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Malgré le taux de satisfaction très élevé des propriétaires de Renault ZOE, force est de constater que ces adeptes du VE n’ont pas (encore) réussi à conquérir largement l’opinion. Absence de câble de recharge occasionnel, obligation de louer la batterie, discours commercial peu en phase avec les caractéristiques techniques de la voiture, etc… Renault a indiscutablement sa part de responsabilité mais cela n’explique pas tout. L’autre explication, plus difficile à dire tout haut celle-là, c’est l’indifférence générale des consommateurs, et des constructeurs (!), à changer d’époque…

I. Il est urgent de changer d’époque

Face à la dégradation alarmante de la qualité de l’air en ville et aux nombreuses autres nuisances causées par l’automobile à pétrole, l’automobile électrique constitue indiscutablement une (petite) partie de la réponse.

Hélas, près d’un an après la commercialisation de la très attendue Renault ZOE, la révolution est encore loin d’être visible à chaque coin rue.

Si la fameuse crise n’arrange rien, il est évidemment très exagéré de lui faire porter une quelconque responsabilité étant donné le nombre de Clio IV et autres Peugeot 208 vendues l’an dernier dans l’hexagone.

Définitivement le problème est ailleurs. Outre les effets dévastateurs de la fiscalité dont continue de jouir le carburant préféré des français, il y a aussi et surtout un certain refus à changer d’époque. Un refus, disons plutôt une indifférence générale, à sortir du tout pétrole dans le transport.

II. L’automobile électrique victime des évolutions sociétales

En 2014, on constate que le profil type d’un acheteur de voiture neuve est assez éloigné de l’ambassadeur type du VE. Le marché du VE étant jusqu’à présent essentiellement un marché du neuf, cela n’aide évidemment pas à alimenter le parc roulant en VE plutôt qu’en crossover (diesel) et autres merveilles du genre…

Quant aux (vieux) constructeurs de voitures, impossible de compter sur eux pour ringardiser l’automobile à pétrole au profit du véhicule électrique étant donné la part des ventes de voitures thermiques dans leur chiffre d’affaire annuel.

Seuls les nouveaux entrants, à l’instar de l’américain Tesla, disposent d’une véritable liberté de parole et d’action face à l’hégémonie de l’automobile à pétrole et de son principal soutien : les pétroliers.

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur la force de frappe marketing des géants automobiles qui continuent de dépenser des milliards en publicité (mensongère) pour vanter les performances environnementales de leurs nouveaux modèles, fussent-ils « full thermique »…

III. Renault ZOE : la révolution accessible à tous (ou presque)

A moins de 15 k€ bonus écologique déduit, la Renault ZOE se positionne clairement comme l’électrique la plus intéressante du marché eu égard aux prestations offertes. Certes elle souffre de quelques petits défauts de jeunesse (…). Mais elle a aussi quelques qualités, comme celle d’offrir une autonomie réelle parmi les plus importantes du marché à ce niveau de prix. C’est particulièrement vrai en hiver grâce à sa pompe à chaleur de série, beaucoup plus efficiente que la plupart des systèmes de chauffage qui équipaient jusqu’à présent les VE.

Autre atout de la ZOE : son chargeur caméléon. Capable de recevoir du courant alternatif jusqu’à 43 kVA, il n’oblige pas les (petites) collectivités à investir dans de coûteuses bornes de recharge à courant continu comme c’est le cas pour les autres électriques du marché.

Un sacré atout sur lequel Renault n’a clairement pas assez communiqué auprès des gestionnaires potentiels de bornes. Une caractéristique qui offre pourtant des perspectives très intéressantes pour mailler facilement l’ensemble du territoire national, y compris dans les territoires ruraux, là où les postes électriques se font plus rares…

IV. Un formidable gâchis économique

A ce jour, les 5 500 Renault ZOE en circulation à travers la France évitent l’importation de quelques 3 millions de litres de pétrole par an. Une goutte d’eau dans l’océan certes mais c’est toujours 2 M€ qui resteront sur le sol français plutôt que réinjectés dans l’infernale machine pétrolière mondiale.

Imaginez maintenant que Renault offre à sa ZOE une force de vente à la hauteur de son potentiel réel. En réorientant ne serait-ce que 10 % des acheteurs de Clio IV ou de Captur vers ZOE, son potentiel de vente franchirait sans difficulté la barre des 20 000 unités/an. Au bout de 5 ans, plus de 100 000 Renault ZOE en circulation dans toute la France… et 120 M€ directement réinvestis dans l’économie du pays plutôt que dans la prospection pétrolière non conventionnelle et les forages ultra profonds.

Si tous les constructeurs s’y mettent, les millions se transformeront très vite en milliards dont une partie pourrait être réinjectée directement dans les territoires au bénéfice de nouvelles unités de production d’électricité d’origine renouvelable.

V. La formation des professionnels : une priorité parmi les priorités

Pour que cet idéal n’en reste pas à l’état de voeux pieux, il y a une condition : former les professionnels de l’automobile, commerciaux en tête, aux grands enjeux de notre époque. Si l’industrie automobile doit actuellement faire face à des mutations d’une ampleur inédite, ça n’est définitivement pas en appliquant les vieux remèdes du siècle dernier que les acteurs en place y survivront.

Parce qu’il s’inscrit sans ambiguité dans un nouvel éco-système beaucoup plus sobre et efficient que celui de l’automobile à pétrole, le véhicule électrique fait indiscutablement parti des leviers sur lesquels les constructeurs automobiles vont devoir s’appuyer pour espérer traverser les tempêtes à venir.

Du coté de la R&D et de l’ingénierie, cette inévitable (r)évolution est bien intégrée depuis un petit moment déjà. Là où ça se gâte en revanche, c’est chez les commerciaux. Surentrainés à vendre des crédits autos et/ou des options toutes plus inutiles les unes que les autres, la plupart d’entre eux ont une connaissance très limitée – pour ne pas dire inexistante – des enjeux à venir sur une problématique pourtant centrale : l’énergie.

En attendant que les dirigeants en place prennent les décisions qui s’imposent en matière de formation professionnelle et/ou d’évolution de carrière, espérons que les professionnels de l’automobile viennent toujours plus nombreux sur ce blog afin de contribuer à réconcilier petit à petit l’automobile et l’environnement…