Deux semaines après une double victoire en Grèce avec une Volkswagen e-Golf, la deuxième manche de la saison de E-Rallye Cup FIA se disputait en République tchèque, sur les routes de la région de Česky Krumlov. Cette fois, l’objectif était de s’imposer à bord d’une Hyundai IONIQ electric…

Les engagés : beaucoup de voitures allemandes

21 équipages étaient au départ du Czech New Energies Rallye 2019. Six avaient choisi des Volkswagen e-Golf, quatre des Audi e-tron et un équipage avait une BMW i3s. Derrière cette majorité de modèles allemands, il y avait également quatre Renault ZOE, deux Hyundai KONA electric, une Hyundai IONIQ electric (la nôtre), une Tesla Model X, une Tesla Model S et une Kia e-Niro.

Par ses données d’homologation, la Hyundai IONIQ electric est une référence en termes de consommation. Avec 11,5 kWh / 100 km selon le cycle NEDC, notre voiture était faite pour aller chercher la victoire en consommation d’énergie, vraisemblablement devant les Volkswagen e-Golf et Hyundai KONA electric.

L’itinéraire : les Audi e-tron piégées par leur incapacité à se charger correctement

Établi sur trois jours, sur quelques-unes des spéciales du Rallye Česky Krumlov disputé simultanément (et gagné par Jan Kopecky sur une Skoda Fabia R5), le rallye proposait un parcours de 635 kilomètres depuis Tabor ou 619 kilomètres depuis Rainbach (selon l’étape de concentration via le nord ou le sud). Seules la deuxième étape et la première moitié de la troisième étape (avec une arrivée dans la station de ski de Lipno nad Vltavou à près de 1 000 mètres d’altitude) comptaient pour le classement de la consommation.

Dès la deuxième étape, certains concurrents en Audi e-tron ont montré des signes d’inquiétudes quant à leur capacité à atteindre l’arrivée du rallye. Mises à disposition lors de chaque retour à Česky Krumlov, les prises standards 16 A, qui permettaient à notre Hyundai IONIQ electric de recharger à 100 % lors de chaque stop (4 heures à mi-journée + toute la nuit), se révélaient être un calvaire pour les équipages italiens et tchèque des Audi e-tron. Après le premier stop de 4 heures, l’un des pilotes constatait n’avoir récupéré que 23 kilomètres d’autonomie ! La faute au câble ou au chargeur embarqué ? La situation devenait assez compliquée pour l’un des prétendants au titre en régularité… Afin d’éviter une lourde déconvenue à une, deux, voire trois Audi e-tron, le collège des commissaires a décidé de modifier le parcours de la dernière journée afin de réduire l’itinéraire de quelques dizaines de kilomètres…

C’est une nouvelle preuve que la taille de la batterie (95 kWh pour l’Audi e-tron / 28 kWh pour la Hyundai IONIQ electric) n’est aucunement un gage de réussite pour un parcours long. La consommation et la capacité des chargeurs embarqués face à l’infrastructure existante se révèlent être de plus grands atouts.

La course

Comme en Grèce, l’objectif était d’abord de gagner le classement de la consommation et ensuite d’essayer de faire une performance en régularité face à une grande concurrence.

Pour ceux qui connaissent les rallyes du Championnat de France, les spéciales ressemblaient tour à tour au Touquet, au Limousin et au Mont-Blanc… Le Rally Česky Krumlov est l’une des plus grandes épreuves du pays, avec la présence d’Enrico Bertone, Roman Kresta, Emil Triner ou Jan Kopecky au palmarès de l’épreuve de vitesse.

Au terme de la première étape, nous étions cinquièmes du classement régularité à déjà 10,6 secondes des leaders Artur Prusak et Thierry Benchetrit en Audi e-tron. Lors de la deuxième étape, l’objectif principal devenait l’écoconduite… Et les espoirs de bien figurer en régularité se sont envolés lorsque notre cadenceur a perdu le signal GPS et toute idée de la distance parcourue en spéciale. Avec plus d’une minute de retard, il fallait oublier la régularité et se concentrer exclusivement sur la consommation d’énergie.

Sur les 216 premiers kilomètres, nous avons tenu une moyenne inférieure à 10 kWh / 100 km avec la Hyundai IONIQ electric. La centaine de kilomètres suivante promettait d’être beaucoup plus compliquée avec un passage en Autriche à plus de 1 000 mètres d’altitude et une arrivée à Lipno nad Vltavou.

Nous avons finalement consommé 33,1 kWh pour boucler le parcours et nous imposer avec la Hyundai IONIQ electric. Le podium est complété par les deux Hyundai KONA electric avec 38,87 et 41,81 kWh. Hors pénalité, une Volkswagen e-Golf se serait intercalée entre les deux KONA. En Grèce, j’avais 12,5 % d’avance sur le deuxième. Cette fois, l’écart est de 17,4 % !

Avec une moyenne de 10,7 kWh / 100 km, nous avons consommé quasiment trois fois moins que la plus énergivore des Audi qui culmine à 30,9 kWh / 100 km !

Les résultats complets (consommations hors pénalités) :

  • 1 Alexandre Stricher / Jean-Charles Huvelle Hyundai IONIQ electric (33,1 kWh soit 10,7 kWh / 100 km)
  • 2 Ondrej Behal / Jana Behalova Hyundai KONA electric (38,87 kWh)
  • 3 Jakub Spacek / Jiri Paroubek Hyundai KONA electric (41,81 kWh)
  • 4 Radek Pecak / Daniel Pecak Kia e-Niro (41,85 kWh)
  • 5 Alexander Kaar / Daniel Pilz Volkswagen e-Golf (46,45 kWh)
  • 6 Pavel Hunacek / Petra Cihelkova Renault ZOE (47,53 kWh)
  • 7 Franko Spacapan / Sebastjan Kobal Renault ZOE (48,46 kWh)
  • 8 Alexander Matschy / Rudolf Puchner Volkswagen e-Golf (48,81 kWh)
  • 9 Petr Vomacka / Ivan Stoces Renault ZOE (50,28 kWh)
  • 10 Jiri Schneider / Eleonora Schneider Renault ZOE (48,21 kWh)
  • 11 Ivo Hykys / Martin Silar Volkswagen e-Golf (50,734 kWh)
  • 12 Tomas Hüner / Vladimir Bukac Volkswagen e-Golf (51,728 kWh)
  • 13 Georg Friesenecker / Manuel Riegler Volkswagen e-Golf (50,56 kWh)
  • 14 Petr Pavlat / Tomas Brzek Volkswagen e-Golf (40,864 kWh)
  • 15 Jan Rosner / Patrick Weber BMW i3s (72,783 kWh)
  • 16 Guido Guerrini / Emanuele Calchetti Audi e-tron (86,32 kWh)
  • 17 Walter Kofler / Franco Gaioni Audi e-tron (89,25 kWh)
  • 18 Artur Prusak / Thierry Benchetrit Audi e-tron (95,34 kWh)
  • 19 Melanie Aufreiter / Lisa Beutl Tesla Model S (83,48 kWh)
  • 20 Patrick Svatos / Jakub Kupec Audi e-tron (94,63 kWh)

Côté régularité, la bataille a été magnifique avec une victoire d’Artur Prusak et Thierry Benchetrit devant les Italiens Guido Guerrini / Emanuele Calchetti (+9,5 secondes) et Walter Kofler / Franco Gaioni (+33,4 secondes). Si Hyundai a dominé la consommation avec trois voitures sur le podium, ce sont les Audi qui ont fait un carton plein en régularité (peut-être grâce à la modification du parcours qui a été réalisée pour permettre à toutes les e-tron de voir l’arrivée).

L’écosystème électrique en République Tchèque

Pays de 10 millions d’habitants coincé au cœur de l’Europe, la République tchèque est un cas particulier dans le monde automobile. Avec Skoda, une marque nationale adossée à l’un des plus grands groupes industriels du monde, le marché est largement orienté.

Skoda domine avec 40 % de parts de marché. Derrière, Volkswagen suit, puis Dacia et Hyundai. Mais le faible niveau de vie (surtout hors de la capitale Prague) empêche la plupart des actifs d’acheter des voitures neuves. Le parc est donc d’abord composé de véhicules diesel de secondes mains venues d’Allemagne avec un âge moyen de 15 ans.

Dans ces conditions, et en l’absence de modèles électrifiés dans la gamme Skoda, la République tchèque n’est pas encore mûre pour accueillir les voitures électriques. Dans la région de Česky Krumlov, il n’existe pas la moindre borne de charge rapide. Il faut aller 30 kilomètres plus au nord pour « toucher » des bornes 50 kW. D’autres bornes rapides à Tábor (devant une université) ou Pisek (McDonald’s) permettent quand même de rejoindre Prague sans le moindre problème.

Avec les projets du Groupe Volkswagen et les premiers modèles électrifiés de Skoda, le pays a laissé apparaître de très grandes ambitions… Si Skoda le veut, le gouvernement le fera.

Prochain rendez-vous dans deux semaines pour la troisième manche, en Suisse : le Green Motion E-Rallye du Chablais. Ce sera l’occasion de tester un troisième modèle différent !