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Et si les voitures hybrides rechargeables et à prolongateur d’autonomie étaient autorisées après 2035 ? C’est une piste soulevée par le lobby automobile européen pour ne pas « plomber » les constructeurs du Vieux continent et risquer des fermetures d’usines. Un récent rapport montre que cette alternative pourrait avoir des conséquences négatives pour les consommateurs.
Si la Commission européenne souhaite toujours mettre fin à la vente de voitures thermiques et hybrides en 2035, des industriels et des États membres de l’Union tirent la sonnette d’alarme. Par la voix de l’ACEA (l’Association des constructeurs automobiles européens), ils réclament des flexibilités. Certains proposent notamment d’autoriser les voitures hybrides rechargeables et à prolongateur d’autonomie après l’échéance fixée par Bruxelles. Mais si la Commission cède, cela ne sera pas sans conséquences.
Selon l’étude de l’Institut Mobilités en Transition (IMT), maintenir la vente des véhicules hybrides rechargeables et à prolongateur d’autonomie après 2035 serait une fausse bonne idée pour les consommateurs. Sur la période 2035-2040, leur coût total de possession resterait systématiquement supérieur à celui des voitures 100 % électriques, quels que soient le type de véhicule et le profil d’usage. En moyenne, un PHEV neuf coûterait 7 % plus cher qu’un véhicule électrique équivalent à l’usage, et jusqu’à 18 % sur de l’occasion.
Cette différence s’explique par une double motorisation coûteuse, un entretien plus cher (par rapport au tout-électrique) et une valeur résiduelle incertaine sur le marché de l’occasion. L’étude souligne que ces coûts additionnels pèseraient surtout sur les ménages modestes, davantage représentés parmi les acheteurs de véhicules de 5 à 15 ans.
Le rapport met en évidence un risque de « transition à deux vitesses ». En France, seule la moitié la plus aisée des ménages accède aujourd’hui au marché du neuf, tandis que les plus modestes achètent majoritairement des voitures d’occasion. Si les hybrides rechargeables restaient disponibles après 2035, les ménages aux revenus faibles supporteraient une part disproportionnée du surcoût lié à leur utilisation, et cela pourrait indirectement accentuer les inégalités d’accès à une mobilité abordable.
Objectif 100 % électrique en 2035 : les constructeurs automobiles n’y croient plusPar ailleurs, le maintien des PHEV et des EREV risque de retarder la constitution d’un marché de l’occasion électrique accessible. Voilà qui pourrait également freiner un peu plus l’arrivée des véhicules zéro émission dans les foyers les plus modestes.
Sur le plan environnemental, les conclusions de l’IMT sont tout aussi claires. Les auteurs du rapport rappellent que les PHEV et EREV émettent nettement plus de gaz à effet de serre sur l’ensemble de leur cycle de vie qu’un véhicule électrique. Même avec l’usage de biocarburants, les émissions resteraient supérieures d’environ 60 à 70 %. La production d’électricité européenne, appelée à devenir plus décarbonée d’ici 2040, renforcerait encore l’avantage environnemental du tout-électrique.
À l’inverse, prolonger la dépendance aux carburants fossiles reviendrait à pénaliser la souveraineté énergétique de l’Union. En effet, avec cette dérogation nous serions obligés de maintenir des importations de pétrole et de biocarburants souvent produits hors d’Europe. Sur ce point, l’IMT estime que reculer la bascule vers le 100 % électrique fragiliserait la compétitivité industrielle européenne. Enfin, cette flexibilité risquerait de ralentir l’investissement dans les batteries et les secteurs liés.
En définitive, maintenir les hybrides rechargeables après 2035 n’est pas un bon calcul. Cela reviendrait finalement à retarder la transition sans bénéfice tangible, ni pour les automobilistes, ni pour le climat. Par conséquent, l’IMT recommande de « maintenir l’interdiction de vente de véhicules partiellement thermiques après 2035, tout en complétant les normes d’émission à l’usage, par des règlements, labels ou éco-score qui visent à privilégier les véhicules plus sobres, plus efficients et plus réparables ».
Les auteurs du rapport estiment également qu’il est nécessaire d’accélérer le « soutien à la production de petits véhicules électriques made in Europe ». Il sera aussi utile de « consolider la politique industrielle européenne » en « encourageant les investissements dans la filière batterie, les infrastructures de recharge et les compétences associées ».
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