Les chiffres de ventes de voiture électrique pour les six premiers mois de l’année sont plutôt mitigés. Que faut-il en penser ? Nous vous proposons ici deux hypothèses totalement opposées pour l’avenir du VE en France.
Les immatriculations de voitures électriques en France sont plutôt décevantes à fin Juin (voir analyse ici) en volume. Cependant, dans un marché global en baisse, la part des 100% électriques passe de 0,45% du marché à fin juin 2011 à 1,09% sur le premier semestre 2012 !
Voici donc deux scénarii pour le VE en France dans les mois à venir.
Hypothèse n°1 : Un feu de paille
« Nous sommes début 2013. Le marché de la voiture électrique s’est effondré. En effet, une fois les early adopters équipés et la flotte d’Autolib constituée, les quelques derniers clients de VE étaient les administrations appelées en renfort pour soutenir un marché quasi mort-né. Fort heureusement que les investissements pour l’installation de bornes publiques n’ont pas été réalisés.
Elles auraient pourtant été utiles, tant l’autonomie offerte par les (très chères) batteries restaient modeste : 150 Km pour la meilleure, la Renault Zoé. Il faut dire qu’il était très difficile de faire un choix dans les bornes à installer, aucune entente n’ayant vu le jour pour une quelconque norme sur les prises…
Pour revenir à Zoé, elle a d’ailleurs été complètement éclipsée par la grande sœur Clio 4 – arrivée dans les showrooms en même temps, créant la plus grande confusion dans les esprits du public – qui offre de nouvelles motorisations thermiques très économes, et sans lier son propriétaire avec un contrat de location de batterie ! Le constructeur au losange ne s’y était d’ailleurs pas trompé : il avait stoppé net son projet de fabrication de batteries à Flins, en se tournant dans un premier temps vers son allié Nissan, puis même vers LG.
Le nouveau gouvernement n’aura sans doute pas aidé non plus la filière 100% électrique en supprimant le bonus écologique de 5000 euros pour l’immatriculation d’un VE, et en encadrant le prix du carburant à la pompe, qui se retrouve à un niveau historiquement bas. Malgré ces mesures, le gouvernement n’aura pas réussi à redresser le moral des ménages en berne, qui de fait, ne prennent que très peu de risque, et se réfugient dans les valeurs sûres que représentent les solutions traditionnelles. Il faut dire que sans bonus écologique, les VE sont définitivement très chers face aux VT. Mia en a par ailleurs fait les frais en déposant son bilan fin novembre. »
Hypothèse n°2 : De bons débuts
« Nous sommes début 2013. Le marché de la voiture électrique a explosé ! Après un été dopé par les offres canons de loyers à 90 euros proposées à tour de rôle par Citroën puis Peugeot, le tournant est arrivé à la rentrée : alors que le litre de gazole atteignait un niveau record de 2 euros le litre, le gouvernement décidait de fermer les centres des villes de plus de 70000 habitants aux véhicules thermiques : le système Autolib’ a donc été dupliqué dans 35 des 70 villes concernées. Des partenariats ont vu le jour avec Bolloré, mais également avec PSA, Renault, Mia et Smart.
Ces trois dernières marques ont par ailleurs rapidement eu le vent en poupe, grâce à l’aide du gouvernement en faveur des VE fabriqués en France. Zoé, Mia et Fortwo électrique répondaient aux critères d’éligibilité, pour le plus grand plaisir des consommateurs français ! Zoé semblait être LE modèle attendu par le marché : ligne, prix, autonomie, encombrement, toutes ces caractéristiques sont plébiscitées par l’automobiliste français. Elle pèse depuis son lancement 2% du marché à elle seule.
L’arrivée de nouveaux entrants sur le marché du VE (Ford avec Focus et Transit Connect, Smart, Volvo avec la C30 et, coup de théâtre, Volkswagen avec sa Golf) n’a eu que des effets bénéfiques : l’offre a crée la demande (notamment auprès des jeunes génération plus connectées et plus écologistes), et la concurrence a enfin joué en faveur du consommateur en faisant baisser les prix !
Les infrastructures de recharge publiques ont – elles aussi ! – littéralement explosé : en plus des collectivités locales, de nombreuses grandes enseignes de grande et moyenne distribution, et également des grands noms de la restauration, ont investi pour s’attirer ces nouveaux automobilistes en leur proposant des solutions de recharge sur leurs parkings. Et ils ne se sont pas trompés. »
Conclusion
De la fiction à la réalité, vous l’aurez bien compris, ces deux récits sont des caricatures extrêmes, l’une positive et l’autre non ;-)
Mais lequel de ces deux scripts sera plus proche de ce qui nous attend d’ici la fin de cette année ? Bien malin celui qui saura répondre. Les mesures gouvernementales, les prix et les produits restent cependant au cœur du dénouement de l’histoire. Rendez-vous dans six mois pour faire le bilan !
C’est marrant de voir que même dans le meilleur des scénario, il n’était pas prévu que le bonus écologique pour les VE soit augmenté :-)
Oui évidemment, le CO² de masse devra être «pompé en force» pour les usines du type BFS à Alicante. On peut aussi transporter du CO² par un gazoduc dédié reliant les centrales à charbon et au gaz à ces usines BFS installées pas trop loin. Mais ça, c’est seulement pour faire du carburant « pseudo-vert » de masse rapidement. Car la source du carbone continuera de provenir du fossile, mais qui pourra cependant être utilisé une seconde fois en attendant mieux. Sinon pour le carburant « vert », la Nature à l’air libre peut s’occuper toute seule de l’absorption du CO² de l’atmosphère. A l’image du Brésil avec son éthanol.
Alors bien-sûr, on n’est pas le Brésil ! On ne pourra pas fournir l’équivalent des 2 millions de barils journaliers que demande la France actuellement ! Mais, avec l’introduction des VE et surtout des VEHR à 90% des trajets en électrique et 10% en thermique, la demande se réduira à terme à 200000 barils/jour, et là c’est jouable, en faisant une bonne gestion des terres en jachère et en développant les fermes marines. Je ne vois vraiment pas « d’impossibilité ». On pourrait même ramasser nos tontes de gazon et déchets végétaux (peaux d’oranges, de mandarines et de bananes) pour en faire du carburant alcoolé.
Quant au CO² qui sort de notre moteur (hybridé) sur les routes, les « ballons » à CO² seront les arbres et les champs de miscanthus, résidus de culture alimentaire, etc. Ce qu’il faut bien comprendre est que la Terre peut réguler son CO² à condition de ne pas en envoyer plus que ce qu’elle peut recycler toute seule. Alors bien-sûr, on peut l’y aider en augmentant les rendements par le « génie humain », type BFS. Voir : http://bfs-france.com/commercial.html
Quant au nombre de VE en charge lente, en hiver rigoureux le soir entre 22h et 7h du matin, les creux disponibles en puissance ne sont que de 10GW, ce qui ferait environ 3 millions de VE en même temps. N’oublions pas aussi qu’il faudra « électrifier » le chauffage issu des chaudières au gaz et au fioul, si nous voulons respecter les règles CO². En été, cela pourrait monter effectivement à 25 millions, mais pas-plus avec nos 19 centrales nucléaires actuelles, qui seront toutes à fond ! Et ne pensez pas que les gens vont être « citoyens » et ne pas brancher leur VE toutes les nuits (car il y aura toujours le fameux « au-cas-où »). Ça va chauffer dans les lignes THT en été, avec peut-être des coupures !
Alors, c’est vrai, nos chargeurs embarqués pourraient être plus « intelligents ». En fonction du besoin programmé au tableau de bord, de ce qui reste dans la batterie et des infos circulant sur le réseau EDF, on pourrait gérer le parc branché pour mieux dispatcher les énergies entre les régions, de sorte à en mettre plus sur le réseau. Mais cela induira forcément de lourds travaux d’infrastructures et ne sera sûrement pas mis en place d’ici-à 2030, vu comment c’est parti !
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Euh … le pétrole « vert », enlève du CO² de l’atmosphère.
Car, le puisant pour faire grandir la plante ou l’algue verte, une grande partie est certes recyclée, mais le reste est enfoui soit dans le sol (racines), soit au fond des mers (dans les sédiments) qui feront plus tard du nouveau pétrole. Bilan, on enlève du CO² petit-à-petit et on le recycle en O², ce qu’a d’ailleurs fait la végétation sur terre depuis des millions d’années.
Non le moteur électrique, n’a pas un rendement constant à tous les régimes et à toutes les charges. Au couple nominal, il passe par un maximum (> 92%) au 2/3 de sa vitesse max. Aux basses vitesses et à faible couple, le rendement diminue aussi, même si c’est beaucoup moins que le thermique, qui lui, s’effondre carrément.
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C’est dingue ce que tout le monde ici as du mal à fixer ses idées…
A ceux qui prônent le grand retour du pétrole et sa surproduction : Avez-vous oublié pourquoi vous êtes ici? Vous êtes sur un blog concernant les véhicules propres. Alors le pétrole, vert ou pas, rejetera toujours autant de CO² qu’avant surtout si il brûle dans les même voitures qu’avant! Certes il s’agit de CO² recapturé et réintégré, mais jamais transformé! Donc on ne réduit pas les gaz à effet de serre, au mieux, on en stabilise la teneur.
Ensuite, une voiture, roulant au pétrole vert ou pas, rejetera toujours malheureusement bien d’autre choses dégeulasse, nocive immédiatement pour la santé (particule pour le diesel en particulier, le FAP ne solutionnant pas complétement le problème, surtout que je suis sûr, à entendre le coût d’entretien d’un FAP, que peu d’entre vous le font remplacer comme le constructeur le préconise!)!
Autre problème faut-il le rappeller : le rendement d’un moteur thermique : il est non seulement très mauvais, mais aussi très loin d’être constant! Le rendement maximal ne s’obtient qu’à des vitesse et régime moteur bien précis!
A contrario, sur une véhicule électrique, le rendement est de l’ordre des 80% et est optimal pratiquement quelque soit la vitesse!
Alors même si il fallait recharger nos véhicule sur des groupes électrogène à pétrole, ceux ci tournant à vitesse constante et de manière optimal, le bilan carbone et autre polluant sera toujours inférieur à celui d’un véhicule qui roule directement au pétrol.
Ensuite, la voiture électrique, c’est aussi justement la liberté de choisir son énergie « comme on le souhaite »… on peu transformer à peu près n’importe quelle source d’energie en électricité… l’inverse n’est pas possible pour le pétrole!
Et bien Edouard, merci pour cette analyse, certes très contrastée, mais qui permet de bien appréhender les deux hypothèses possibles sur l’avenir du VE. Tout d’abord, c’est vrai, elles sont extrêmes, « feux de paille » est un peu fort, et avoir 2% du marché en 2013 (partant, disons de 0.25% en fin 2012) sont peut-être un peu trop optimistes ! Puis, il faut bien faire la différence entre le VP et les autres véhicules (quadricycles, deux-roues, VUL, etc…) car l’évolution du marché ne sera sûrement pas le même.
Parlons donc que de voiture particulière (888 VP vendus au 1er semestre 2012) donnant une véritable image du besoin de Mr Toutlemonde. Moi, je pense que le VE particulier va progresser tout doucement. Je pense au début, à un doublement des ventes chaque année. Pour faire 2% en 2013, il en faudrait au moins 40000 VE. Ce qui me semble beaucoup, à l’égard des 2000 estimés d’ici à la fin 2012. Si avec la ZOE, on arrive déjà à en vendre 10000 en 2013 (0.5%) cela sera déjà bien ! Puis viendront 1% en 2014 et 2% en 2015. A cette date clé on en aura produit environ 75000.
Après ce palier stratégique de 2015, tout dépendra de la réduction du prix de la batterie. Si celle-ci reste chère (> 400€/kWh), le VE en VP stagnera au profit des VEHR qui sortiront à cette échéance. Si elle baisse significativement (< 250€/kWh) alors la progression continuera. Mais avec un doublement de la production moins rapide, au prorata des baisses consenties sur le prix de vente global du VE. Et si les aides Etatiques sont maintenues d’ici là !
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Bon, sur les deux hypothèses, je pense que la réalité se trouve sur une option médiane. la voiture électrique est inéluctable, mais cela prendra en peu plus longtemps que prévu. 2013-2014 pour le démarrage, plutôt que 2012.
nous pouvons donc passer de 100ve à 10ve simultanément soit 36.8kw ! le quartier peut recharger 20 ve par nuit, 140 par semaine ! Et nous sommes effectivement loin de tous cela avec nos quelques milliers de ve en France.
Mirât, ça implique tout de même que la moindre prise du réseau soit pilotée par un système global qui soit capable de prioriser l’alimentation des appareils connectés au réseau tout en intégrant des données telles que « je dois absolument recharger durant les 2h qui viennent, je dois me rendre à rdv » etc…
Est ce techniquement réalisable ? Très probablement.
Est ce économiquement viable ? Là j’avoue avoir quelques doutes.
Je précise également qu’en aucun cas je ne suis contre le VE sinon je ne lirai pas ce blog. Ca n’empêche pas de faire preuve d’un peu de réalisme.
16A si tu veux soit 3.68Kw, ce qui ne change pas grand chose.
L’Energie est stockable dans le VE mais il est difficilement concevable que la gestion de leur consommation soit « intelligente », c’est à dire qu’ils n’utilisent le réseau que lorsque celui-ci peut les approvisionner sans risque.
Si je prends l’exemple du nord de Paris, le réseau est considéré comme plein par ERDF car il ne peut plus répondre à des sollicitations supplémentaires. Les gros consommateurs s’installent maintenant au sud.
Oui mais on programme la charge pendant les heures creuses, les batterie n’ont pas besoin d’être chargées de 20h a 7h. Le problème serait d’informer correctement les gens…. si tous les ve du quartier se mettent en charge à 23h c’est parfait. Sachant. Que tout les ve ne se recharge pas en même temps tous les soirs. Suivant la moyenne nationale, un citoyen normal n’aura besoin que d’une ou deux charges par semaines.
Ne pas oublier non plus le smart grid qui à l’heure de pointe pourra un jour peut être jouer un rôle important !
Le pétrole vert c’est ce truc obtenu à grand renfort d’engrais, de pesticide, et de pétrole noir, qui affame la moitié de la planète pour que l’autre moitié puisse continuer à rouler dans des voitures polluantes ?
Le litre de gazole à 2€, ce n’est pas la voiture électrique qui le provoquera, donc ne confondons pas les causes et les effets. Si ca doit arriver, ca arrivera encore plus vite si on ne développe pas la voiture électrique et les modes de transport alternatifs. Le drame sociale s’il doit avoir lieu aura lieu, avec ou sans VE, et la voiture électrique est la solution, pas le problème qui est la voiture a pétrole.
Quant au réseau électrique il existe déjà, ainsi que les moyens de production, qui sont largement dimensionné pour subvenir à l’alimentation de plusieurs millions de VE, et quand bien même il faudrait investir quelques milliards, ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport à ce que nous coute (en euros et en nuisance) la dépendance au pétrole en matière de transport. Déplus ça serait de l’investissement sur notre sol qui créerait de l’activité et des richesses, pas de l’argent jeté par les fenêtres servant a nourrir les délires des rois du pétrole.
Hypothèse n°3: mis figue mis raisin.
Les véhicules électriques se vendent mais en petite quantité. Le marché global des ventes est morose tandis que le marché de l’occasion reste soutenu. Les hybrides rechargeables comme la Prius et surtout la Volt et l’Ampéra sont parmi les seuls véhicules à avoir des hausses importantes. Vers la fin de l’année Saab et BYD secouent le marché en annonçant la sortie de leurs propres modèles. Pour contrer ce mouvement VW décide finalement de lancer simultanément sa Golf, sa Passat et son Audi A4 électrique équipée avec le prolongateur Wankel d’AVL. Renault et PAS se retrouve en difficultés et décident de fusionner pour réduire les frais. 30% du personnel est licencié et 2 usines sont fermées. La direction de la nouvelle entité Renault-Peugeot-Citroën décide de revoir sa stratégie et ajoute un prolongateur d’autonomie comme option aux véhicules électriques de sa gamme. La guerre Israël-Iran provoque une hausse du baril à 2 €/l. La Russie s’opposant à une intervention de l’ONU, le pétrole augmente à 3 €/l suite à la décision de l’union européenne de diminuer de moitié ses importations de Russie. Le prix des carburants sauve les électriques de RPC mais ruine les ventes des modèles thermiques classiques.
(Cette hypothèse n’est qu’une hypothèse sans plus, merci de rester courtois dans les réactions éventuelles)
C’est marrant, pour moi la vision de cauchemar c’est l’hypothèse 2.
Un drame social pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’équiper (oui même à 90€), l’exclusion des centres villes pour la majorité des banlieusards, un état en faillite après avoir investi des milliards dans un nouveau réseau électrique supportant toutes ces bornes, une économie qui s’écroule avec un litre de gazole à 2€ impactant tous les transports routiers…
Et ça ça vous donne envie ? Une bombe nucléaire aussi ?
Je vote hypothèse 1.5, le développement de l’hybrid, des moteurs thermiques qui consomment moins et du pétrole vert.
J’aime ces scenarii, on dirait du Jacques Attali !
D’où vient le 1,09% ?
Quelle vision de cauchemar vous offrez dans votre première hypothèse ! En tant que early adopter d’une Mia (livraison prévue dans 2 jours), j’espère vraiment que vous vous êtes trompé !
Il est probable (et souhaitable) que la vérité est située entre vos deux hypothèses : un développement lent, mais constant, du marché des VE.
Je suis persuadé d’une chose : plus on verra de VE sur nos routes, plus les hésitants oseront franchir le pas.