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Quelques jours après la présentation du Tesla Cybercab, la plupart des observateurs s’accordent à dire que l’entreprise n’a pas été à la hauteur des attentes. Elon Musk n’en finit plus de promettre un avenir révolutionnaire pour Tesla. Si le concept présenté le jeudi 10 octobre est plutôt séduisant, de (trop) nombreuses questions restent encore en suspens.
Attendu depuis près de 10 ans, le Cybercab est enfin là ! Elon Musk a dévoilé un prototype de taxi autonome dépourvu de volant et de pédales. Un véhicule compact, au design audacieux, doté de portes papillon, entièrement électrique et autonome. Un prix annoncé aux alentours de 30 000 dollars. Quelques phrases pré-faites sur la sécurité, le confort et une prétendue « révolution » des transports. Mais c’est tout.
Avec son événement « We, Robot », Musk avait un objectif : vendre du rêve. Sur cet aspect, on peut considérer que la mission est accomplie. Mais l’industrie en attend davantage. Tesla prépare-t-il réellement l’avenir de la mobilité ? Après la présentation soporifique du 10 octobre, on peut sérieusement se poser la question. Les gens ne veulent plus de fausses promesses. Ils veulent du concret.
Malheureusement, le Cybercab semble, comme beaucoup d’autres projets en lien avec la conduite autonome chez Tesla, s’inscrire dans une longue série de promesses sans échéances clairement définies. Elon Musk parle de « voitures sans conducteurs » depuis 2016. Il n’a eu de cesse de répéter que l’autonomie complète n’était « qu’à deux ans d’une réalisation tangible ». Mais la marque n’y arrive pas.
Aujourd’hui encore, le constructeur promet que le Cybercab sera prêt dans 2 ans, « d’ici à 2026 ». Mais en annonçant une telle échéance, Musk n’a convaincu personne. Le milliardaire aurait pu profiter de cet événement pour dissiper les inquiétudes de la communauté Tesla concernant les technologies de conduite autonome. Il aurait pu dévoiler des données précises sur les capacités du Cybercab.
Il aurait même pu surprendre l’industrie en indiquant l’intégration de capteurs LiDAR. Une technologie utilisée par la plupart des autres constructeurs, mais que Tesla continue de rejeter au profit de son système de vision basé sur des caméras. Mais rien de tout cela n’a été fait. À la place, le patron de la marque américaine a opté pour un grand show avec des robots qui dansent afin de divertir les invités.
À lire aussiTesla Robovan : une navette électrique et autonome capable de transporter jusqu’à 20 passagersPour dire les choses franchement, l’absence de détails concrets sur le fonctionnement du Cybercab alimente les doutes quant à la commercialisation possible d’un véhicule autonome chez Tesla. Le software est la clé de la conduite autonome. Pourtant, la firme d’Austin a osé organiser un événement sur les technologies de conduite autonome sans même aborder une seule fois la question des logiciels.
Et ce n’est pas tout. Voici au moins cinq autres sujets qui auraient dû être abordés lors de l’événement du 10 octobre : la réglementation, la responsabilité, l’assistance à distance, l’entretien de la flotte, la détection des urgences. Certains diront que ce n’était qu’une première présentation. Mais ces sujets sont essentiels pour mettre sur les routes des véhicules dotés de technologies de conduite autonome.
Pour faire circuler son Cybercab sur les routes publiques, Tesla devra affronter de nombreux obstacles réglementaires. Aux États-Unis, quelques entreprises ont déjà obtenu l’autorisation de déployer des flottes sans conducteur. Pour cela, il faut être en capacité de démontrer que les véhicules en question sont « plus sûrs que ceux conduits par des humains ». En 2024, les technologies de Tesla ne sont pas prêtes.
Pas de volant ni de pédales. Pourquoi pas, mais cela risque de poser problème. Les véhicules autonomes de niveau 4, comme ceux de Waymo, disposent de commandes manuelles en cas de défaillance du système. Le Cybercab, lui, en serait totalement dépourvu. Pour être autorisé à circuler, Tesla devra donc obtenir des dérogations spécifiques du gouvernement fédéral, un processus qui s’annonce long et complexe.
Les accidents impliquant des véhicules autonomes sont généralement très complexes. Plusieurs raisons peuvent être à l’origine d’une défaillance. Les systèmes de vision peuvent être perturbés par des conditions météorologiques défavorables, notamment la neige et le brouillard. Les logiciels des voitures autonomes peuvent également être piratés. Il faut être capable de déterminer la responsabilité de l’opérateur.
Si un Cybercab sans conducteur provoque un accident, qui sera tenu pour responsable ? Jusqu’à présent, Tesla a tout fait pour éviter d’assumer la responsabilité juridique des incidents impliquant ses systèmes d’aide à la conduite. Si l’entreprise persiste dans cette voie avec le Cybercab, l’incertitude juridique pourrait devenir un frein majeur à son adoption, tant pour les régulateurs que pour les utilisateurs.
Tandis que le constructeur américain fait le spectacle avec son Cybercab, d’autres acteurs avancent. Et ils avancent vite ! En Chine, Baidu a déjà lancé son propre robotaxi, le Yichi 06. Il a déjà parcouru 32 millions de km en mode totalement autonome. Équipé de 5 capteurs LiDAR et de 40 capteurs classiques, le Yichi 06 prouve que Tesla a déjà un train de retard dans le secteur de la conduite autonome.
Le Yichi 06 est un monospace électrique créé conjointement par JMC et Apollo. Il a un style minimaliste, des portes arrière coulissantes, un seul feu arrière et 4 places à l’intérieur. Ses dimensions sont les suivantes : 4 765 mm en longueur, 1 885 mm en largeur et 1 715 mm en hauteur. Il est équipé d’un seul moteur électrique de 147 ch sur l’essieu avant et alimenté par une batterie LFP interchangeable.
Celle-ci peut-être remplacée en seulement trois minutes. Comme pour le Cybercab, il n’y a pas de volant dans le Yichi 06. Cependant, contrairement au prototype de Tesla, le modèle chinois est équipé d’un système de conduite autonome extrêmement sophistiqué. Comme Baidu, de nombreuses entreprises sont aussi spécialisées sur ce marché. Citons WeRide, Momenta, Xpeng, Waymo ou encore Cruise.
À lire aussiEst-ce la fin de la voiture individuelle ?L’idée n’est pas de dire que Tesla n’y arrivera pas. Mais plutôt qu’il est temps de se réveiller et d’apporter des éléments concrets. La firme d’Austin a déjà prouvé qu’elle était capable de révolutionner l’industrie automobile et de bouleverser des acteurs établis depuis des dizaines d’années. Mais cette fois-ci, Tesla est en position d’outsider. On peut donc se demander si la marque aura les capacités pour revenir.
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