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Spécialisé dans la construction d’engins agricoles et de travaux publics, JCB France a fait entrer la motorisation électrique dans son catalogue et dans sa flotte de véhicules. Rencontre avec Philippe Girard, directeur général de l’entreprise.
« JCB est un des constructeurs majeurs dans le monde pour le BTP, l’agricole et l’industrie », présente, à notre journaliste Julien Dell, Philippe Girard. Ce dernier dirige la branche française active depuis une cinquantaine d’années. C’est avec une Audi Q4 e-tron qu’il se rend quotidiennement à son bureau : « Le choix de l’électrique est à la fois personnel, mais aussi d’entreprise puisqu’elle est engagée dans la décarbonation depuis un certain nombre d’années ».
Dès 2019, et en véritable pionnier, le constructeur a introduit sur le marché des gammes électriques à batterie : « Aujourd’hui, nous comptons 20 000 machines électriques dans le monde, dont 1 200 en France. Nous sommes en train de travailler sur un moteur à combustion interne à hydrogène. Les premiers engins qui en seront équipés vont arriver prochainement ».
Cette implication dans le matériel roulant à énergie alternative a incité JCB France à s’interroger pour sa propre flotte : « Quand elle est arrivée à son renouvellement, nous avons étudié de près les modèles électriques sur batteries ».
Alors que nombre d’entreprises vont à reculons sur l’électromobilité, JCB France y voit une stratégie d’équerre avec son activité : « L’électrification de notre flotte automobile est délibérée. Nous souhaitons montrer l’exemple à nos clients auxquels nous vendons des machines électriques déjà. Nous sommes convaincus que l’adoption de l’électrique implique un changement de comportement, un changement d’attitude et nous voulions vivre cette expérience en même temps que nos clients ».
Au préalable, JCB France s’est entouré de son prestataire Holson pour comparer le coût global de possession (TCO) entre modèles électriques et diesel. Pour ces derniers, « il est en train de grimper de façon exponentielle compte tenu du poids des véhicules et des contraintes fixées par le gouvernement français ». Des « économies de consommation énormes » ont été mises en évidence avec l’adoption des VE. L’investissement de départ plus important est lissé par le recours au leasing : « Pour nous, c’est une équation économique très proche de celle du diesel ».
L’hybride rechargeable n’a pas convaincu Philippe Girard : « Nous l’avons très vite rejeté ». La raison en est simple : Si une telle voiture « n’est pas entre de bonnes mains et que ‘la portion électrique’ n’est pas suffisamment utilisée, on a des véhicules qui consomment beaucoup plus et qui coûtent plus cher à l’achat. Nous avons carrément retiré de notre Car Fleet les modèles hybrides rechargeables ».
À lire aussiTémoignage – Guillaume a fait plus de 3 000 km en Toyota Prius avec un seul plein d’essenceJCB France mène également de grandes réflexions pour rendre plus vertueuses ses gammes d’engins. Trois pistes sont actuellement suivies. L’une d’elles conserve un avenir aux modèles thermiques : « Le moteur diesel n’est pas mort, et nous continuons à travailler sur des blocs de plus en plus propres avec des carburants décarbonés comme le HVO qui est assez courant dans notre profession ». Cette technologie devrait donc perdurer dans « des séries limitées, des applications particulières, pour lesquelles on ne va pas convertir les moteurs ».
On l’aura déjà compris, l’électrique est une des voies privilégiées : « On en commercialise déjà et ça va très bien. Mais on en a compris les limites. Au même titre que j’ai compris les limites de l’électrique pour mon véhicule personnel ». Elles sont au nombre de deux. Il s’agit du temps de recharge et des besoins en énergie dictés par les usages : « Clairement, les petites machines dans nos gammes sont tout à fait électrifiables ».
Ce qui ne sera pas le cas pour les plus gros engins. Les concernant, Philippe Girard entrevoit « la piste du moteur à combustion interne hydrogène qui va faire le parfait complément ».
Le premier à avoir utilisé une voiture électrique chez JCB France, c’est le directeur général lui-même : « Je l’ai vantée vis-à-vis de mes collègues. Nous avons décidé en interne de mettre à disposition des bornes de recharge au domicile des collaborateurs qui ont des véhicules électriques et qu’ils pourraient utiliser 24/24, sept jours sur sept. Ce qui n’est pas le cas de la carte carburant pour les diesels, interdite le week-end. C’est un petit avantage supplémentaire ».
Client de la marque Audi depuis longtemps, Philippe Girard a choisi pour lui une Audi Q4 e-tron : « Je suis allé voir ce modèle en concession. C’est un véhicule qui m’a plu et qui est disponible ». Le choix a donc été effectué « très rapidement ».
Au bout de sept mois, le compteur du SUV compact électrique allemand totalise déjà 21 000 km : « C’est un véhicule dont je suis absolument satisfait aujourd’hui. Au début, il y a des habitudes à prendre, des changements de comportements à avoir ». Lors d’un de ses premiers déplacements personnels dans cette voiture, son fils lui a demandé : « Qu’est-ce qui nous arrive s’il n’y a plus d’électricité ? ». Réponse : « La même chose que s’il n’y avait plus de gazole avec le précédent véhicule ».
Depuis son passage à l’électrique, Philippe Girard a pris ses marques. Il sait désormais où trouver les bornes de recharge et que le ravitaillement en énergie prend plus de temps que de remplir en carburant un réservoir. « Ces appréhensions sont passées », se réjouit-il.
Pour planifier ses plus longs déplacements, il utilise quelques applications : « Je tourne avec Chargemap couramment et l’appli Audi. On sait où sont les bornes, qui se distinguent en chargement rapide et chargement lent. Mais la règle du jeu chez nous, c’est d’avoir à domicile une borne de recharge et une autre à l’entreprise. Ça veut dire qu’on a au moins deux points d’accroche où on va pouvoir charger le véhicule et partir batterie pleine ».
En promoteur éclairé de l’électrique, le directeur général de JCB France partage quotidiennement ses expériences, « qu’elles soient négatives ou positives ».
À lire aussiTémoignage – Romuald est mécontent de la livraison de sa Tesla Model S PlaidL’interlocuteur de Julien Dell n’a pas hésité à tester les vacances avec son Audi Q4 e-tron : « Nous avons décidé en famille de descendre jusqu’à Malaga. Effectuer 3 500 kilomètres en voiture électrique, ça s’anticipe. Nous n’avons eu aucun arrêt imprévu. Ça s’est super bien passé ».
Cette expérience aussi, il l’a partagée avec ses collaborateurs : « Certains sont déjà passés à l’électrique, et certains sont aussi partis en vacances et ont effectué de longs trajets avec leur VE ».
Aujourd’hui, avec conviction, il assure : « Je ne crois pas que je ferai machine arrière pour l’électrique. La seule raison qui me ferait en changer demain, ce serait d’adopter l’hydrogène ».
Toute la rédaction d’Automobile Propre remercie Philippe Girard pour son témoignage et sa disponibilité. Nous vous invitons à retrouver nos vidéos sur Youtube. En vous abonnant et en acceptant de recevoir les notifications, vous serez rapidement prévenu de nos nouvelles publications.
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