Un récent rapport publié par l’association Human Rights Watch montre que de grands constructeurs automobiles utilisent probablement de l’aluminium produit par les Ouïghours. BYD, Tesla, General Motors, Volkswagen et Toyota sont notamment cités.

BYD, Tesla, General Motors, Volkswagen et Toyota sont cités

Dans son étude, Human Rights Watch affirme que cinq constructeurs automobiles pourraient s’approvisionner en aluminium auprès de fabricants qui usent du travail forcé. On peut lire que « BYD, General Motors, Tesla, Toyota, et Volkswagen ne sont pas en mesure de s’assurer que leurs fournisseurs n’ont pas recours au travail forcé des Ouïghours ». La Chine est accusée de développer des programmes de transfert de main-d’œuvre dans le cadre desquels des Ouïghours seraient contraints de travailler dans des usines.

Cela se passe dans la région du Xinjiang, une zone désertique du nord-ouest de la Chine. Mais aussi dans d’autres parties du pays. Le gouvernement de Xi Jinping pourrait même avoir commis des crimes contre l’humanité selon un rapport des Nations Unies publié en 2022. Plus d’un million de Ouïghours seraient détenus contre leur libre arbitre. Et il pourrait donc y avoir un lien entre l’aluminium utilisé par ces cinq grands constructeurs automobiles et les programmes de travail forcé de la Chine.

La faute au gouvernement chinois ?

Pourtant, la loi est claire sur ce sujet : les importateurs de biens produits au Xinjiang doivent être en mesure de prouver qu’ils n’ont pas été fabriqués en recourant au travail forcé. En ce qui concerne l’aluminium controversé, il est presque impossible de savoir exactement d’où il vient étant donné qu’il est expédié dans d’autres parties de la Chine et transformé en alliages. L’industrie automobile mondiale s’approvisionne à hauteur de 9 % en aluminium auprès de fabricants du Xinjiang.

À lire aussi Voitures électriques : la Chine aide illégalement ses constructeurs, l’Europe en a les preuves

Selon les auteurs du rapport, les constructeurs automobiles étrangers auraient « cédé à la pression du gouvernement chinois et autorisé un contrôle plus laxiste de leurs opérations ». Cela augmente le risque de recours au travail forcé dans leur chaîne d’approvisionnement. Jim Wormington, chercheur au sein de l’association Human Rights Watch, précise que « faire des affaires en Chine ne devrait pas signifier avoir recours au travail forcé ou en bénéficier ».

Certaines marques citées dans le rapport ont répondu. C’est le cas de Toyota qui dit vouloir « examiner de près le rapport » et demande à ses fournisseurs qu’ils suivent « notre exemple et respectent les droits de l’Homme sans les enfreindre ». Volkswagen a dit que sa filiale en Chine allait « enquêter immédiatement sur toute allégation de travail forcé » et qu’elle cherchait « de nouvelles solutions pour l’empêcher ». L’allemand exploite justement une usine au Xinjiang dans le cadre d’une co-entreprise avec SAIC.

Quelles solutions pour les constructeurs automobiles ?

Il y a pourtant des solutions envisageables pour pousser les fournisseurs à plus de transparence. Les marques pourraient exiger de leurs partenaires qu’ils divulguent leurs chaînes d’approvisionnement pour plusieurs raisons. Pour identifier le travail forcé (par exemple) ou encore pour quantifier les émissions de CO2 afin de les réduire. Ou tout simplement s’approvisionner auprès de fonderies situées en dehors du Xinjiang.

Les gouvernements occidentaux pourraient aussi avoir un rôle à jouer. Selon Human Rights Watch, les États membres de l’Union européenne devraient « veiller à ce que la réglementation proposée en matière de travail forcé comprenne un mécanisme de restriction des importations ou des exportations vers des régions où le travail forcé imposé par la Chine est omniprésent ». L’aluminium devrait aussi être au centre de l’attention.

La Commission européenne pourrait également introduire une présomption de travail forcé « pour des groupes de produits spécifiques, notamment l’aluminium, provenant de pays ou de régions présentant un risque élevé de travail forcé imposé par l’État ». Cela permettrait d’interdire l’import et l’export de ces groupes de produits spécifiques. Voilà quelques pistes de réflexion afin de réduire les risques.