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En attendant la révolution annoncée des bus électriques, nombre d’autorités organisatrices de transport urbain continuent de s’interroger sur les évolutions possibles de leur flotte de bus pour répondre aux exigences à venir de la loi de transition énergétique. Intrigante sur le papier, la technologie hybride-diesel se révèle être une alternative discutable à l’usage. Explications…

I. Ec = 1/2 m.V²

En France comme en Europe, la majorité des bus urbains circulent dans des villes à faible relief. De fait, en première approximation, l’énergie cinétique d’un bus urbain est égale à la moitié de sa masse multipliée par sa vitesse au carré.

Or, dans beaucoup de villes, exception faite des bus qui franchissent le périphérique, la vitesse maxi de circulation dépasse rarement 50 km/h. L’énergie regénérable à la décélération est donc très faible, ce qui limite les phases de fonctionnement où le moteur électrique seul suffit à propulser le bus.

Sur un parcours exclusivement urbain, le moteur diesel se coupe uniquement à basse vitesse et à l’arrêt. À chaque pression sur l’accélérateur, il redémarre instantanément. C’est certes moins pire que du 100 % diesel mais à l’usage, le gain annoncé en consommation n’est pas tout à fait à la hauteur du surcoût à l’achat !

Dit autrement, là où la technologie full hybrid Toyota fait merveille sous le capot d’une voiture dans nombre de situations du quotidien, dans le cas particulier des bus urbains, la technologie hybride-diesel se heurte une fois encore aux lois fondamentales de la physique. Des lois dont on ne répétera jamais assez, qu’elles ont l’immense avantage d’être têtues…

II. Quid des NOx ?

Comparativement à la filière gaz, un bus hybride-diesel est pénalisé par une motorisation qui continue d’utiliser le pire carburant qui soit en milieu urbain : le gazole. Même équipé des systèmes de dépollution avancés (FAP, SCR…), les émissions de polluants à l’échappement restent supérieures à celle d’un bus alimenté au gaz naturel ou au biogaz produit localement.

Seul lot de consolation : grâce à un meilleur lissage de la charge du moteur Diesel, les émissions de NOx sont inférieures à celles d’un bus diesel non hybride. Même constat s’agissant du bruit : en coupant son gros diesel à chaque arrêt et en le sollicitant un peu moins à chaque accélération, un bus hybride-diesel se rèvéle être sensiblement plus silencieux qu’un bus diesel ordinaire.

De l’aveu même de plusieurs exploitants, c’est d’ailleurs le principal point fort cité par les usagers et les riverains concernant ce type de motorisation.

III. Une bonne solution en dehors des centre-ville ?

C’est paradoxalement en dehors des centre-ville, là où les problèmes de qualité de l’air sont moins intenses que la technologie hybride-diesel donnera le meilleure d’elle-même : en regénérant des quantités d’énergie beaucoup plus importantes à chaque arrêt qu’en milieu urbain dense, la technologie hybride-diesel permet de réaliser jusqu’à 30 % d’économie en carburant par rapport à une motorisation diesel classique. À condition d’adopter une conduite adéquate…

C’est donc prioritairement sur des lignes urbaines reliant des poles urbains secondaires à la ville centre que cette technologie offre les résultats les plus flatteurs en terme de performance énergétique. On pourrait aussi ajouter le cas des lignes urbaines circulant en site propre intégral, sur lesquelles il est plus facile d’anticiper les phases d’accélération et de décélération pour optimiser la quantité d’énergie regénérable à chaque arrêt.

IV. Quel avenir ?

Au vu des surcoûts actuels de l’offre hybride-diesel comparativement à l’offre diesel non hybride ou gaz naturel, on peut s’interroger sur l’avenir de cette technologie.

Pour les villes ayant déjà fait le choix de passer tout ou partie de leur flotte bus au gaz naturel, la technologie hybride-diesel a peu d’intérêt tant au plan économique qu’environnemental.

Pour les autres, notamment les petites villes qui carburent encore au tout diesel, c’est une alternative qui a au moins le mérite dès aujourd’hui de rendre les transports collectifs un petit moins archaïque face aux nombreux véhicules en circulation désormais équipés d’un dispositif stop & start.

En revanche, face aux meilleurs véhicules hybrides du marché, il faudra encore patienter quelques années et l’arrivée des premiers bus tout électrique pour redonner au transport collectif une vraie longueur d’avance en matière de réduction d’émission polluante et d’efficacité énergétique.

Plus que jamais, vive le futur !