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Comme depuis 2023, les Gilets Bleus étaient encore présents sur les grands axes autoroutiers cette année. Une opération orchestrée par Vinci et FFAUVE (la Fédération Française des Associations d’Utilisateurs de Véhicules Électriques), dont l’objectif est d’accompagner les électromobilistes au moment de la recharge. Un contact clé pour échanger conseils et astuces, mais aussi l’occasion de constater de profonds changements dans les usages. Nous avons discuté avec Pascal Hureau, Président de FFAUVE et Fabien Thorel, membre de l’e-France Café (anciennement Leaf France Café) et Gilet Bleu sur l’aire de Manzat – Autoroute A89. On fait le point.
Depuis deux ans, les « Gilets Bleus » se sont installés dans le paysage estival. Leur mission est d’accompagner les Français qui voyagent en voiture électrique, un rôle encore méconnu mais essentiel. Cet été, nous avons discuté avec Pascal Hureau, président de FFAUVE, et Fabien Thorel, Gilet bleu. Tous deux dressent un bilan très intéressant sur l’évolution de la typologie des électromobilistes. Ils sont catégoriques : les propriétaires de voitures électriques ne ressemblent plus du tout à ceux des débuts.
L’initiative a vu le jour à l’été 2023, sous l’impulsion de Vinci Autoroutes et de FFAUVE. Très vite, elle a pris de l’ampleur. « En 2024, nous avons constaté une nette augmentation de la fréquentation, et 2025 a confirmé cette tendance », explique Pascal Hureau. Aujourd’hui, l’opération couvre une cinquantaine d’aires, en partenariat avec des opérateurs comme Ionity, Atlante, Electra ou encore Shell Recharge. Si l’image des Gilets Bleus reste fortement associée aux grands départs estivaux, leur mission ne s’y limite pas.
À lire aussiEn effet, ils interviennent également lors des gros week-ends de mai, à la Toussaint ou à l’occasion d’autres périodes de forte affluence. « Au total, environ soixante membres participent chaque année. Chaque week-end, entre 15 et 20 bénévoles se relaient sur les stations les plus fréquentées », détaille le Président de FFAUVE. Leur mission nécessite quelques compétences indispensables. C’est un rôle qui dépasse largement l’aide au branchement. Les Gilets Bleus sont à la fois animateurs, médiateurs et pédagogues.
« Nous accompagnons environ 500 personnes par jour, soit entre 10 000 et 15 000 automobilistes par an », souligne Pascal. Les Gilets Bleus remplissent cinq fonctions : accueillir les conducteurs, les aider à utiliser les bornes, dialoguer au moyen d’un questionnaire, distribuer un café ou un bon de réduction, et enfin assurer un reporting sur l’état des stations et la gestion des flux. Sur le terrain, les situations sont variées. Il faut jongler entre les éventuelles pannes (ce qui est rare), les incivilités, les petits conseils, etc.
Certains électromobilistes ignorent encore qu’il est préférable de libérer la borne une fois que la barre des 80 % de charge est atteinte. D’autres peinent à comprendre les spécificités de leur véhicule en matière de vitesse de recharge. Il y a aussi la question du moyen de paiement. « Nos équipes s’adaptent à tous les profils ». La plupart des échanges se déroulent dans un climat positif et serein : « 90 % des gens sont vraiment sympas. Certains vont même jusqu’à nous offrir un café », raconte le patron de FFAUVE.
Tout n’est pas idyllique pour autant. Les Gilets Bleus doivent parfois gérer des incivilités, comme des véhicules thermiques stationnant sur des emplacements de recharge. Ils font également office de tampon entre deux univers qui cohabitent mal : la station essence traditionnelle et l’espace dédié aux bornes rapides. Toutes les aires n’ont pas été conçues pour recevoir ces deux publics dans les meilleures conditions. « Cela peut créer des tensions. Les animateurs doivent désamorcer ces petits conflits du quotidien ».
Avec deux ans de recul, l’opération permet de dresser un portrait de plus en plus précis des utilisateurs de voitures électriques. Les profils rencontrés sont variés : retraités, familles, conducteurs chevronnés ou primo-accédants. Mais une évolution importante a été observée : les électromobilistes d’aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir avec ceux d’il y a dix ans. Fabien Thorel, Gilet Bleu, fait partie des pionniers. Installé à Issoire, il roule en électrique depuis plus d’une décennie.
Son expérience contraste fortement avec celle des nouveaux venus. « Depuis ma première expérience en mai 2025, j’ai été frappé par le changement de profil parmi les conducteurs de voitures électriques. J’ai, par exemple, rencontré des professionnels qui n’avaient pas vraiment choisi de rouler en électrique. Comme une transition subie, par contrainte ou parce que c’était l’offre disponible », selon lui. L’été a renforcé ce constat, avec l’arrivée de nombreux vacanciers souvent peu expérimentés.
« Ils avaient des véhicules récents (et souvent très onéreux) mais peu de connaissances sur la recharge », ajoute Fabien. En réalité, il s’agit d’une évolution plutôt normale. Les pionniers de la voiture électrique avaient un profil plutôt « tech » ou « geek ». Pourquoi ? Parce que les technologies (autonomie, recharge, infrastructures) n’étaient pas autant développées qu’aujourd’hui. Il y a dix ans, on ne traversait pas la France aussi facilement. Il fallait organiser le trajet aux petits oignons, parfois même faire des détours.
Fabien fait partie de ceux qui optimisent la recharge en arrivant à la borne sous les 10 %. Mais il a constaté qu’aujourd’hui, les électromobilistes sont moins attentifs à cela. « Ils s’arrêtent pour manger, ou faire une pause, mais pas parce que la batterie se trouve sur une plage de recharge idéale ». Il a également noté que les conducteurs étaient peu attentifs au tarif à la borne. Certains ne savaient même pas combien ils payaient leur kWh. « Ce qui compte, c’est que ça marche et que ça aille vite », résume-t-il.
Fabien a découvert que porter le gilet bleu changeait tout. « Sans lui, le contact avec les gens était plus compliqué. Dès que je l’ai enfilé, les échanges devenaient naturels et cordiaux », explique-t-il. Pour lui, le rôle des Gilets Bleus dépasse le simple accompagnement : « les gens ont besoin de pédagogie sur l’électromobilité en général ». Certains découvrent encore les bases, comme la différence entre courant alternatif et courant continu. D’autres ne connaissent pas la courbe de recharge de leur modèle.
À lire aussiD’un autre côté, certaines scènes l’ont marqué. Comme cette conductrice de Renault Mégane E-Tech venue avec un plan manuscrit de son trajet, incluant les tarifs de chaque recharge. « C’était à la fois touchant et amusant, un vrai contraste avec ceux qui voyagent aujourd’hui sans se poser de questions ». Enfin, les voitures croisées cet été illustrent bien cette évolution globale : un certain nombre de gros SUV électriques (BMW iX3, Tesla Model Y, Audi Q4 e-tron, etc.). Pas beaucoup de R5 E-Tech ou de Peugeot e-208.
Et les files d’attente dans tout ça ? Malgré les craintes, la queue aux bornes est restée raisonnable. « Sur l’aire de Manzat, j’ai vu au maximum quatre voitures attendre entre midi et 14 heures. L’attente ne dépassait jamais 15 minutes ». Une performance notable compte tenu de l’augmentation du nombre de véhicules électriques en circulation.
L’opération Gilets Bleus n’existerait pas sans le maillage associatif et l’impulsion de FFAUVE. Les animateurs sont issus des onze associations membres de la Fédération Française des Associations d’Utilisateurs de Véhicules Électriques. Ils signent un contrat avec Vinci ou les opérateurs de recharge et sont rémunérés selon leur temps de présence. Ce fonctionnement crée une dynamique collective : « nous avons un groupe WhatsApp qui nous permet d’échanger, de nous entraider et de partager les retours du terrain ».
L’un des faits marquants de l’été est la multiplication des échanges entre conducteurs de véhicules électriques et thermiques. « C’est une nouveauté. Les propriétaires de voitures à essence ou diesel s’interrogent, posent des questions, parfois même par simple curiosité », explique Pascal Hureau. Une évolution qui prouve que la transition est en marche. Il y a toujours des réfractaires, mais on sent bien que ceux qui hésitent depuis quelques mois/années sont de plus en plus proches du point de bascule.
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