Ce nouvel établissement conçu pour distribuer du bioGNV, de l’électricité verte, et, plus tard, de l’hydrogène, constitue un démonstrateur pour un réseau de 150 stations multiénergies qui devraient être mises en service à échéance 2024.
Un look industriel dépouillé qui séduit les professionnels
Inaugurée le 1er juillet 2021, pour une ouverture publique en septembre prochain, la station modèle de Karrgreen est implantée au cœur de la zone industrielle de Camagnon, au sud de Ploërmel. Avec ses 2 conteneurs et son auvent recouvert de panneaux solaires, son architecture tranche avec le tout premier site ouvert à Locminé. Sous l’impulsion de la société d’économie mixte Liger, il reprenait le cadre d’une station-service classique implantée en centre-ville pour distribuer du bioGNV.
Désormais, les établissements Karrgreen se dresseront au bord ou à proximité des grands axes empruntés par les camions et autocars, avec une configuration qui leur facilitera l’accès. Le nouveau look industriel dépouillé adopté par le réseau rappelle que les stations Karrgreen ont été imaginées pour les professionnels de la route qui souhaitent circuler plus vert. Ces établissements sont toutefois également ouverts aux automobilistes particuliers.
Une batterie de stockage au cœur
Au cœur des stations Karrgreen fonctionnant exclusivement avec des énergies vertes, un premier conteneur qui abrite une batterie d’une capacité de 88 kWh. Elle est reliée au réseau électrique sous le couvert d’un contrat vert E-Pango certifié par un système de garanties d’origine.
Mais elle reçoit aussi et surtout la production des 167 m2 de panneaux photovoltaïques qui sont installés sur l’auvent. Le tout forme une centrale solaire d’une puissance de 36 kWc.
Cet accumulateur ne sert pas qu’à alimenter la borne de recharge tri-standard 200 kW fabriquée par Cahors en Slovénie. Il fournit aussi l’énergie à toute la station, et en particulier aux 2 distributeurs de bioGNV. Globalement, la batterie est dimensionnée pour faire face aux appels de puissance enregistrés sur le site. La gestion des besoins électriques des stations Karrgreen sera pilotée par une technologie Smart Grid.
Chargeur DC pour 2 VE en simultané
Modulable, le chargeur est pour l’instant doté d’une puissance de 100 kW. Pas si courant : il peut recharger en simultané une voiture équipée d’un connecteur CHAdeMO et une autre avec le standard Combo CCS. Il est également compatible avec la recharge AC 43 kW.
À l’entrée de la station, un totem affiche déjà le tarif qui nous a été confirmé : 0,75 euro le kilowattheure. Ainsi, c’est bien la quantité d’énergie qui est facturée, et non le temps du branchement.
En revanche, le règlement par carte bancaire n’est pas à ce jour accepté dans le réseau Karrgreen pour la recharge des voitures électriques. Le chargeur est inclus au réseau Freshmile. Sont donc acceptés son badge, et ceux des autres opérateurs compatibles selon le principe de l’interopérabilité. Le paiement à l’acte est possible avec smartphone par l’emploi d’un QR Code.
Un autre chargeur DC à proximité
Devoir compter sur un seul chargeur rapide à une étape lors des longs déplacements est toujours périlleux. Aussi bien en raison de la possible affluence pendant les vacances que pour faire face à une panne du matériel.
À Ploërmel, la situation devrait être plus confortable dans quelques semaines, au mieux à partir de septembre. La station Karrgreen est située à la toute proximité de la borne rapide de Ronsouse mise à disposition par Morbihan Énergies. Pour l’instant, ce chargeur est en cours de remplacement, avec une localisation déplacée à quelques mètres.
Cette configuration est exceptionnelle. Les prochaines stations Karrgreen ne bénéficieront certainement pas d’un tel backup. Les établissements sont cependant conçus pour être évolutifs et s’adapter aux besoins réels mesurés. Si les électromobilistes devaient se présenter massivement, nul doute que d’autres bornes pourraient être mises en place. Il y a suffisamment de place pour cela en tout cas à Ploërmel.
BioGNV
Dans les stations Karrgreen, le gaz naturel délivré sera du bioGNC exclusivement, également certifié par des garanties d’origine, avec Engie. À l’ouverture, 2 distributeurs sont présents, séparés par l’automate de paiement qui, lui, accepte aussi bien les cartes bancaires que les badges de société.
Chacun d’eux est équipé des 2 embouts NGV1 et NGV2, pour des débits respectifs de 4 kg (voitures particulières, utilitaires légers et certains camions et autocars) et 27 kg (poids lourds compatibles) par minute. Des chiffres qui se présentent comme meilleurs que ceux de la concurrence.
Pourquoi ? Parce que le compresseur est placé tout proche des distributeurs. Occupant avec l’unité de stockage le second conteneur, il pousse littéralement le gaz dans les réservoirs des véhicules, gommant les pertes habituelles dues à la distance entre les différents éléments des stations GNV.
8 camions par heure
L’établissement est dimensionné pour avitailler en bioGNC 8 camions par heure. Si les stations Karrgreen mettent le bioGNV à l’honneur (1,30 euro le kg), c’est parce que le réseau a été conçu pour être profitable, dans une boucle d’économie circulaire, aussi bien aux agriculteurs qu’aux transporteurs locaux.
Certains de ces derniers figurent d’ailleurs parmi les « acterres » qui ont soutenu la construction de la station de Ploërmel. Les premiers sont représentés par le groupement coopératif Eureden. Les seconds, par des futurs consommateurs assidus.
Pour cette première station se sont réunies des entreprises très diverses : des transporteurs locaux de personnes (Linevia et Ferron Voyages), de fret (Denoual Transport & Logistique), un spécialiste des convois exceptionnels (Blueroad), et un autre pour déplacer des animaux vivants (SLT Legal).
1,5 million d’euros
Selon les informations communiquées lors de l’inauguration par Marc Le Mercier, président de Karrgreen Développement, la station de Ploërmel a nécessité un investissement de 1,5 million d’euros, dont 400 000 euros pour le foncier. Et ce, sans aides de l’État.
Le calcul de l’amortissement est effectué en kilomètres, sur 8 ans. L’équilibre est obtenu avec 25 poids lourds qui parcourent annuellement 80 000 km.
Grâce aux 2 conteneurs qui sont livrés tout équipés par camions, les délais pour faire sortir de terre une station multiénergie sont réduits de plusieurs mois.
Et l’hydrogène ?
Pour l’instant, les stations Karrgreen ne délivrent pas encore d’hydrogène. Mais c’est prévu. À Ploërmel, un bout du terrain, en pelouse actuellement, est en attente de ce carburant qui serait aussi obtenu de sources vertes. Un partenariat a d’ailleurs déjà été signé avec la société nantaise H2X Ecosystems.
L’équipe de Karrgreen assure être pour la complémentarité des énergies. « Il n’y en a pas une qui soit globalement plus pertinente au point de délaisser les autres. Aujourd’hui, pour la mobilité des poids lourds, l’électricité n’est pas adaptée et l’hydrogène n’est pas mûr. Le bioGNV s’impose comme la solution verte déjà disponible. Mais nous ne savons pas comment sera composé le mix énergétique dans quelques années. Peut-être qu’il y aura des solutions éprouvées qui pousseront des transporteurs roulant au gaz naturel aujourd’hui à passer à l’hydrogène dans 5 ans », a commenté Dominique Dubeau, directeur des opérations.
Testé hier, suite à panne d’une station 50kW à Questembert.
Déjà, le prix actuel est de 0.38€/kWh, similaire au tarif des SC Tesla :).
Chargeur 100kW (80kW en pointe pour moi, car batterie pas pré conditionnée). Site propre, ombragé (c’est utile pour ça les panneaux solaires, ça protège du soleil et de la pluie :) ).
Je trouve que les 100kW sont une bonne puissance pour une charge rapide (40mn pour passer de 25 à 90%) sans nécessiter une centrale à proximité!
Et intéressant par rapport à Ionity, une vente au kWh et pas au temps! D’après ce que j’ai compris, c’est surtout ça l’utilité des panneaux solaires, c’est d’être référencé comme producteur d’électricé, et donc avoir le droit de vendre au kWh!
En tout cas une très bonne idée à cet endroit, ça permet une recharge assez rapide sur place en venant de Rennes!
0.75€/kWh ? Plus cher que le GO ou même l’essence :-(. Ce n’est hélas pas encore ce genre de station qui conviendra pour les (rares) propriétaires de VE qui ne peuvent pas recharger à domicile…
Je me pose la question du prix… Ca sert à quoi de foutre du pognon dans une borne qui risque de ne pas être utiliser très souvent. Parce que 0.75 euros le kWh, le tout hors autoroute, ça fait très très cher. Si je dois aller me charger ça me couterai environ 25 euros le plein de 20/80%… Même rarement, ça latte. Je sais pas…
On ne peut que se féliciter d’initiatives. Dans les fait ils vont vite se rendre compte de la demande monstrueuse sur l’électrique. Alors oui il y aura toujours des grincheux qui trouvent le kWh trop cher. Bien évidement on vient se recharger ici quand on ne peut faire autrement. Après c’est à la concurrence de faire le job. Et pour ma part je suis toujours heureux de trouver une borne rapide. Aujourd’hui à Bardodechia 2 bornes rapides trop rapide pour prendre une bonne glace et un excellent café italien.
Cette station est un démonstrateur, elle ne s’adresse pas spécifiquement aux VE.
Le prix de la recharge électrique est bien trop élevé, donc pour du dépannage effectivement.
Mais ça fait quand même une borne de plus !
En fait c’est avant tout une station bioGNV dont la rentabilité a été calculée pour cet usage. Les bornes de recharge c’est du plus mais sans plus.
» il peut recharger en simultanée une voiture équipée d’un connecteur CHAdeMO et une autre avec le standard Combo CCS. » avec 100kW
Donc la borne contient 2 chargeurs 50kW. Si on est tout seul sur la CCS, ce sera 50 seulement ou ils peuvent paralléliser les deux chargeurs? Parce que à 50kW on est plus cher que la tristandard Ionity!
Dans la pratique, vu le faible nombre de véhicules Chademo qui auront besoin de la borne à ce prix, elle fonctionnera surtout en monoborne CCS.
le Biogaz est une énergie de transition pour les véhicules très lourds.
Mais ce n’est pas une solution écologique. C’est juste un peu mieux que le diesel, mais en aucun cas comparable avec les bénéfices de l’électrique en cycle de vie complet.
0.75€ le kw/h hors autoroute (*). C’est plus cher qu’avec du carburant fossile .La belle borne va s’ennuyer souvent. Il y a du positif ( prix affiché, prix au kw/h ) mais peut mieux faire .
(*) Et encore, le fisc n’y est pas encore allé de sa TICPE .
Brûler du gaz, même dénommé BioGNV, pour faire de l’électricité ou de l’H2, je n’appelle pas ça une énergie verte, mais du greenwashing !
A 0,75€/kWh, on est dans les tarifs Ionity, donc prohibitif. Et une seule borne, avec le risque d’attendre, non merci.
A part le fait qu’on ne puisse pas payer par CB (GRRRRR), le fait d’avoir le prix au kWh d’affiché a l’entrée est déjà de fait une revolution.
Avoir mis aussi 167m2 de PV pour en faire un abris pour la recharge aussi. Comme en Chine qui le fait depuis des années (oui.. oui… des années), ça ne compensera probablement pas la ce que peux consommer les VE lors de la recharge mais ça ne fait pas de mal.
Seul bémol la batterie de 88kWh… peut-être un peu juste vu les VE actuels. Mais c’est quand même mieux que rien. En espérant qu’en DC on charge directement en courant continu depuis cette batterie sans passer par un délire : PV -> Batterie -> Conv DC/AC -> Borne -> Conv AC/DC -> VE…
Quand à l’H2…. Je doute sérieuxement que les m2 de pelouse soient une jour changés en station H2…
1 seule borne et un prix prohibitif, bref je passe mon chemin sauf dépannage extrême 🙄
Station multi énergie très bien. Par contre la recharge électrique n’est pas la priorité.
1 borne pour l’instant au lieu d’avoir pensé directement à une frappe de bornes pour s’assurer de la fluidité des clients Et 75c le kWh n’étant pas sur l’autoroute et vu la pauvreté de l’offre. Globalement il s’agissait simplement d’encaisser les subventions pour la partie recharge électrique. Dommage une occasion manquée.
Tout ça pour 1 borne ?
Vous dites évolutif en fonction de l’affluence, mais personne ne va se masser sur une monoborne ! Il suffit de la trouver occupée une seule fois pour ne plus jamais revenir prendre le risque… Du moins c’est comme ça que je fonctionne, et donc je suppose également un paquet d’électromobilistes :(