A Berlin, les travaux de la nouvelle gigafactory de Tesla sont à l’arrêt. Une étude de sol révèle que le type de fondation initialement prévu doit être modifié. Les besoins en eau de la future usine posent également problème. Tesla se voit dès lors contraint de déposer une nouvelle demande de permis. En cas de refus, le constructeur pourrait être astreint à tout démanteler.

En choisissant la forêt de Grünheide près de Berlin pour y construire sa future gigafactory européenne, Elon Musk ne s’attendait certainement pas à devoir faire face à tant d’obstacles. On se rappelle que les travaux de déboisement avaient déjà fait l’objet de nombreuses protestations, au point que la justice avait ordonné un arrêt temporaire du chantier.

En réalité, le permis définitif pour l’édification de l’usine n’est toujours pas accordé. Le constructeur a donc pris un risque non négligeable en lançant les travaux sur base d’un permis temporaire et conditionnel. Aujourd’hui, la construction est à nouveau suspendue. En cause : une étude de sol qui révèle la nécessité de modifier les fondations initialement prévues sur les plans. Il faudra battre ou forer des pieux ce qui provoquera immanquablement de nouveaux retards dans le calendrier du chantier.

Les besoins en eau de la future usine posent problème

Mais ce n’est pas tout. Nous avons appris que 360 objections ont été soulevées suite à l’enquête publique organisée après le dépôt de la demande de permis initiale. Parmi celles-ci, les besoins en eau de la future usine posent un problème sérieux. Des citoyens appuyés par certains experts redoutent que la consommation d’eau de la gigafactory puisse mettre en danger l’approvisionnement en eau potable de toute la région. La régie locale qui assure les captages (WSE) craint également de possibles pénuries.

Elon Musk a déjà réagi sur Twitter en expliquant que la consommation d’eau de la gigafactory, renseignée dans la demande de permis, est une valeur théorique maximale et que les besoins de l’usine seront la plupart du temps nettement inférieurs.

Cependant, pour éviter un refus, le constructeur californien est contraint de revoir sa copie. Outre l’adaptation des fondations, Tesla prévoit une révision de certains processus de fabrication, lesquels pourraient réduire la consommation d’eau. Des remaniements qui entraînent une modification des plans et l’introduction d’une nouvelle demande de permis. Selon Jörg Steinbach, ministre de l’économie du Brandebourg, toutes ces modifications importantes nécessiteront l’organisation d’une nouvelle enquête publique au cours de laquelle les citoyens et toutes les parties intéressées pourront déposer leur avis. Steinbach estime qu’une nouvelle demande augmente les chances d’un octroi de permis mais que celui-ci ne pourrait être délivré qu’en octobre, au plus tôt.

Toutes ces péripéties ont évidemment un impact sur le planning prévu par Tesla. L’objectif annoncé par Elon Musk était un lancement de la production en juillet 2021. Certes, la gigafactory de Shanghai a été construite en moins d’un an. Mais l’Allemagne n’est pas la Chine et peu d’observateurs pensent encore aujourd’hui que ce pari pourrait être tenu.

Question : que se passerait-il si le permis de construire la gigafactory était finalement refusé ou annulé en cas de recours de certains opposants devant la justice. Jörg Steinbach a répondu : « Tesla a pris un risque en lançant le chantier avant d’avoir obtenu le permis. Si celui-ci est refusé, ils devront tout démanteler et remettre le terrain dans l’état originel ».