La comparaison entre les voitures thermiques et électriques n’est pas finie : les stars du groupe Volkswagen se mettent face à face dans un comparatif réalisé par un de nos confrères allemands. Une étude favorable à l’électrique qui comporte toutefois de nombreux biais.

Que l’on soit pour, contre ou neutre vis-à-vis de la voiture électrique, la comparaison avec son homologue thermique est inévitable, et vaine, puisque chacune ayant les défauts de ses qualités. Mais une récente étude indépendante affirme une nouvelle fois que les électriques coûtent moins cher à l’usage.

Cette infographie permet donc d’appréhender le coût d’utilisation d’une électrique face à son équivalente thermique. Et ce sont précisément les Volkswagen ID.4 Pure, Skoda Enyaq iV 80 et Audi Q4 50 e-tron Quattro, toutes basées sur la même plateforme MEB, qui sont analysées pour faire face à leur équivalente thermique.

En prenant en compte le prix de vente allemand des véhicules analysés, le montant des bonus et malus locaux ainsi que tous les autres frais comme le coût du carburant et de l’assurance, ce comparatif réalisé par Auto Zeitung donne constamment l’avantage à la voiture électrique, et ce quel que soit le critère analysé.

Si la différence est assez peu marquée chez Volkswagen, c’est le Skoda Enyaq qui prend plus le large face à son « frère » thermique, le Kodiaq 2,0 TDI 4×4 : le SUV électrique représente une économie pouvant aller jusqu’à 8 centimes par kilomètre parcourus sur une base de 10 000 km par an. Et le Kodiaq coûte encore plus cher par mois sur une base de 20 000 km par an, avec 283 € contre 183 € pour l’Enyaq iV 80.

Cette étude est-elle le reflet de la réalité ?

Cette projection se montre toujours intéressante et, comme d’habitude, est à l’avantage de la voiture électrique. Mais tout n’est pas si simple dans ce segment, où de trop nombreux paramètres doivent être pris en compte. Et cette étude oublie notamment d’intégrer dans son calcul les coûts de l’entretien, plus intéressants sur une voiture électrique, certes, mais qui ne doivent pas être oubliés pour un résultat représentatif de la réalité. Et, justement, pour mieux représenter cette réalité, c’est sur la route que ce type d’étude doit être menée, avec des véhicules essayés sur le même trajet, et ce afin d’avoir une certaine cohérence sur la base du calcul : les consommations. Ce qui n’est pas le cas de cette étude.

Les thermiques présentent des consommations bien supérieures, et finalement dans la moyenne de ce qui peut être observable dans la réalité. C’est par exemple le cas avec le Tiguan 2,0 l TDI 150, présenté ici avec une consommation de 5,1 l/100 km de diesel, soit l’appétit WLTP d’une version 2,0 TDI 200 4Motion. Mais a contrario, les consommations et autonomies qui servent de base pour les électriques sont parfaitement similaires à ce qui est indiqué par la norme WLTP. Le journal à l’origine de cette comparaison semble alors mettre la pratique d’un thermique face à la théorie d’une électrique, avec des consos fidèles aux brochures. Ce qui fausse terriblement les résultats.

Et pour ne rien arranger, les méthodes de calcul qui semblent obscures décrédibilisent le sérieux de l’étude : avec des prix et une consommation toujours supérieurs par rapport à un ID.4 Pure, le Q4 e-tron parvient par magie à se montrer plus intéressant au bilan final. Même constat entre un Audi Q5 et un Skoda Kodiaq. Notons également que chez Audi, le coût unitaire des énergies est étonnamment inférieur à ceux des autres marques (1,13 €/l contre 1,39 €/l côté thermique, 0,23 €/kWh contre 0,30 €/kWh côté électrique).

Et en fouillant les sites allemands respectifs, nous n’avons trouvé aucune cohérence dans les prix indiqués pour les voitures thermiques analysées, ceux des voitures électriques étant similaires (exception faite de l’Audi Q4 qui affiche 2 000 € de moins que sur le configurateur).

Avec son manque de précision et ses nombreuses incohérences, cette étude indépendante ne peut donc pas, hélas, être vraiment prise au sérieux. Mais cela semble réconforter Herbert Diess, le patron du groupe allemand, qui s’est empressé de partager les résultats sur LinkedIn et de se fendre d’un « It’s time to switch » (il est temps de changer), un poil trop enthousiaste.

Évidemment, on ne peut qu’apprécier les résultats de cette étude, semblable à ce que nous prônons sur notre site. Mais nous ne pouvons accepter ses incohérences afin de donner l’avantage à la technologie électrique. Mais rassurons-nous : une étude, aussi orientée soit-elle, n’est plus forcément nécessaire pour affirmer qu’une voiture électrique coûte moins cher à l’usage que son homologue thermique.