Depuis 15 ans qu’Automobile Propre existe, le monde du véhicule électrique a beaucoup changé. Le lectorat s’est aussi très diversifié. Cette vidéo qui met en scène une Tesla Model 3, une BMW préparée pour la glisse et le pilote de drift Thomas Fouillade est l’occasion de rédiger un billet sur ce passage à la mobilité durable qui peut remuer pas mal de sensibilités.
Légitimité
Pour produire un tel billet, il faut être légitime. Et ce, aussi bien dans le monde des bagnolards que de ceux qui font tout leur possible pour modérer l’empreinte environnementale de leurs déplacements. Pour faire rapide, quand je suis passé à l’électrique il y a 16 ans en 2007, c’était pour des raisons écolos. Ce qui m’a aussi amené à adopter alors Enercoop comme fournisseur d’électricité.
Auparavant, j’effectuais mes déplacements soit avec une magnifique Citroën DS 21 IE Pallas de 1971 soit avec une XM break 2 l Turbo CT au GPL. Mon épouse roulait en BX break TZI (moteur de la GTI).
Né de deux familles où les métiers de la mécanique et de la route sont très représentés, et moi-même passionné d’anciennes voitures au point d’être très investi dans le club des Bielles Meusiennes, mon passage à l’électrique pouvait paraître improbable. Avec deux enfants de seulement quelques années, j’ai voulu penser à leur avenir, d’abord avec un vélo à assistance ISD Explorer, puis avec une Renault Clio électrique de 1996.
Nouvelle mobilité
Il fallait être motivé pour se contenter de 80 km d’autonomie dans les meilleures conditions et d’une vitesse de pointe de 80 km/h. Seize ans plus tard, après bien des choix personnels, ma mobilité quotidienne est encore bien meilleure : marché, supermarché, la Poste, boulanger, banque, assurance, et même médecin, je peux tout faire à pied.
Mon actuelle voiture électrique me sert essentiellement pour de longs déplacements lors de reportages ou me retrouver en famille. Mais j’aime toujours autant conduire. J’éprouve le même plaisir au volant du Kia e-Soul que de mon ancienne XM break.
La chaîne Youtube Ayrton (SpitBike), c’est mon fils qui me l’a fait connaître. A 22 ans et sans permis, il a aussi les pieds dans les deux mondes. Il possède une BX GTI qu’il n’utilise donc pas, tout en cherchant à la conserver en bon état. En attendant, il se déplace à vélo sans assistance et pense à passer à la Citroën Ami. La mobilité, l’écologie, l’avenir du monde : tout cela est flou pour lui comme pour beaucoup de jeunes aujourd’hui.
L’électrique ne peut pas tout remplacer
Ces doutes sur un monde difficile à déchiffrer, ce sont aussi ceux d’Ayrton, le fondateur de la chaîne Ayrton (SpitBike). Ce passionné de belles mécaniques, que nous avons joint au téléphone, a proposé pas mal de vidéos autour des motos, avec une petite place pour les vélos et deux-roues électriques.
Un signe d’ouverture ? « Aujourd’hui, je travaille chez Tesla. J’aime toujours les motos thermiques et les voitures comme la Nissan GT-R. L’électrique, c’est intéressant pourquoi pas pour remplacer au quotidien une Renault Clio diesel. Pareil pour un scooter. Mais ça ne fonctionnera pas pour remplacer une Suzuki GSX-R. Un Porsche Taycan, une Tesla Model S Plaid, ça marche très fort. On s’amuse 3 fois en appuyant à fond sur l’accélérateur, mais ça ne remplace pas une sportive thermique ».
Ayrton sait être un homme réfléchi, coincé lui aussi entre les plaisirs mécaniques et une réflexion sur l’avenir : « Nous sommes dans un système qui ne fonctionne plus. On tourne en rond. Il n’y a pas assez de ressources pour tout le monde ». Aujourd’hui, l’Europe est bloquée sur l’électrique à batterie. Les biocarburants liquides et le bioGNV pourraient pourtant permettre de conserver le bruit des moteurs pour ceux qui y sont acros : « Porsche, par exemple, fait du carburant synthétique au Chili. Mais ça va être pour qui ? Pour une minorité de personnes ».
Une vidéo d’humeur
L’ancien Youtubeur a beaucoup de mal avec une certaine écologie. Il habite une région bien placée pour fournir de l’électricité d’origine solaire : « Il est question de construire des parcs photovoltaïques dans des parcs naturels. Pourquoi pas plutôt utiliser le bâti déjà existant. Les panneaux pourraient être installés à la place sur les toits des maisons, sans empiéter sur la nature ni avoir à tirer de gros câbles dans des zones naturelles ».
Cet exemple est un de plus qui lui font dire : « Le système actuel n’est pas fait pour être écologique, avec de grosses sociétés qui cherchent avant tout à faire de l’argent ».
Cette amertume, nourrit par la peur de renoncer pour rien à une passion qui le prend aux tripes, il a voulu en quelque sorte l’exprimer dans une vidéo de quelques minutes avec la complicité du pilote de drift Thomas Fouillade : « Ca faisait déjà un bout de temps que je voulais réaliser cette vidéo. Avec Thomas, on se connaît depuis longtemps. On se voyait du côté de Bassens quand je faisais de la moto sur un terrain vague et qu’il s’entraînait à faire des drifts. J’ai pu réaliser cette vidéo tout seul en une journée ».
Scénario
La sport de 3 minutes et 32 secondes présenté comme « un agréable voyage » à « la croisée de l’ancien et du nouveau » débute ainsi : « Nous sommes en 2040, cinq ans après une décision historique : l’interdiction de tous les véhicules à moteur thermique en Europe ». Un jeune conducteur, campé par Thomas Fouillade, tombe en panne d’énergie avec sa Tesla Model 3. A l’entrepôt où il a pu arriver, il trouve de quoi brancher le véhicule, mais aussi une ancienne BMW Série 3 abandonnée. Il trouve les clés, démarre, et se fait plaisir en alternant les glissades.
Le message final traduit ce que beaucoup de passionnés de mécaniques redoutent : « Dans l’avenir qui nous attend, le ronronnement d’un moteur ne sera qu’un murmure dans nos souvenirs ». Cette phrase, nombre de nos lecteurs la comprendront très bien car elle va remuer quelque chose en eux. Comme eux, j’aime rouler en électrique. Comme eux, il m’arrive d’ouvrir la vitre quand je vais croiser une ancienne, que ce soit une Citroën Ami 6 ou une Ford Mustang des années 1960.
Pire, lorsque je prends une côte avec mon VE, je me surprends à imiter le bruit d’un moteur V8 en pleine accélération associé à une boîte de vitesse automatique. Variantes : Renault 8, Citroën GS avec pot d’échappement percé, 2 CV, ou camion.
Un lectorat qui évolue avec son temps
Souci de l’environnement et de l’avenir de la planète ; plaisir de conduire une voiture électrique ; pour économiser sur le prix des carburants ; en raison de la mise en place des zones à faibles émissions ; parce que l’employeur convertit sa flotte de véhicules d’entreprises… Toutes les raisons sont bonnes pour passer à la mobilité durable, et tout ce qui permet de diminuer globalement les émissions de gaz à effet de serre et les polluants est un plus.
Comme nous le remarquons à travers les interviews que nous organisons, le lectorat d’Automobile Propre se diversifie et c’est plutôt une bonne nouvelle. C’est le signe que de plus en plus de personnes sont ouvertes à la mobilité durable.
Certaines viennent chercher de premières informations, d’autres souhaitent trouver de quoi les motiver ou les rassurer, quelques-uns sont dans des situations qui peuvent se débloquer grâce à des conseils avisés et bienveillants. Automobile Propre, c’est aussi un lieu où tendre la main et accueillir dans le respect des parcours de chacun.
Une mobilité durable plurielle ?
L’électrique à batterie et à pile hydrogène : est-ce la seule voie efficace et souhaitable pour décarboner et dépolluer la mobilité ? Personnellement, je pense que non. Les carburants de synthèse formés en partie avec du CO2 ou le bioGNV sont des pistes à ne pas négliger. Tout le monde n’aime pas les bruits de moteur. Les générations à venir y seront de moins en moins habituées, de moins en moins sensibles. Pour elles, l’électrique conviendra le plus souvent.
A ceux qui aimeront encore entendre les moulins tourner, et parce qu’une certaine liberté de choix reste nécessaire pour progresser dans le bon sens, les carburants décarbonés peuvent représenter une solution acceptable. Dans un contexte d’urgence, ouvrir des portes trop tard et en refermer d’autres trop tôt est contreproductif. De même que de casser une démarche personnelle en cours au prétexte qu’elle ne serait pas jugée 100 % vertueuse par l’un ou l’autre.
Nous sommes en retard au rendez-vous climatique. Adopter massivement la mobilité durable est urgent. Que tout le monde ne soit pas à 100 % dans cet état d’esprit, c’est une certitude et c’est compréhensible. L’interdiction de fumer dans les lieux publics a aussi été un long chemin. Il reste des fumeurs, mais l’air s’est bien assaini à ce niveau.
Automobile Propre et moi-même remercions Ayrton d’avoir bien voulu nous accorder quelques minutes pour nous confier son état d’esprit en réalisant sa vidéo d’humeur.
Mon message est rejeté. A la lecture des autres post je me réjouis je suis 100% dans le vrai, faut être tolérant mais il y a des limites, auto mobile propre., Et il y a du boulot
Beaucoup de sujets sont évoqués, et si j’étais rester sur le titre je n’aurai pas lu cet excédent article. Autant vous dire que le drift n’est pas ma tasse de thé.
il faut avoir de l’ouverture d’esprit pour ne pas avoir le poil qui s’hérisse aussi bien pour le carburant de synthèse pour faire rouler une Porsche, je pense qu’un agriculteur qui produit son huile de colza pour faire fonctionner ses tracteurs sur une partie de ses terres aurait beaucoup plus de sens où encore utiliser les toitures existantes plutôt que des installations photovoltaïques au sol. C’est une question de bon sens. Il faut donc faciliter et déréglementer ce qui va dans le bon sens et faire la guerre à la désinformation continuelle sur la réalité en matière de mobilité électrique où d’énergies renouvelables. Il faut quand même reconnaître les gros progrès sur le réseau de bornes électriques. Il faut encore faire éclaté la réalité des coûts electrique pour éviter que des pétroliers nous fasse payer le prix fort que le carburant. c’est évident qu’ils vont faire tout pour et ils ont un lobbying très fort pour cela.
une installation photovoltaïque produit pour une puissance de 100 à 500 kWc 0,126€/kWh
Difficile de justifier, une facturation à plus de 0,35€/kWh 8 mois de l’année en journée encore faudrait-il qu’il existe un tarif de l’électricité en fonction de sa disponibilité. Il existe même des tarifs de l’électricité négatif les WE en été. Il faut aussi accepter de payer plus cher quand l’électricité est plus cher en plein hiver.
Quand les modules photovoltaïques sont à 108€ TTC pour 400wc il serait temps que les français se réveillent sur la possibilité qui s’offre à eux de maîtriser une partie de leur production d’électricité et s’ils creusent un peu ils peuvent en bénéficier même sans investissement et même investir sur un projet où ils ne sont pas propriétaire de la toiture dans le cadre d’un collectif citoyens avec un projet autoconsommation collective par exemple. Le photovoltaïque s’est ouvert à tout le monde il faut simplement s’y pencher pour ne pas se faire tondre par des prédateurs qui n’attendent que cela. Le chemin n’est pas simple, mais il existe vraiment et même en France!
Les carburants de synthèse ne sont une solution en matière de rejets de CO2 que si ce dernier est capté en amont, ce qui est loin d’être simple. Quant à la pollution à l’échappement avec ces carburants (tres chers de surcroît et ce n’est près de changer), elle n’est pas vraiment moindre qu’avec le pétrole.
La nostalgie du vroom-vroom ne devra en aucun cas passer avant la pollution sous toutes ses formes, donc également sonore. Nous sommes dans un monde de plus en plus bruyant. Tous les week-end, surtout par beau temps. je n’arrête pas d’entendre des hurlements de moteurs de moto et de bagnoles sportives dans mon coin, et j’en ai assez!
Ce qui constitue une menace pour tout le monde, comme lors de chaque saut technologique, c’est le fameux effet rebond.