’un bon sentiment, à savoir protéger les fabricants automobiles historiques, les représailles pourraient faire très mal. En effet, Pékin envisage à son tour de fermer son marché aux marques qui ne produisent pas en Chine.

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Carlos Tavares a mis en garde les institutions contre les « conséquences significatives pour l’emploi et la production » qui résulteraient de l’augmentation des droits de douane. Dans une interview accordée à Reuters, le patron de Stellantis a déclaré que les droits de douane sur les voitures électriques chinoises importées en Europe et aux États-Unis constituaient « un piège majeur pour les pays qui s’engagent dans cette voie ».

Carlos Tavares pense savoir comment faire face à la Chine

Selon lui, de telles mesures ne permettront pas aux constructeurs automobiles occidentaux de relever le défi posé par les fabricants chinois à bas prix. Il précise que les droits de douane ne feront « qu’alimenter l’inflation dans les régions où ils sont imposés », ce qui pourrait avoir « un impact sur les ventes et la production ». Avant d’ajouter que « nous ne parlons pas d’une période darwinienne, nous y sommes ».

Présent lors de la conférence Reuters Events Automotive Europe à Munich, il a ajouté que la bataille des prix avec les rivaux asiatiques serait « très dure ». Il estime que si la part des équipementiers chinois augmente, il est « évident que nous allons créer une surcapacité », à moins que les constructeurs historiques ne « luttent contre cette concurrence ». Voilà la voie que compte emprunter Stellantis lors des prochaines années.

Plutôt que d’adopter une posture défensive face à l’afflux de voitures électriques chinoises sur le sol européen, Carlos Tavares souhaite essayer de « devenir chinois ». « Nous voulons faire partie de l’offensive chinoise », explique le patron du géant italo-franco-américain. Il a indiqué que Stellantis mène actuellement des « discussions très enrichissantes » avec les syndicats de ses sites européens à ce sujet.

« La plupart du temps, ils sont d’accord avec nous sur le risque auquel nous sommes confrontés et sur la manière dont nous devons traverser cette période ». Stellantis a récemment dit qu’il allait commencer à distribuer les voitures électriques de son partenaire chinois, Leapmotor. En commençant par l’Europe, dès le mois de septembre 2024. La petite T03 sera notamment distribuée en France aux alentours des 20 000 euros.

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Il s’agit de la première co-entreprise entre un constructeur automobile occidental et chinois, créée pour vendre et produire des voitures en dehors de la Chine. La stratégie de Carlos Tavares est donc plutôt claire. Il n’y aura pas de combat frontal avec la Chine, mais plutôt des alliances pour tenter de profiter de la situation et éviter des représailles sur le marché chinois.