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Poussé par un client très attaché à l’électromobilité pour des raisons écolos, Cyril Hautemaniere a testé un fourgon électrique Renault Master en prévision du remplacement futur de son vieil Iveco Daily diesel.
C’est en plein premier confinement Covid que Cyril Hautemaniere a repris dans la Manche une des plus anciennes exploitations maraîchères bio de son secteur : « Comme elle a été créée dans les années 1990, c’est la plus ancienne sur le marché de Saint-Lô ». Selon les saisons, il propose à ses clients des salades, pommes de terre, carottes, céleris, betteraves, patates douces, panais, rutabagas, choux, tomates, aubergines, poivrons, melons, fraises, etc. : « Avec mon épouse, nous sommes cinq plus une personne à mi-temps ».
Pour livrer ou étaler ses fruits et légumes sur les marchés, le commerçant utilise actuellement un Iveco Daily diesel : « Il était déjà dans la ferme quand j’ai acheté l’affaire. Equipé d’une caisse frigo qui ne marche pas, il doit avoir une vingtaine d’années. Son bloc moteur 3 litres très simple fonctionne très bien. Comme nous sommes en bord de mer, il présente quelques traces de rouille mais passe très bien le contrôle technique ».
Se définissant comme quelqu’un assez « attaché aux vieilles choses », l’exploitant normand est ouvert aux VE: « Peut-être qu’un jour j’aurais des véhicules électriques. Je pensais plutôt à une petite camionnette du style Renault Kangoo. L’idée du Renault Master E-Tech est partie d’une discussion avec Dominique, un de mes clients. Il a réussi à me convaincre de l’essayer, ne serait-ce que par curiosité, même si c’est encore un peu tôt pour moi d’en envisager l’achat ».
S’il s’agit de remplacer l’Iveco Daily, Cyril Hautemaniere a pensé à un cahier des charges tiré de ses habitudes. Il ne souhaite pas avoir à recharger la batterie en cours de route : « Quand je reviens des marchés, je suis en général bien fatigué et je n’ai pas vraiment envie de devoir m’arrêter pour cela. J’aimerais donc pouvoir recharger à la ferme, idéalement en partie avec des panneaux solaires que je compte installer sur place ».
Avec la batterie d’une capacité énergétique de 87 kWh, Renault promet pour son Master E-Tech une autonomie en cycle mixte qui pourrait s’étendre jusqu’à 460 km : « Pour aller à Saint-Lô et revenir [NDLR : 150 km AR environ] ou Cherbourg [NDLR : Un peu moins de 60 km AR], ça irait à priori. Bien que j’envisage d’acheter une remorque alu de marché qui sera à plus d’une tonne à l’aller. Ce véhicule pourrait-il la tracter ? Il y a aussi que je vais le jeudi à Deauville ». Selon la brochure commerciale, ce fourgon offrirait une capacité de remorquage de 2,5 tonnes.
Rejoindre et rentrer de Deauville représente 330 km. Le Master électrique aura-t-il suffisamment d’autonomie pour cela, y compris en hiver ? Pour y répondre, le maraîcher bio et son client ont voulu tester le comportement du fourgon branché dans des conditions de charge proches d’une utilisation réelle : « J’avais en stock deux sacs de chacun 600 kg d’amendement. Il s’agit de calcaire. Il n’a pas été difficile de les loger dans le véhicule, le premier par la large porte coulissante latérale et le second par l’arrière. Ca, c’est plutôt bien, même si j’aurais aimé pouvoir ouvrir à 360 degrés les portes de derrière ».
Le tracé imaginé pour l’essai du Renault Master E-Tech s’est étalé sur 344 km au départ et à l’arrivée de la concession Renault de Cherbourg : « En effectuant mes livraisons, je suis allé récupérer le véhicule, batterie pleine, mardi 18 mars 2025 au matin, direction Montfarville où se situe mon exploitation. C’est là que les deux palettes pour un total de 1 200 kg ont été chargées dans le fourgon ». Sur le parcours, l’utilitaire a parcouru 288 km avec les deux sacs de calcium en passant par Carentan, Baudre, Tessy-Bocage, Caen et à nouveau Carentan avant de revenir à la ferme. Ce sont donc 56 km qui ont été avalés à vide.
Cyril Hautemaniere n’avait encore jamais eu l’occasion de recharger les batteries d’un véhicule électrique. Pour cette raison, mais aussi pour vérifier que tout fonctionne bien, les deux premiers arrêts en station n’ont pas servi à beaucoup augmenter le niveau d’énergie. Ont été ainsi ajoutés 0,63 kWh sur le site multi-énergie e-Charge50 de Carentan, puis 5,05 kWh à un superchargeur Tesla près de Caen : « C’est relativement simple et on arrive vite à connaître la méthode à suivre ».
Sur le trajet du retour, la nouvelle halte recharge à Carentan à permis de récupérer 31,19 kWh d’électricité à une puissance longtemps vue dans les 130 kW. Sous une température moyenne inférieure à 10° C et un vent d’est à 20 km/h, le Renault Master E-Tech a consommé 106,5 kWh d’énergie. Ce qui donne une consommation moyenne de 31 kWh/100 km en conduite douce bridée par le mode Eco. La boucle comprenait 267 km de voies autoroutières et 77 km sur des départementales.
Avec une consommation de 31 kWh/100 km, l’autonomie est au mieux de 280 km avec cette batterie de 87 kWh. Pour Dominique, « il est impossible d’effectuer l’aller-retour Montfarville-Deauville en hiver sur une seule recharge. On est loin des 460 km promis dans les publicités à la télévision. L’été, si le maraîcher arrive à vendre plus d’une tonne de légumes à Deauville, il pourrait ne consommer au retour que 23-24 kWh/100 km. Là, l’aller-retour sans passer par une borne serait possible, mais anxiogène ».
Cet avis, le client de Cyril Hautemaniere le sort après quelques calculs et un nouvel essai du Renault Master E-Tech qu’il a pu effectuer cette fois-ci avec une température ambiante de 13° C environ : « C’est là que j’ai pu observer cette consommation de l’ordre de 24 kWh/100 km sans lourde charge ». Pour Dominique, le maraîcher pourrait exploiter le Renault Master E-Tech à condition de prévoir une recharge le jour du déplacement à Deauville : « Que ce soit à Carentan où à Caen, elle lui permettrait de retrouver en un quart d’heure environ 32 kWh d’énergie ».
Ce relativement cours arrêt qui servirait à retrouver une centaine de kilomètres d’autonomie sort toutefois du cahier des charges de départ. Qu’en pense Cyril Hautemaniere après l’essai du fourgon ? « Puisque ça ne sera à faire qu’une fois dans la semaine, alors pourquoi pas ? La possibilité de recharge rapide est un véritable atout. En revanche, je ne sais pas quelle serait l’autonomie avec la future remorque que je pense toutefois n’utiliser que pour le marché de Saint-Lô ».
Pour le chef d’exploitation normand, l’essai du Renault Master E-Tech a été révélateur de bonnes surprises : « J’en suis ressorti avec une très bonne impression sur cet utilitaire. C’est un véhicule qui est vraiment agréable à conduire, très confortable. Le poids que nous transportions ne s’est pas senti sur les reprises ni sur le comportement dans les virages. Contrairement à mon Iveco Daily, il n’y a de tangage ou roulis. J’ai lu des témoignages d’utilisateurs qui trouvent le pédalier excentré. Pour ma part, je n’ai pas eu cette impression ».
Au final, Cyril Hautemaniere ne trouve pas beaucoup de défauts à cet utilitaire électrique du Losange : « J’ai tout de même été un peu déçu de ne pas pouvoir poser mon coude gauche à la fenêtre, à cause de l’écart entre le siège et la porte. En revanche l’usage des commandes est très intuitif, le véhicule est très bien fini et je trouve vraiment bien sa présentation extérieure ».
Dominique souligne de son côté un point qu’il considère comme négatif, constaté des essais : « Il faudrait le vérifier, mais a priori le V2L, que j’estime très intéressant pour Cyril, n’est possible que si l’on n’a pas pris l’option recharge AC 22 kW ». Pour l’instant, le maraîcher ne voit pas trop l’intérêt pour lui de cette fonctionnalité : « En règle générale, sur un marché, je ne peux pas garder mon fourgon avec moi. C’est pourquoi ma balance et mon éclairage à Led fonctionnent sur batterie ».
Un maraîcher bio pourrait aussi s’intéresser au bioGNV, surtout que l’Iveco Daily est toujours disponible en France avec une motorisation compatible. S’il devait se décider aujourd’hui, Cyril Hautemaniere opterait plutôt pour l’électrique : « Je parcours à l’année de l’ordre de 23 000-25 000 km. Avec une recharge qui proviendrait au moins en partie de ma propre production solaire, faire le plein en énergie me coûterait bien moins cher avec un utilitaire électrique ».
À lire aussiReconnu coupable d’escroquerie, le fondateur de Nikola vient d’être gracié par Donald TrumpBien sûr, il y a le surcoût à l’achat du véhicule. Mais une offre très alléchante a été formulée par le concessionnaire : « Aujourd’hui, je pourrais avoir un Iveco Daily diesel neuf avec châssis 5 tonnes pour 41 000 euros HT. Avec de grosses remises, le Renault Master E-Tech m’est proposé à 46 000 euros. La différence serait vite rattrapée à l’usage pour un véhicule que j’imaginerais conserver une vingtaine d’années ».
Nos deux témoins tiennent à mettre en avant, M. Mouchel, le conseiller commercial qui les a reçus à la concession Renault de Cherbourg. Dominique témoigne : « Il est très bien renseigné sur ce modèle électrique. J’avais déjà pu ressentir ses compétences fin février dernier lors de l’appel préliminaire à l’essai. Dès qu’il a eu un exemplaire du Master chez lui, il l’a fait équiper d’un aménagement bois à l’intérieur et nous a rappelé pour fixer une date de prêt ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Cyril Hautemaniere et Dominique pour leur accueil au téléphone, leur confiance et leurs témoignages.
Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.
Philippe SCHWOERER
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