HiPhi

Parmi les nombreux constructeurs chinois qui débarquent en Europe se trouve HiPhi. On a rencontré la Z, son impressionnant porte-drapeau.

Publicité sur le futur électrique d’Audi qui se reflète sur les vitrines, entrée voisine avec celle de l’Audi Conference Center : rien ne semble être laissé au hasard par HiPhi, qui a décidé d’ouvrir les portes de son deuxième showroom au cœur de l’aéroport de Munich, terres d’Audi et BMW. Car ce sont bien ces constructeurs premium, en plus de Tesla, forcément, que cette marque du groupe Human Horizons envisage de chatouiller.

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Pour cela, HiPhi prévoit de lancer, dans un premier temps, une gamme de trois modèles baptisés X, Y et Z. Une référence évidente aux produits de Palo Alto, d’autant que ces véhicules visent les segments identiques. C’est surtout le cas pour les deux premiers SUV, qui se mettent dans le viseur les Tesla Model Y et Model X avec des définitions assez similaires. La berline Z, elle, vise la Model S mais aussi quelques autres super-berlines électriques comme l’Audi e-Tron GT. C’est ce qu’ont confessé les équipes présentes dans le showroom, indiquant qu’un propriétaire de la berline allemande se laisserait prochainement tenter par la HiPhi Z. Car il faut dire que cette berline sportive met de sérieux arguments en avant pour tenter de séduire les européens, même si ceux-ci pourraient se montrer moins sensibles que les clients chinois à l’extravagance de ses lignes.

Un habitacle de concept-car

Si bien qu’elle laisserait l’impression d’avoir à faire à un concept-car proche de la réalité avec certaines orientations stylistiques dignes de la science-fiction, mais aussi une présentation plutôt exotique. Et c’est notamment le cas à l’intérieur avec un festival de couleurs et matières pour en mettre plein la vue : planche de bord et ciel de toit en Alcantara, console centrale Black Piano, éclairage d’ambiance caché derrière des inserts transparents et même une sellerie en cuir Nappa holographique façon peau de serpent… Le département style a eu carte blanche, mais ce trop plein sera à la seule appréciation de chacun.

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Au poste de conduite ne trône qu’un seul écran central de 15,1 pouces où sont regroupées toutes les informations et commandes, avec un style inspiré par les jeux vidéos. La qualité de l’affichage et la réactivité semblent au rendez-vous avec cette dalle, qui profite d’un logiciel d’exploitation maison. Reste que l’organisation des menus semble encore un peu fouillis. A l’instar du système de BYD, l’écran est monté sur un bras motorisé sophistiqué. Il peut ainsi basculer d’une position portrait à paysage, et s’orienter au choix vers le conducteur ou le passager en fonction de qui ordonne une commande. Autant de position exploitées avec le mode HiPhi Show, qui fait cracher les 23 HP du système audio Meridian et fait bouger les portes façon Lightshow de Tesla.

Une débauche de puissance, mais pas en matière de recharge

Avec sa vision périphérique réduite et sa position de conduite abaissée, la HiPhi Z entre dans le monde de GT où règnent les Porsche Taycan et Audi e-Tron GT. Pour les toucher, elle s’équipe d’une paire de machines électriques pour une puissance totale de 672 ch et 410 Nm de couple. Pour autant, le 0-100 km/h en 3,8 s, rapide dans l’absolu, n’apparaît pas exceptionnel. Et pour cause, la berline doit tracter près de 2,6 tonnes ! L’une des raison ? La gigantesque batterie CATL de 120 kWh de capacité brute, qui permet à la berline de viser une autonomie WLTP de 605 km.

Dans la réalité, elle devrait se montrer un peu plus énergivore que les e-Tron GT et Taycan. Cependant, bien plus que les basses considérations énergétiques à ce niveau de gamme, c’est bien le système de recharge qui montre ses limites. Car outre la basique architecture 400 V, la Z est toujours associée à un port GB/T chinois capable d’encaisser un maximum de 140 kW. Sur le papier, elle réclame plus de 55 minutes pour atteindre la barre des 80 %. Pire encore, elle est livrée en Europe avec un adaptateur qui limite la puissance maximale de recharge DC à 85 kW. Soit bien loin des 270 kW avancés par les concurrentes allemandes, ou les 250 kW de la Tesla Model S.

Des débuts trop optimistes pour HiPhi ?

Tout semble donc un peu prématuré pour HiPhi, qui compte se frotter au gratin du segment. Pourtant, la marque n’a pas froid aux yeux en matière de politique tarifaire : la HiPhi Z est affichée à partir de 105 000 € chez nous ! C’est à peine 3 000 € de moins que l’Audi e-Tron GT Quattro à la dotation technologique beaucoup plus poussée, et avec un niveau de robustesse bien plus marquée. Car si la Z présente bien, la finition semble plutôt légère par endroit pour une voiture de ce prix.

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Un trait partagé avec le HiPHi X, le grand SUV aux multiples portes, qui lui aussi ne se refuse rien au moment de faire signer un chèque de 109 000 € minimum. La marque devra donc attendre le lancement du HiPhi Y pour tenter de se faire une place en Europe. Mais même si celui-ci se montre plus en phase avec les attentes du marché, il semble assez peu probable que le constructeur puisse chatouiller les références établies.