Les députés écologistes comptent intégrer une baisse de la limitation de vitesse sur les autoroutes à la future loi climat, attendue cet automne.

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Avec une nouvelle crise énergétique causée par la guerre en Ukraine, la rentrée 2022 va avoir des airs d’année 1973. Lors de son interview télévisée du 14 juillet, le président de la République a annoncé la mise en place d’un « grand plan sobriété » pour « que l’on puisse se mettre en situation de consommer moins ».

La priorité c’est d’économiser l’électricité, face à la crainte, cette fois bien réelle, du black-out. Il va notamment être demandé aux administrations de baisser le chauffage ou limiter les éclairages. Les grandes chaînes de supermarchés se sont aussi engagées à prendre ce type de mesures à partir du 15 octobre. Monsieur et Madame Toulemonde vont également être incités à faire des gestes, qui permettront à la fois d’éviter la coupure de jus et de réduire les factures. Il devrait d’ailleurs y avoir, comme en 1973, une campagne de communication pour éviter la chasse au gaspi !

Et du côté du carburant ? Pour l’instant, rien n’a été annoncé. Sur ce point, il n’y a pas 36 solutions pour faire des économies : il faut lever le pied. Chacun est d’ailleurs déjà libre de le faire pour réduire sa consommation et ainsi améliorer son autonomie avec un plein très coûteux. Mais peut-on en passer par la contrainte, avec une baisse des limitations de vitesse ?

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Un précédent en 1973

Petit retour en arrière : en 1973, une limitation à 100 km/h est mise en place sur les routes. Ce n’est pas lié au choc pétrolier, la réflexion étant menée depuis plusieurs années, et accélérée par un bilan de la mortalité routière catastrophique en 1972. En revanche, le choc pétrolier va aider le gouvernement à faire passer la pilule. Et il va inciter à mettre en place une limitation à 120 km/h sur les autoroutes. Celle-ci sera relevée quelques mois à 140 km/h, selon la volonté de Georges Pompidou, avant d’être fixée à 130 km/h fin 1974.

Pas de changement donc depuis… jusqu’à 2022 et son nouveau choc pétrolier ? Clairement, le sujet va s’inviter dans l’actualité de la rentrée. Dans une interview donnée au Parisien, la députée écolo Sandrine Rousseau annonce que son groupe proposera une réduction de la vitesse sur les autoroutes à l’occasion de l’étude d’un projet de loi climat… si le gouvernement n’a pas déjà lui-même retenu cette idée.

En 2020, Emmanuel Macron avait déjà rejeté catégoriquement une baisse de la limitation à 110 km/h sur les autoroutes, proposée par la Convention Citoyenne pour le Climat, conscient de l’impopularité de la mesure, surtout après les 80 km/h sur départementales. Mais cette fois, le contexte est donc différent. Il y a bien sûr la crise économique et énergétique… et le chef de l’État a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale. On pourrait bien avoir des surprises si l’idée est discutée au Parlement !

On imagine toutefois que 110 km/h aurait bien du mal à être accepté. En revanche, 120 km/h peut être le bon compromis. Et comme en 1973, la crise énergétique aiderait à faire passer la pilule !