Lors des canicules estivales, l’autonomie des voitures électriques est faiblement impactée. Mais des précautions sont à prendre.
Il est admis qu’une batterie de véhicule électrique présente des performances moindres en hiver. Le froid a une incidence directe sur la capacité de la batterie, mais aussi sur les consommations : le chauffage évidemment, mais bien d’autres paramètres font augmenter l’appétit, et réduisent donc l’autonomie. Pour autant, cela ne veut pas dire que la chaleur de l’été soit favorable aux chaînes de traction électrique. C’est en tout cas ce qu’estime Recurent, qui vient de publier un rapport d’étude à ce sujet.
Comme toutes les machines et moteurs utilisés sur la planète, une voiture électrique doit se situer dans une fourchette de température idéale de fonctionnement. Et c’est plus précisément le cas pour sa chaîne de traction composée, entre autres organes, d’une batterie et d’une machine électrique. En hiver, les composants et l’électrolyte des batteries sont engourdis. Les réactions chimiques ne se font pas aussi rapidement qu’elles ne le devraient, ce qui dégrade l’efficacité de l’ensemble.
À lire aussi Essai – Renault Megane e-Tech EV60 : quelle différence de consommation entre été et hiver ?En été, le problème est davantage technique : au delà d’une certaine température, les composants ne peuvent plus fonctionner au maximum de leur capacité. Si le refroidissement n’est pas optimal, les performances sont ainsi bridées. C’est ce qu’il se passe par exemple avec votre smartphone : dépourvu de ventilateur d’extraction, l’appareil doit réduire les sollicitations pour éviter l’insolation.
L’autonomie ne fond pas sous le soleil
Hormis dans le cadre d’une recharge rapide en courant continu, on va y revenir, une batterie parvient généralement à maintenir ses températures, qui se situent en moyenne entre 20 et 30 °C. Et ce même si le mercure est plus faible ou plus élevé. C’est la mission du dispositif de régulation thermique, piloté par le système de gestion de la batterie (BMS en anglais). En hiver, il force le réchauffement par effet Joule de la batterie en déroutant le circuit. En été, il utilise le liquide caloporteur pour refroidir les cellules afin de garantir les performances, le rendement, mais aussi éviter l’emballement thermique de la pile. Ce système est dit actif, et diffère du système passif (avec une batterie refroidie par air) qui disparaissent petit à petit du marché.
En roulant (en phase de décharge), les différences en matière de performances et de rendement sont imperceptibles pour un conducteur en France en raison de nos températures. Même si les performances de refroidissement diffèrent d’une voiture à l’autre, la batterie ne sera jamais en surchauffe dans des conditions normales d’utilisation, même sur autoroute. Seul un coup de mou pourrait être observable en sollicitant régulièrement des ampères, comme sur un col de montagne ou avec des reprises multiples. Mais c’est rare.
À lire aussi Autonomie : en été, vitres ouvertes ou climatisation ?Au final, c’est avec des températures chaudes (en tout cas celles que nous avons chez nous) que la voiture électrique présente ses meilleures consommations. Il n’y a donc que l’intensité du système de refroidissement et l’utilisation de la climatisation qui auront un impact sur l’autonomie. Mais on a déjà vu avec précision que cette dernière peut consommer 1 kWh par heure de fonctionnement au départ, et encore moins une fois l’habitacle à bonne température. Elle n’a donc pas d’impact significatif sur l’autonomie, comme l’affirme Recurent.
C’est avec les recharges rapides que ça chauffe le plus
S’il n’existe pas ou peu de différences en roulant, contrairement aux idées reçues, les choses diffèrent nettement au moment de la recharge. Car si la température extérieure n’a pas de véritable signification en hiver (la température de la batterie est toujours plus chaude), ce n’est pas le cas en été. Celle-ci fonctionne généralement dans la fourchette haute des températures définies par le fabricant. Et plus la température de départ est élevée, plus elle atteindra son pic acceptable pendant la recharge. En général, il est admis que les batteries commencent à se dégrader au delà de 50 °C.
A ce moment, pour éviter les pépins, le BMS réduira la puissance de recharge, voire la coupera. Mais là encore, les inquiétudes sont vaines : les systèmes électroniques sont parfaitement calibrés pour une utilisation dans des situations extrêmes, qui n’existent pas chez nous malgré des pics à près de 40 °C (un record absolu de 46 °C). Surtout, les voitures les plus sophistiquées, et donc les plus à même d’encaisser des fortes puissances de recharge faisant grimper en flèche la température, disposent dans certains cas d’un circuit de refroidissement partagé avec celui de la climatisation.
À lire aussi Climatisation : à combien d’autonomie doit-on renoncer en été ?Reste que plus les batteries font le plein en courant continu (sur les bornes de recharge rapide donc), plus elles prennent des coups de chaud. Et plus elles prennent des coups de chaud, plus leur longévité est compromise avec des pertes de capacité prématurées. Là encore, le BMS veille au grain, mais ces phénomènes ne sont pas sans conséquences.
Le véritable problème peut donc parvenir des bornes de recharge : installées pour la plupart en plein soleil, le caisson en métal et les pièces sont déjà bien chauds. Ce qui signifie que leur puissance de recharge, et donc leur performance, sera aussi réduite pour ne pas faire sauter les composants. Les stations qui profitent d’un auvent de protection ont donc un avantage sur ce point, que ce soit par beau temps en été ou en cas d’intempéries.
Voiture électrique et canicule : comment faire ?
Les électriques et les fortes chaleurs ne sont pas du tout incompatibles. Pilotés par l’électronique, les systèmes de refroidissement veillent au grain. En tout état de cause, il est parfaitement inutile de se prendre la tête avec toutes ces considérations techniques : exposées très rarement à des températures supérieures à 40 °C de notre côté du globe, les voitures électriques n’ont pas le temps de souffrir. En dessous, elles sont étudiées pour fonctionner parfaitement. Voilà qui interroge fortement sur la baisse d’autonomie de 31 % par 37 °C, comme annoncée par le cabinet d’étude précédemment cité. Dans ce cas, cela signifie que la consommation serait plus importante de l’ordre de 45 %. Ce qui est tout de même peu probable à nos yeux.
Il y a donc moins de précautions à prendre qu’en hiver pour profiter pleinement de son auto électrique. Tout juste pourrions nous vous conseiller pour des questions de confort, de vous garer à l’ombre et d’ouvrir les fenêtres lors des premières minutes d’utilisation avant de lancer la climatisation. Cette dernière consommera moins (même si elle ne causera pas de galères le cas contraire), et cela sera plus agréable pour les occupants.
En matière de recharge rapide, privilégiez les stations couvertes de plus en plus nombreuses. Cela sera plus confortable pour tout le monde, les bornes seront moins chaudes et le refroidissement de la voiture sans doute amélioré.
Il fait 35 °C et vous avez besoin d’effectuer une recharge rapide lors d’un voyage ? Faites confiance à la voiture. Cependant, évitez de faire un plein en courant continu en arrivant à destination, contrairement à ce qui est préférable de faire en hiver : cela évitera de mettre une fois de plus en contrainte thermique la batterie, chauffée par le trajet.
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Pour avoir traversé la france en Nissan Leaf e+ pendant la canicule, j’ai vite déchanté. Chauffe de la batterie lors de la première recharge rapide, conduisant à un bridage à 20kwh lors de toute les suivantes… grosse galère :/
Au delà de 40 degrés, la batterie accélère son vieillissement, il semble y avoir un consensus autour de ce point. La gestion BMS manage pour tenir le maxi 50 degré. Quand il fait plus de 25 deg dehors , et simplement sur une recharge privée à 7,3 kwh , la batterie atteint les 50 deg en 2 h 30 et enclenche la ventilation du circuit de refroidissement (sur MG4 ). Donc retenir qu’il faut charger très lentement l’été à domicile, à 3,2 kWh, ce qui limite la hausse de température de la batterie à une douzaine de deg.
Il me semble utile de rappeler ce qu’est EXACTEMENT une canicule. Ce n’est pas seulement une température très élevée dans la journée mais, surtout, le fait que la température ne descende pas la nuit sous les 20°C pendant au moins 3 jours consécutifs.
N’hésitez pas à faire vos recharges à destination le soir, à la fraîche.
Bonjour Automobile Propre,
Chouette article, mais vous oubliez quand même un élément central. Le vieillissement des batteries à deux composantes: l’une sur le cyclage (dû à l’utilisation) et l’autre calendaire (l’action du temps qui passe lorsque le véhicule est garé). Les deux aspects sont tout aussi importants l’un que l’autre d’ailleurs.
Sur le 1er (cyclage), effectivement la chaleur n’a pas d’impact majeur, comme vous l’indiquez dans votre article. Par contre sur l’aspect calendaire, c’est le critère le plus impactant !
Concrètement, cela signifie qu’une voiture systématiquement garée à Lille dans un garage, un parking souterrain ou sous un abri ombragé verra sa batterie vieillir plus lentement qu’une voiture garée systématiquement en plein soleil à Avignon.
Je pense que c’est quelque chose d’important à communiquer, même si on a pas toujours le choix d’agir sur ce paramètre.
Quelle canicule ?
le principal problème est le manque d’info : si on trouve à peu près quelques infos sur le type de refroidissement d’un VE, ce n’est en général pas grâce au constructeur, et il est rare de pouvoir évaluer l’efficacité de ce système…
En attendant, je surveille la température de ma batterie à l’aide d’un dongle OBD, et d’une appli comme CarScanner…
Pour les charges rapides, ce qui dégrade le plus, c’est pas la chaleur… Mais le froid !
En effet, quand la batterie est froide mais qu’elle subit un gros courant de charge, il y a le phénomène de « Lithium plating » qui se créer et de là, la batterie meurt rapidement.
C’est pour ça d’ailleurs que la recharge est fortement bridée quand la batterie est froide. Car elle est capable de prendre plus mais ça serait au prix d’une forte dégradation.
Pour la chaleur, c’est différent.
Le bridage à 50°C, c’est surtout pour éviter une « vaporisation du lithium » avec derrière le risque que ça explose.
Puis c’est dès 40°C que la batterie se dégrade rapidement… Mais c’est sur du calendaire, pas du cyclique, voilà la nuance.
40°C constant pendant 6 mois, ça flingue la batterie.
50°C pendant 15 min de charge limité à 80%… Ne vous inquiétez pas, la batterie n’a rien.
Sinon toutes les Tesla seraient en panne à l’heure actuelle.
Je ne comprends pas bien ce que signifient les températures mentionnées dans l’article : le record français de 46° est la température à l’ombre sous abri. Or la voiture ne peut être toujours à l’ombre en charge, et les bornes comme le véhicule ne sont pas à 35 ou 40, ils sont alors à une température de l’air supérieure d’environ dix degrés, et que dire de la température du bitume, bien sombre donc bien brûlant, où prend place la voiture en charge…
Dit autrement, je vous suis totalement sur les températures à l’ombre, mais je ne sais pas ce qu’il en est de la résistance des batteries dans des températures sur sol surchauffé ou/et véhicule en plein soleil.
Et d’après vos conclusions, la voiture électrique la plus fiable contre la chaleur à la recharge ne sera, j’imagine, pas dans les moins chères, cela ne va pas arranger le surcoût d’investissement réclamé à l’acheteur. Et alors qu’un véhicule thermique fera toujours le plein et à vitesse constante quelle que soit la température, l’électromobiliste doit quand même s’attendre à des recharges plus difficiles en fonction du nombre de températures très élevées par saison. On progresse pour le combler, mais le différentiel persiste.
Dommage car je confirme en revanche : à plus de 25°, l’autonomie est optimale et la climatisation peu gourmande. De quoi se consoler face aux fortes chaleurs par rapport à la surconsommation d’une thermique en clim. Mais comme rien n’est parfait, il reste quand même que rouler par forte chaleur sur le bitume n’arrange pas les pneus, qui sont une dépense proportionnellement forte dans les véhicules électriques, ceci ne concernant certes que les gros rouleurs, moins nombreux qu’en diesel.
Au total, la voiture électrique est géniale dans la France du nord-ouest, peu froide et peu chaude, notamment sur le littoral ; hélas c’est alors le poste logement qui explose…
En France ce n’est pas un sujet, il ne fait pas assez chaud. Juste que quand on recharge en rentrant d’un long trajet ou la batterie est chaude, le système de refroidissement de la batterie va se mettre en marche donc une partie de l’électricité sert à refroidir au lieu de charger. Mis à part ça RAS que ce soit du refroidissement à air (Ioniq 28, Zoé) ou liquide. D’ailleurs une erreur dans l’article, à ma connaissance il n’existe pas de VE à refroidissement à air passif (c’est à dire sans ventilateur) ? Ils sont tous actifs et couplés à la pompe à chaleur pour faire le chaud ou le froid.
Le plus efficient étant celui de la Ioniq 28 qui utilise l’air de l’habitacle avant qu’il soit expulsé dehors.
@Soufyane BENHAMMOUDA:
Au sujet de l’hypothétique perte d’autonomie de 31% à 38°C (100°F):
1/ Je n’ai jamais constaté une telle chose même dans le Var par fortes chaleur. Cela dit, ma Ioniq 5 bénéficie d’un refroidissement liquide de sa batterie HT.
2/ Cette valeur de 31% est d’autant plus suprenante que, entre 90°F et 100°F (33°C et 38°C), on passerait donc de -5% à -31%d’autonomie… Peu vraisemblable.
3/ Il faut tout de même souligner que l’article précise: »
Notez que la perte d’autonomie à 100 ° est basée sur très peu de données disponibles, nous mettrons ce résultat à jour lorsque nous aurons des données plus fiables »
sur les forums, il est dit que lors des fortes chaleurs, il faut éviter de laisser une batterie chargée à 100%. vrai ou faux ?