Affaire d'espionnage Renault

L'affaire d'espionnage Renault entraine une tempête médiatique autour du constructeur français.

Alors qu’on pensait que l’affaire d’espionnage chez Renault allait faire face à une longue enquête, le DG du constructeur sort de son silence et évoque ses doutes…

L’affaire a déjà fait couler beaucoup d’encre, et les débats ont fait rage dans les commentaires de ce blog, notamment en ce qui concerne la culpabilité ou non des 3 cadres licenciés par Renault. Sans vouloir forcément y rajouter une couche, je trouve que les déclarations de Patrick Pelata vraiment ahurissantes.

Dans une interview au Figaro que je vous conseille de lire, le DG de Renault explique qu’ « un certain nombre d’éléments nous amènent à douter ». Ces éléments seraient notamment l’absence de compte en Suisse pour les 3 cadres mis en cause.

Il poursuit en indiquant qu’il y a deux hypothèses dans cette affaire : « Soit nous sommes face à une affaire d’espionnage et un cadre de la direction de la sécurité protège sa source envers et contre tout. Soit Renault est victime d’une manipulation, dont on ignore la nature mais qui pourrait prendre la forme d’une escroquerie. Dans cette hypothèse, si tous les doutes sont levés, nous proposerons la réintégration des trois cadres et, dans tous les cas, Renault sera très attentif à réparer toute injustice. »

Depuis le début de l’affaire, c’est la première fois que Renault envisage de s’être trompé, et surtout la première fois qu’il parle de réintégrer les 3 cadres. Mais Patrick Pelata va encore plus loin, en envisageant sa démission : « Quand l’enquête sera terminée, nous en tirerons toutes les conséquences jusqu’au niveau le plus haut de l’entreprise, c’est-à-dire jusqu’à moi. Carlos Ghosn, Président de Renault et Nissan, décidera et s’exprimera lorsque l’enquête sera définitivement close et que le procureur en aura donné toutes les conclusions. »

Christine Lagarde s’en est aussi mêlée sur la chaîne BFMTV aujourd’hui :

 

BFMTV donne également les résultats de l’enquête d’une de ses journalistes, Sarah-Lou Cohen, qui explique que la décision de licencier les 3 cadres le 3 janvier aurait été prise un peu dans l’urgence. Patrick Pelata aurait pris cette décision pour éviter que Matthieu Tenenbaum, alors soupçonné par Renault dans son enquête internet, ne serve de représentant de l’entreprise le lendemain, lors de la visite d’Eric Besson au technocentre. Et cela, malgré les mises en garde de la sécurité de Renault qui estimait ne pas avoir assez de preuves… mais tout cela reste à prouver.

Alors quel est le rapport avec le thème de ce blog, à savoir la voiture électrique ? Renault vise depuis quelques années la position « leader de la voiture électrique », du moins en France. Cette affaire a certainement considérablement affaiblit le management, et par la même occasion les équipes qui travaillent sur la voiture électrique chez Renault.

On imagine aisément l’atmosphère qu’il peut y avoir dans les équipes en interne, surtout après des déclarations comme celles de Patrick Pelata aujourd’hui. L’organisation se trouvera d’autant plus affaiblie si le DG de l’entreprise est contraint de démissionner. Sans parler de la crise de confiance des salariés envers Carlos Goshn, qui s’était exprimé publiquement au journal de 20h sur TF1, affirmant qu’il disposait de preuves solides.

Pour ma part, j’estime que Renault joue un rôle important dans la médiatisation de la voiture électrique et de ses enjeux. J’espère que toute cette affaire aura le moins d’incidence possible sur le programme du véhicule électrique chez Renault, étant convaincu que c’est une bonne chose que le constructeur emploie autant d’énergie pour promouvoir cette motorisation « plus propre ».

Et bien entendu, il me tarde de connaître le dénouement de cette histoire, qui dépasse tous les scénarios hollywoodiens…