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Il y a 4 ans de cela seulement, nous étions peu nombreux à imaginer que les constructeurs automobiles allemands seraient au rendez-vous de la révolution électrique. Culte de la puissance, du très haut de gamme rempli de cylindres, de l’Autobahn no limit : l’industrie automobile allemande a bâti sa réputation sur des produits (trop) puissants, (trop) luxueux, à grand renfort de pétrole. Mais les temps changent. Les géants allemands n’ont pas l’intention de laisser passer le train électrique. Les consommateurs encore moins. Explications.
Alors qu’en France, le véhicule électrique pâti d’une électricité souvent jugée trop nucléaire, de l’autre coté du Rhin, le VE s’annonce déjà comme le grand bénéficiaire de la transition énergétique allemande. Une transition ni toute rose, ni toute verte mais qui a au moins le mérite d’apporter un début de réponse aux défis énergétiques à venir.
Malgré les conséquences que l’on sait sur le marché de gros de l’électricité, les allemands sont en passe de réussir un tour de force majeur : produire plus de 20 % de l’électricité consommée à partir de sources renouvelables intermittentes, en tête desquelles l’éolien et le solaire photovoltaïque. Pour aller au delà, le stockage de l’électricité durant les pics de production va très vite devenir indispensable. Sous certaines conditions, le VE pourrait alors devenir un élément-clé des prochaines étapes de l’energiewende (= transition énergétique en Allemand). C’est particulièrement vrai vis-à-vis du solaire photovoltaïque, qui durant certaines heures de la journée, est déjà en mesure de recharger plusieurs centaines de milliers de VE un peu partout en Allemagne, à des prix très compétitifs…
Que ce soit BMW, Volkswagen/Audi ou encore Mercedes, les géants allemands sont tous d’accord sur un point : la décennie en cours va définitivement marquer la fin du tout pétrole dans l’industrie automobile. Dès lors, inutile de s’entêter à vendre des voitures en vantant leur vitesse de pointe ou leurs accélérations si elles sont incapables de rouler en mode zéro émission, en milieu urbain notamment.
À ce propos, rappelons que les constructeurs français n’ont jamais eu à rougir face à leurs homologues allemands en matière de performance environnementale. Il faut juste souligner que ces dernières années, l’écart entre les constructeurs français et allemands s’est sensiblement réduit au point de faire désormais jeu égal sur plusieurs modèles de grande diffusion.
Pour le futur proche, les constructeurs vont s’attacher à électrifier progressivement leur gamme faute de quoi, les consommateurs pourraient se tourner vers d’autres produits. C’est déjà le cas en Californie ou en Norvège où la Tesla S rencontre un vif succès… au détriment du haut de gamme allemand.
Piqués à vif, les constructeurs allemands vont donc devoir réagir et vite. Avec la gamme « i », BMW maîtrise déjà les principales déclinaisons possibles autour de l’électrique : 100 % électrique, électrique à prolongateur d’autonomie, hybride rechargeable. La commercialisation prochaine d’une version e-Drive sous le capot du gros X5 va confirmer que les investissements importants consacrés en faveur de BMWi ont vocation à être intégrés, au moins en partie, au reste de la gamme BMW.
De son coté, le géant Volkswagen poursuit à pas de velours, sa stratégie en faveur de l’électrique avec un avantage potentiel que beaucoup lui envient : une force de frappe financière considérable qui lui a déjà permis de rattraper une bonne partie de son retard en matière de propulsion hybride et électrique. Et le meilleur reste à venir…
Il est fréquent de lire sur la toile que la stratégie électrique des constructeurs allemands vise avant tout à répondre aux exigences environnementales de certains pays et/ou Etats du monde ainsi qu’aux attentes des consommateurs qui ont compris avant les autres que le futur de l’automobile sera nécessairement électrique. Ce n’est pas totalement faux mais c’est oublier un peu vite, qu’au pays de l’automobile toute puissante, le marché allemand reste un marché très important pour les constructeurs germaniques.
Un des leviers sur lesquels les champions du premium ont bien l’intention de s’appuyer pour écouler leurs nouveautés hybrides et électriques, c’est l’autopartage.
Aux antipodes de l’Autolib’ parisien, l’autopartage en Allemagne rime avec premium (rien de très surprenant me direz-vous…). Le service DriveNow, 1er service d’autopartage en Europe, compte à ce jour plus de 250 000 membres et affiche un taux de croissance à 2 chiffres dans la plupart des grandes villes allemandes. DriveNow est le reflet d’évolutions comportementales irréversibles qui sont en train de faire évoluer l’automobile de la propriété individuelle vers celles des services en mobilité.
Des services qui permettent déjà aujourd’hui de faire mieux avec (beaucoup) moins et qui le permettront plus encore demain au fur et à mesure de leur déploiement.
Patriotisme économique oblige, jusqu’à présent, l’offre en véhicules partagés est très majoritairement – pour ne pas dire exclusivement – « made in Germany ». Les motorisations hybrides (rechargeables) et électriques faisant indiscutablement partie des plus pertinentes à proposer à l’intérieur des grandes centres urbains dans lequel les services d’autopartage se développent, pas question pour les champions nationaux de laisser la place à la concurrence étrangère…
Annoncé il y a quelques jours sur ce blog, l’investissement dans un réseau de 400 bornes de charge rapides d’ici à 2017 en grande partie financé par les constructeurs, marque une volonté de passer à la vitesse supérieure dans les toutes prochaines années. Même électrique, pas question de priver l’automobiliste allemand d’Autobahn (= autoroute) au motif que l’autonomie offerte par la plupart des VE aujourd’hui disponibles est peu compatible avec les trajets autoroutiers.
Vous l’aurez compris, au pays de l’automobile toute puissante qui rime encore très (trop) souvent avec moteur thermique surdimensionné, pneus ultra larges et raffinement extrême, l’électrique a bien l’intention de réussir à percer même en l’absence de gros bonus écologique à l’achat…
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