Navigateur dont l’empreinte est associée au Vendée Globe, Raphaël Dinelli s’est embarqué dans l’aventure de l’avion électrique. Son monoplace Eraole, avec lequel il a entamé une série de vols qui rendent hommage aux pionniers de l’aviation, pourrait trouver une application dans les écoles de pilotage. Interview.

9 ans / 150 heures de vol

« Le projet Eraole a démarré il y a 9 ans, dont 4 ans d’étude », confie à Automobile Propre Raphaël Dinelli. « Pour des raisons de sécurité, l’avion est équipé de 2 moteurs électriques qui fonctionnent toujours ensemble. Si l’un venait à tomber en panne, un vol stabilisé avec un seul moteur est possible, permettant de rejoindre une piste d’atterrissage », explique-t-il. « A son bord, j’ai déjà effectué 150 heures de vol sans problème », souligne-t-il.

L’appareil évolue à une vitesse de 80-100 km/h. Lors d’une interview accordée à FR3 Pays-de-la-Loire, il illustre : « C’est un peu comme un bateau, il faut essayer de sortir avec les vents portants ».

Electrique-hybride

Long de 7,5 mètres, pour 14,5 m d’envergure, Eraole doit son nom aux dieux antiques du vent (Eole) et du Soleil (Ra). L’appareil porte 30 m2 de panneaux photovoltaïques souples qui épousent parfaitement la cambrure des ailes.

« La source solaire représente 25% de l’énergie consommée lors des vols. En complément, une centrale embarquée produit de l’électricité à partir de sources propres. Elle est alimentée avec une huile de recyclage de déchets végétaux, dopée à 2-3% par de l’hydrogène produit sur place par une centrale d’électrolyse. Ainsi, le rendement du moteur thermique est de 39% », détaille pour nous Raphaël Dinelli, quelques minutes avant de prendre la parole aux Brouzils, devant un public réunit pour le lancement du Vendée énergie Tour.

Labo

L’aventurier pilote perçoit Eraole comme « un projet expérimental », « un labo qui va évoluer dans le temps ».

L’hydrogène, il aimerait bien pouvoir l’exploiter davantage. « Nous bénéficierions alors d’un bien meilleur rendement, mais il n’est pas envisageable d’embarquer une bonbonne de stockage sous une pression de 750 bars. C’est globalement un problème pour l’aviation où une fuite d’hydrogène, à proximité d’une pile à combustible, serait catastrophique », explique notre interlocuteur.

Ambitieux vols d’essai

Après de multiples essais plus ou moins éloignés de l’aérodrome de La Roche-sur-Yon, Raphaël Dinelli a effectué un tour de France de 130 heures à bord de son avion électrique. Cet événement lui a permis de participer à la première étape du raid Latécoère célébrant les 100 ans de la première ligne aéropostale.

Déjà dans le sillage des pionniers de l’aviation, Eraole devrait permettre au pilote audacieux et enthousiaste de renouveler l’exploit de Charles Lindbergh : Traverser l’Atlantique, de New York à Paris, en 60 heures, sans escale. Les 5.800 kilomètres seraient ainsi parcourus en 2020.

En attendant, le sportif entretien sa forme.

 

Conditions inhumaines

Dans le supplément « Vendée énergie Tour » édité par Ouest-France, Raphaël Dinelli rappelle que le pilote américain n’avait mis que 33 heures pour réaliser sa traversée. Ce qui n’efface pas du tout l’exploit pour lequel notre interviewé se prépare.

Bien au contraire, car il sera dans les mêmes conditions, mais 2 fois plus longtemps. Pour le quotidien, il détaille : « Pas de sommeil », « deux nuits à -18°, et une journée à 40-50° », « pas d’oxygène ».

Voilà pourquoi, en parallèle à des exhibitions dans différents meetings aériens où il est autorisé à voler avec Eraole, il se soumet à des entraînements intensifs à travers le trekking, des épreuves de type marathon, et des ascensions en montagne pour s’habituer aux effets de l’altitude.

Volera, volera pas au VET ?

Le programme du Vendée énergie Tour prévoit un passage de Raphaël Dinelli à bord d’Eraole, demain, mercredi 5 juin 2019, au-dessus du circuit de Fontenay-le-Comte.

« La météo risque d’empêcher ce vol », déplore le pilote qui pourrait prendre sa décision finale au dernier moment. Le temps est actuellement ici très changeant : la nuit a été rythmée par les averses orageuses !

Production ?

« Une startup est en train de se créer pour concevoir un biplace issu d’Eraole à destination des écoles de pilotage. L’entreprise serait lancée en septembre. Nous espérons obtenir des aides de la région. La production pourrait démarrer dans le courant de l’année 2020 », nous révèle Raphaël Dinelli.

Et pour les voitures

« J’ai encore un diesel que je pense remplacer prochainement par une voiture électrique ou hybride. J’ai un regard très technique sur ce projet. La ligne de la carrosserie est pour moi secondaire », envisage Raphaël Dinelli. « J’ai prévu d’essayer pas mal de modèles différents », complète-t-il.

Automobile Propre et moi-même remercions vivement Raphaël Dinelli pour sa disponibilité.