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Faisant partie du groupe Stellantis, Maserati a posé les premières pierres de son avenir 100 % électrique avec les Grecale et Gran Turismo Folgore. Rencontre.
« Ready to Plug In». Voilà ce qu’affichent les écrans de contrôle des wallbox floquées du Trident et posées juste à l’entrée de la concession parisienne flambant neuve, située à Saint-Cloud. L’image est lourde de sens pour la firme italienne, quasi en pôle position pour prendre part à la course vers l’électrification totale de sa gamme. Avec Porsche, Maserati est l’un des premiers fabricants de GT haut de gamme à s’exprimer sur cette bascule.
Pour cela, la marque du groupe Stellantis a lancé la gamme Folgore, du latin fulgur signifiant foudre. C’est tout un département dédié qui aura la charge de développer cette offre depuis l’usine de Modène, pour une production voulue 100 % Made In Italy. Aux orfèvres qui font la réputation de la marque s’ajoute une équipe de plus de cent ingénieurs pour développer en interne les chaînes de traction électriques.
A l’heure actuelle, Maserati propose deux solutions techniques différentes dans sa gamme avec les Grecale et Gran Turismo. C’est au SUV que reviendra la charge d’attirer le plus de monde, et de permettre au constructeur d’écouler le plus de véhicules électriques. Pour y arriver, le Grecale est en tout point similaire au modèle thermique dont il dérive. Seule la partie centrale de sa plateforme Giorgio, partagée avec l’Alfa Romeo Stelvio et vestige des années FCA, a été modifiée. Et ce afin de recevoir en son sein une batterie de 105 kWh de capacité brute, pour 96 kWh de capacité utilisable (198 cellule en 33 modules).
À lire aussiPrésentation – Porsche Taycan 2024 : la Tesla Model S dans le rétro ?Reposant sur une architecture 400 V assez commune, elle alimente une paire de machines électriques pour une puissance totale de 550 ch et 820 Nm de couple. De quoi offrir un 0 à 100 km/h en 4,1 s et une vitesse de pointe de 220 km/h. Si les performances sont un léger cran en dessous en raison d’un poids plus important, Maserati n’oublie pas de préciser que la puissance est supérieure à celle du Grecale Trofeo équipé du V6 3,0 l biturbo Nettuno. Avec sa version Folgore, le SUV propose 500 km d’autonomie dans la meilleure des configuration, et un système DC de 150 kW maximum.
Sur le papier, le Maserati Grecale Folgore n’est pas si éloigné du Porsche Macan EV, son concurrent naturel présenté tout récemment. Le SUV de Zuffenhausen repose sur une batterie CATL de 95 kWh de capacité nette, permettant de viser une autonomie de 613 km dans sa version Macan 4 de 405 ch pour 650 Nm de couple. Le Macan a aussi l’avantage avec une gamme plus complète, mais surtout un système 800 V avec une puissance de recharge de 270 kW.
Pour profiter d’un tel raffinement technologique, il faudra davantage se tourner vers la Gran Turismo Folgore, l’expression 100 % électrique du coupé. Ici, les ingénieurs ont poussé les potentiomètres encore plus loin en installant trois machines électriques identiques (une à l’avant, deux à l’arrière), pouvant encaisser chacune une puissance maximale de 300 kW. Des unités présentées comme les plus puissantes du marché, mais cela serait vite oublier l’IEM de Lucid Motors. Cependant, la puissance totale effectivement disponible est limitée par la batterie, qui produit tout de même un total de 830 ch en pic, ou de 762 ch pour 1 350 Nm de couple le reste du temps. Suffisant pour pousser les près de 2 300 kg du coupé de 0 à 100 km/h en 2,7 s.
À lire aussiL’ambition très électrique de MaseratiLa batterie affiche une capacité brute de 92,5 kWh, pour 83 kWh utiles. D’après nos informations, elle est composée de cellules poches fournies par LG Chem. Si les responsables n’ont pas été jusqu’à nous préciser le modèle utilisé, la ressemblance avec les choix techniques de la Porsche Taycan est ici frappante : avant son récent restylage, l’allemande proposait une batterie de 93,4 kWh de capacité brute (83,7 kWh utiles), elle aussi dotée de cellules poches LG Chem, et d’une fonction Overboost !
La Gran Turismo Folgore vise le haut du panier en matière de technologie avec une plateforme 800 V et, comme la Taycan encore, une puissance de recharge DC en pic de 270 kW permettant d’expédier le 10-80 % en 18 minutes. De plus, à l’instar de la Porsche, la technologie employée ne permet pas de se raccorder sur les borne de recharge rapide DC 400 V. Il faudra pour cela s’équiper du DC Booster (un option à 2 400 € sélectionnée d’office dans le configurateur), mais qui bridera la puissance à 50 kW maximum sur ces bornes. Soit la même drôle de solution utilisée par la Taycan à ses débuts. Interrogés par nos soins devant tant de similitudes, les porte-paroles de la marque nous ont assuré qu’il n’y avait, de près ou de loin, aucun lien de parenté.
Que ce soit à bord du Grecale ou de la Gran Turismo, Maserati entend bien conserver son ADN afin de ne pas dérouter ses clients habituels, tout en séduisant les nouveaux qu’il compte attirer. Ces modèles ne diffèrent en rien des versions thermiques dont ils dérivent, avec une présentation impeccable, des matériaux de choix et des possibilités de personnalisation multiples. Il est d’ailleurs assez hasardeux d’évoquer l’ambiance générale tant les configurations pourraient être variées, allant même jusqu’à remplacer par du cuir la sellerie en Econyl, de série avec les Folgore.
Au centre du tableau de bord se trouve une grande unité composée de deux dalles tactiles. L’écran inférieur, plus petit, est dédié aux commandes de la climatisation. Au dessus, on accède à toutes les fonctions habituelles de l’info-divertissement. La présentation est correcte, tout comme la réactivité ou les informations disponibles. C’est ici qu’est projetée la navigation, directement empruntée aux autres modèles Stellantis. Les véhicules électriques ne proposent donc pas de planificateur d’itinéraire à proprement parler, mais ils indiquent simplement une sélection de bornes sur le chemin, sans plus.
Maserati fait tout pour mieux convertir la clientèle. Pour cela, on retrouve sur la planche de bord l’horloge, un symbole des sportives de la marque et des voiture haut de gamme en général. Pensée comme un trait d’union entre le passé et le futur, elle est désormais numérique et demeure plus que jamais au centre de la voiture. Entièrement configurable avec trois designs différents (Classic, Design et Sport), elle peut aussi afficher des données dynamiques (boussole, compteur G , chronomètre…) ou présenter des informations liées à la chaîne de traction électrique comme le taux de charge et l’autonomie estimée. C’est aussi par celle-ci que passe la commande vocale Hey Maserati pour piloter plus rapidement les fonctions.
À lire aussiPrésentation – Porsche Macan électrique 2024 : la nouvelle référence ?Surtout, la marque italienne travaille d’arrache pied pour mettre au point une signature sonore à même d’accompagner les habitués du thermique vers la mobilité électrique. Et force est de concéder que le volet est important, pour une marque qui disposait avec la précédente Gran Turismo du V8 le plus intimidant à l’échappement ! Pour plus de naturel, Maserati indique que le son sera produit par la voiture, et non joué, nuance. Par quel tour de magie ? Mystère. Mais les ingénieurs entendent bien, sans jeu de mot, profiter des notes émises par les machines électriques, tout en leur associant des fréquences issues des moteurs thermiques de la marque. Voilà qui pourrait très nettement différer du système de l’Abarth 500e par exemple, à la mise au point sophistiquée.
Faisant partie du tentaculaire groupe Stellantis, Maserati est une nouvelle fois très proche de Citroën. Voilà de quoi faire naître le spectre de la célèbre Citroën SM à moteur Maserati chez les férus d’histoire automobile. Mais n’allez pas fantasmer le retour d’une hypothétique ë-SM dotée d’une chaîne de traction électrique de Gran Turismo Folgore. Elle ne verra jamais le jour pour d’évidentes raisons commerciales. Cela ne signifie pas pour autant que les portes de Modène seront ouvertes en grand aux autres marque du groupe Stellantis, piloté par Carlos Tavares et habitué au partage des technologies pour mieux maîtriser les coûts. Interrogés à ce sujet, les responsables ont indiqué que rien n’a été décidé à ce jour. Tout comme le partage des nouvelles plateformes STLA, qui pourraient éventuellement servir de base au développement des futurs modèles électriques de la marque.
Devançant Aston Martin, Ferrari ou encore Lamborghini, entre autres fabricants de rêves automobiles, Maserati est plus que jamais prêt à négocier son virage vers l’électrification totale. Il compte pour cela s’inspirer des meilleurs, en l’occurrence Porsche, en calquant la stratégie du constructeur allemand, mais surtout en utilisant les mêmes ingrédients : des technologies électriques parmi les plus exclusives pour l’image, un SUV plus abordable (ou presque) pour convenir au plus grand nombre, et de nombreuses geekeries pour évoquer l’héritage de la marque.
Cependant, la transition se fera lentement, ces premiers modèles estampillés Folgore cohabitant avec leurs homologues thermiques plus en phase avec les attentes de la clientèle et surtout plus abordables. Il faudra donc attendre le futur, proche, pour voir Maserati décoller dans le segment des électriques : la marque italienne ne laissera plus le choix aux clients avec les prochains Levante et Quattroporte, uniquement proposés en électrique. Ces deux modèles compléteront ainsi la gamme dès 2027 et 2028 respectivement. Entre temps, la sportive MC20 coupera l’herbe sous le pied de la 911 avec une déclinaison Folgore.
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