Journaliste automobile pour le magazine Challenges, Nicolas Meunier sort un livre au titre provocateur. Avec « L’arnaque de la voiture propre », l’auteur analyse la transformation du marché automobile depuis l’affaire du dieselgate et rappelle que la voiture propre, aussi vertueuse soit-elle, n’existe pas.
Avec « L’arnaque de la voiture propre », la voiture électrique a-t-elle droit à une nouvelle publication à charge ? Son auteur, Nicolas Meunier, balaie d’emblée l’idée et assume le côté « putaclic » de son titre. « Tout le monde confond voiture électrique et voiture propre. Le titre joue sur cette confusion pour choquer. L’arnaque de la voiture propre, c’est une vérité ! On ne peut pas produire quelque chose sans impact sur l’environnement », justifie Nicolas Meunier.
Comptant près de 150 pages, le livre n’est pas pro ou anti voiture électrique. « Face à la polarité des débats, je voulais aller dans les deux sens. La voiture électrique est une bonne solution, mais pas pour tout le monde et pas pour tout de suite. Il y a encore une phase de montée en maturité qui pose problème », estime-t-il, citant pour exemple l’évolution constante des batteries et des autonomies. « Une voiture électrique achetée aujourd’hui va être démodée dans deux ans. Pour réduire le risque de décote, beaucoup de propriétaires se tournent vers la LLD avec des modèles en général plus haut de gamme et plus lourds nécessitant plus de matières premières pour leur fabrication. Cette mode du leasing transforme la voiture en bien de consommation. Comme pour un téléphone, on va changer d’automobile tous les trois ans. Cela prend à contre-pied le concept même de développement durable qui impliquerait de garder les objets le plus longtemps possible. Aujourd’hui, cela favorise l’occasion, mais qu’en sera-t-il demain si le marché venait à saturer ? ».
Une transition à marche forcée
Normes CAFE, multiplication des Zones à Faibles Emissions (ZFE), bonus et malus écologique, etc. Tant en France qu’en Europe, le système actuel impose un virage électrique fort aux constructeurs mais aussi aux usagers. « Le problème, c’est que nous sommes face à une réglementation qui ne s’intéresse qu’à une partie du problème [les émissions à l’échappement ndlr] et non à un ensemble complet [l’analyse du cycle de vie ndlr] » rappelle Nicolas Meunier pour qui l’idéal serait de ne pas imposer de solution unique et de continuer à mixer les technologies. « La solution c’est d’aller moins vite et de ne pas forcer les gens. Si on raisonne en écologie globale, vouloir accélérer la mise à la casse de voitures récentes est un non-sens », juge-t-il.
Pour Nicolas Meunier, cette transition ne doit pas seulement venir de l’automobile. « Il faut penser à la réorganisation de la société. Par exemple en rapprochant les lieux de travail des résidences. Avec le Covid, on s’est aperçu que le télétravail marchait bien. Plutôt que de mettre les automobilistes sous pression, pourquoi ne pas enlever le besoin à la source ? », interroge-t-il.
L’arnaque de la voiture propre – Nicolas Meunier – Hugo Doc – 9,95 euros
« L’arnaque de la voiture propre » est ce que j’appelle un livre « poil à gratter ». Sans chercher à démolir la voiture électrique, il prend à contre-pied la tendance et met à mal des croyances sans doute trop ancrées dans l’esprit collectif.
Malgré un titre un poil provoc, le livre de Nicolas Meunier est bien plus nuancé dans son contenu. L’analyse est exhaustive et rappelle à quel point le sujet de la mobilité est complexe. On ne sera pas d’accord sur tout mais l’ouvrage a le mérite de sortir des raisonnements binaires qui opposent anti et pro-VE en apportant de la nuance au débat.
Commentaires
Il a raison sur le fait que de mettre à la casse des voitures thermique assez récentes et refabriquer pour la changer une voiture électrique n'est absolument pas écologique. Je possède 2 véhicules électrique et cette synthèse m'interpelle maintenant que les débats les vrais sont ouverts. Faire les choses trop vite est absolument mauvais et il y aura surement un hic un jour, et c'est pour dans pas longtemps. Les réflexions dictées par une mode ne sont jamais écologiques dans le principe.
Merci Mr Meunier de nous rappeler que l'activité humaine n'est pas neutre !!!
De nous rappeler que l'électrique n'est pas encore parfaite.
A quand votre prochain livre : "Le crime contre la nature et l'humanité de continuer à se déplacer en véhicules thermiques !!!"
Quel argument fallacieux pour vendre: "la voiture électrique n'est pas propre, donc elle n'est pas bien"
Alors que la réalité est: " la voiture électrique est bien mieux à tous points de vue que la voiture thermique, même en remplaçant une thermique ancienne. Certes, son adoption massive ne suffirait pas forcément à atteindre les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique, mais en repensant plus globalement l'usage individuel des transport, la voiture électrique contribuera largement à atteindre cet objectif".
La 2e phrase est moins simple, plus équilibrée, moins vendeuse...mais vraie!
J'espère aussi pour ce monsieur qu'il est vegan, car ce changement a lui un impact énorme et immédiat sur les émissions de CO2 et les menaces envers la biodiversité.....
Sauf que le véganisme nuit fortement à la flore faune. Disons plutot vegetarien alors.
Comme presque toujours les extrêmes sont dangereux. Une société qui bouffe trop d'animaux ruminants est pas tenable ..pas plus que de ne se nourrir que de végetaux. Un juste milieu qui existait encore il y a 30 ans reste la moins pire des solutions ...mais l'augmentation continue de la population terrestre va de toute facon tout détruire à terme...
Sur ce sujet, je doute fortement que le vrai véganisme soit nocif, car justement très varié.
Cela dit, je prône plutôt le flexitarisme, d'autant que l'argumentaire fait alors mouche auprès du plus grand nombre: Moins de viande, mais mieux. Une belle côte de boeuf 1x par semaine plutôt que des steaks dégueus pas chers tous les jours: mieux pour les sols, pour le CO2, pour l'éleveur, pour les animaux, pour le palais, et pour l'estomac :-)
Et effectivement, nos modes d'alimentation se sont énormément industrialisés avec l'augmentation de la population et de la restauration rapide, ce qui a fait du mal à toute la chaîne agroalimentaire. Il convient de revenir à des pratiques plus saines à tous points de vue.
Je voulais dire "très varié dans les aliments, entre légumes de saison, légumineux, soja, etc, etc"
On reste largement d'accord sur le fond, comme Attenborough (ou Thanos...)
Il est vrai que la tendance en augmentation à utiliser des LLD/LOA n'est vraiment pas saine.
La voiture "propre" c'est surtout la voiture qu'on conserve le plus longtemps possible, pas juste un changement de motorisation pour rouler "statutaire" pendant 2 ans pour passer sur un aure modèle neuf aussitôt...
Les VE vendus aujourd'hui en LDD/LOA vont se retrouver d'ici 2/3 ans sur le marché de l'occasion, à des prix intéressants pour ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter du neuf.
Ca m'étonnerait que les garages qui louent ces véhicules mettent à la casse des voitures relativement récentes.
Donc ça participera à la démocratisation des VEs, ce qui pour moi va dans le bon sens.
La chose qui pourrait vraiment aller dans le bon sens, c'est une réduction du nombre moyen de km parcourus / an / véhicule (je parle hors période de confinement, évidemment), donc une diminution des besoins énergétiques (quelle que soit la source d'énergie) et des consommations de matières premières (renouvellement plus lent du parc).
Oui bien sûr, mais ce serait partir du principe que tout le monde est prêt à changer ses habitudes de vie, et ça ne se fera pas du jour au lendemain.
Il y en a qui prônent un monde sans voiture, mais à mon avis c'est un peu utopiste... d'ailleurs je penses que ceux qui fréquentent ce site on tous une voiture, électrique ou non.
En attendant, il faut trouver des moyens pour limiter notre impact, et je penses que l'utilisation (raisonnée) d'un VE est un bon moyen de le faire.
L'utilisation du VE est une première marche, mais l'escalier est encore long à gravir. Je pense qu'une évolution plus profonde de nos modes de vie est incontournable. L'abandon progressif de la voiture-reine (qui est reine depuis les années 1930 seulement, soit moins d'un siècle, ce qui est infime dans l'histoire de l'humanité) pourrait ouvrir des perspectives intéressantes d'évolution de nos sociétés.
Je crois que je vais écrire un bouquin "L’arnaque du vélo propre"
Parce que si on veut chipoter rien n'est propre.
Ce qui compte c'est que la VE est plus propre que la VT, qu'elle permet de lutter efficacement contre la pollution et le réchauffement climatique.
Elle n'est pas la solution à elle seule, mais elle en fait partie et est incontournable et même indispensable.
Il est temps d'arrêter de tergiverser, d'être timoré et répondre à ces attaques, parce que même s'ils s'en défendent ce sont bien des attaques direct contre la VE, en revendiquant haut et fort l'appellation de voiture propre pour les voitures électrique, parce que dans les faits elles le sont, même si ce n'est pas à 100%.