Présentée il y a quelques jours à Munich dans le cadre de la foire spécialisée eMove360°, la petite citadine et premier modèle de la start-up allemande e.Go Mobile déclenche l’intérêt des visiteurs. Ses « fans » semblent déjà nombreux. Cet événement fut pour nous l’occasion de nous entretenir avec des responsables de la jeune marque.

Alors que depuis le milieu du XXe siècle nous assistions à la disparition d’un bon nombre de constructeurs automobiles et à une concentration de la production de véhicules dans les mains de quelques  géants du secteur, un mouvement inverse s’observe depuis quelques années. Tesla a ouvert la voie et son exemple est suivi par plusieurs start-ups ambitieuses, désireuses de conquérir leur place dans le nouveau marché de la mobilité électrique. Le phénomène est classique lorsqu’une rupture technologique bouscule tout un secteur endormi dans ses habitudes. Byton, Dyson, Lucid Motors, Faraday Future, Thunder Power, Evelovcity, Sono Motors, Microlino, Uniti, MW Motors, Kalashnikov … et j’en oublie probablement quelques autres : ils sont nombreux à se bousculer au portillon. Mais si tous ces nouveaux venus ne sont pas avares d’annonces et de communiqués, aucun, jusqu’à présent, n’a encore lancé un premier modèle sur le marché. Alors, quand la start-up allemande e.Go Mobile annonce le lancement prochain de la production de l’e.Go Life, sa petite citadine électrique, elle suscite un grand intérêt et une curiosité compréhensibles.

« Nous ne suivons pas les traces de Tesla »

e.Go Mobile AG dispose de nettement moins de capital et de personnel que Tesla. L’entreprise n’est pas non plus présidée par un visionnaire médiatisé comme Elon Musk. Mais elle dispose d’un sérieux atout : Günther Schuh, son fondateur et directeur général est ingénieur et professeur d’ingénierie de production à la Haute Ecole Technique de Rhénanie-Westphalie. Il dispose aussi d’une expérience solide dans la conception et la production de véhicules électriques : c’est lui qui a conçu et lancé en 2010 la fabrication des fourgonnettes électriques StreetScooter avant que cette société ne soit rachetée par Deutsche Post DHL en 2014.

« Elon Musk a comparé la production de la Model 3 à un enfer. Etes-vous prêt à entrer en enfer ? » lui avons-nous demandé. « Nous ne suivons pas les traces de Tesla » nous répond-il. « Je m’occupe du développement de technologies de fabrication depuis 25 ans. Pour moi la production n’est pas un enfer mais un paradis ».

Construite en seulement 15 mois, l’usine de 16.000 m² où  sera produite l’e.Go Life est prête. L’investissement total de 25,7 millions a été facilité par un prêt accordé par l’Etat de Rhénanie-Westphalie. Située dans la banlieue d’Aachen (Aix-la-Chapelle) sur un ancien site ayant appartenu à la société Philips, l’usine est actuellement alimentée par une installation photovoltaïque placée en toiture, de 750 kWc. Dès l’année prochaine, cette puissance sera multipliée par deux pour produire annuellement 1.300 MWh d’électricité verte.

Retard au démarrage

Au moment de l’inauguration de l’usine en juillet dernier, Günther Schuh annonçait la livraison des premiers véhicules avant la fin de l’année. Ce planning tient-il toujours la route ? Eh bien non, mauvaise nouvelle pour tous ceux qui ont réservé une e.GO Life : les premières livraisons ne sont à présent promises que pour le mois d’avril au plus tôt.

« Nous avons dû faire face à la défection d’un important fournisseur suite à son rachat par une autre société » nous confie Christine Häußler responsable des relations publiques. Le problème est à présent réglé, un contrat ayant pu être conclu avec un nouveau fournisseur. Mais ce fâcheux contre-temps a retardé le processus d’homologation du véhicule ainsi que le planning du démarrage de la production. « Maintenant nous prévoyons le lancement de la production en série dans le courant du mois de mars et les premiers véhicules devraient pouvoir être livrés en avril ». Pour rattraper le temps perdu, le travail en 2 équipes sera organisé dès le mois de juin. « Tous ceux qui ont déjà réservé  une Life pourront être livrés entre avril et décembre 2019 » nous assure-t-on. Et pour augmenter encore la cadence, une deuxième usine dédiée à la fabrication des pièces de carrosserie est déjà en construction, l’objectif étant toujours de produire 20.000 véhicules par an.

Après cet agréable entretien avec l’équipe d’e.Go  nous avons évidemment examiné la voiture de près et pu la tester sur un circuit extérieur. Nous vous livrerons nos impressions dans un prochain article.