Le Jamais Content – Notre râleur professionnel s’étonne de voir des modèles électriques garder des positionnements prix illogiques qui expliquent grandement leurs mauvaises ventes.
Il y a dix ans, Carlos Tavares prenait la tête d’un PSA bien mal en point. L’ex-numéro 2 de Renault a alors fait des merveilles, redressant en un temps record le groupe français, vite devenu très rentable. Miracle renouvelé avec Opel quand celui-ci a été racheté à GM. Puis sur l’ensemble du groupe Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat/Chrysler, qui affiche des bénéfices à faire pâlir des marques premium.
Mais quel est le secret de Carlos Tavares ? C’est avant tout une bonne gestion financière des entreprises, elle même obtenue avec une rationalisation des coûts à l’extrême. Moins de voitures dans les gammes, plus de pièces partagées… Un sou est un sou, il n’est dépensé que s’il va rapporter bien davantage.
Quelle ne fut donc pas ma surprise cette semaine en découvrant qu’il est venu visiter l’usine de Mirafiori avec un très gros chèque dans les poches. Le grand patron a promis un investissement de 100 millions d’euros pour une mise à jour de la 500 électrique. Avec une telle dépense pour l’évolution d’un seul modèle en cours de carrière, on ne peut pas dire que Carlos soit radin.
Il y a urgence. Après avoir connu deux bonnes années, la 500e voit ses ventes plonger. Voire s’effondrer. Au point que seulement 12.500 exemplaires ont été assemblés au cours du premier trimestre 2024, ce qui pourrait mener à une année à moins de 50.000 unités, quand l’usine a été calibrée pour en sortir plus de 100.000. Une usine emblématique de Fiat en Italie…
La mise à jour doit permettre d’adapter la base pour une batterie moins onéreuse et rendre donc la voiture plus abordable. Car c’est peut-être là l’origine du problème actuel pour la 500e. La voiture est jolie, peut proposer une bonne autonomie, mais elle coûte cher. Chez nous, son tarif de base hors bonus est de 30.400 €. Si elle est bien équipée, cela pique pour une petite citadine 3 portes avec 192 km d’autonomie. La version à batterie de 320 km commence à 33.900 €.
De quoi faire tousser dans un marché de l’électrique en plein bouleversement. Une Peugeot e-208 commence à 34.100 € avec 363 km d’autonomie. Surtout, la 500e est concurrencée en interne par sa nouvelle grande soeur, la 600e. Celle-ci est à partir de 35.900 €. Pour 2.000 € de plus que la 500e à grande batterie, vous avez 5 portes, 5 places, plus de coffre et 410 km d’autonomie…
Il y a comme un manque de logique… On peut voir aussi cela chez Peugeot. Dans une concession du Lion, vous trouvez pour 43.900 € une e-308 de 156 ch et 410 km d’autonomie. Et maintenant on a le 3008 électrique, plus grand, avec 210 ch et 525 km d’autonomie, pour… 44.990 €.
Visiblement, pour le 3008, Peugeot a été contraint de serrer les prix pour les caler avec la limite du bonus. Et surtout les caler sur ceux du Tesla Model Y. Car le client va comparer, surtout face à un véhicule qui fait figure de référence, un rôle jusqu’à présent pleinement justifié pour le SUV américain.
Face au Tesla, certaines marques partent avec un excès de confiance assez fou. Prenez Honda. Le japonais a lancé en 2023 une variante électrique du HR-V, au nom imprononçable (e:Ny1) à 47.700 €. Soit davantage que le Model Y, avec pour le japonais un gabarit moindre, 204 ch et seulement 412 km d’autonomie. Mais pour Honda, l’équipement était archi complet, c’était donc justifié.
Quelques mois plus tard, voilà que Honda annonce un rabais sur l’e:truc. Attention, pas la petite promo pour faire genre : carrément 12.800 €. Le constructeur l’a expliqué ainsi dans un communiqué : “Le marché de l’électrique est encore jeune et nous sommes à l’écoute des consommateurs. Il est indéniable que le prix est un facteur clé dans un contexte très concurrentiel”. Ça alors, le prix, ça compte dans les critères des clients !
Une stratégie d’autant plus douteuse que le constructeur a arrêté prématurément son premier modèle électrique, la citadine e, une voiture mignonne et très technologique, qui proposait une autonomie riquiqui de 200 km au prix formidable de… 41.000 €. Tu m’étonnes que personne n’en a voulu. Mais Honda retente le coup.
J’ai déjà pu critiquer ici ceux qui attendent des prix improbables pour les électriques. Limite à les entendre, une électrique est trop chère tant qu’elle n’est pas moins chère qu’une thermique. Le surcoût pour une technologie encore récente est encore incontournable, mais celui-ci est réduit pas un éventuel bonus et surtout un coût à l’usage qui fond.
Reste que ceux qui ont compris cela et passent à l’électrique ne sont pas non plus des pigeons prêts à dépenser plus pour quelque chose de moins bien sur un marché de l’électrique qui offre maintenant du choix.
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Merci pour cet article qui résume assez bien le marché actuel. Pour un béotien en véhicule électrique, c’est à n’y rien comprendre. D’autant que les différences entres les différents modèles n’apparaissent pas au premier coup d’œil. Quand on regarde de plus près, ce ne sont pas les modèles les plus cher, les mieux équipés ou plus performants / efficients.
Entre les constructeurs historiques qui veulent marger au maximum et ceux qui ne croient pas à l’électrique (voir les deux à la fois), l’offre est très restreinte parmi les marques occidentales… si on veut en avoir pour son argent !
Généralement : celui qui n’est pas à 20 000 € près, ira chez BMW ou Mercedes. Les chauvins ou inquiets de nature resteront chez Peugeot / Renault. Les pragmatiques iront chez Tesla ou vers certaines chinoises.
Et les joueurs de poker prendront une Fisker ;)
Ce qui est dit pour Honda est vrai pour toute l’industrie automobile japonaise. Ils sont a la rue , incapable d’occulter l’hydrogène, ils ont quasi aucune offre concurrentielle sur le VE .
Ils doivent considérer que la perte du marché UE et Chinois est un prix acceptable pour continuer a vivre de leur rente
La “anyone” j’avais été la voir en concession, principalement parce que j’aime bien cette marque gage de qualité. Mais vu la présentation cela faisait extrêmement chère pour ce que c’était et pour moi le bide était évident (quand on voie le flop de la Honda-e alors que elle avait au moins le mérite d’avoir une bonne bouille…).
Bref un look totalement insipide extérieur comme intérieur, un coffre ridicule, une autonomie et une puissance de charge d’un autre temps et la chose qui m’avait le plus marqué c’était les éléments occultant du toit vitré avec une fixation sous forme de clipse qui pue le low-cost indigne du positionnement du véhicule, cela m’a fait penser a ceux mettant des pare-soleil a ventouse “Hello-Kitty” sur les vitres arrières latérales de leur véhicule pour protéger leurs gosses du soleil…
Pour moi il était évident que l’objectif d’Honda était uniquement de proposer un VE dans leur gamme pour faire bonne figure mais n’avait certainement pas l’intention de la vendre.
Bonjour
“HR-V, au nom imprononçable (e:Ny1)” mais très prononçable par tout le monde anglophone, et ils sont plus nombreux que les francophones à acheter HONDA : “anyone”, et en plus ça sous entend la voiture pour tout le monde, c’est plutôt bien trouvé, non ?
Avec le SUV Honda, le slogan de la pub pour la Fiat Tipo n’a jamais été aussi vrai : “il y a moins bien mais c’est plus cher” .
Perso je lis “a new one”🤔🤭dans tous les cas il pouvait y avoir plus simple et plus glamour….🥴
“au nom imprononçable (e:Ny1)“
Si, c’est facile, il faut lire anyone.
C’est de l’anglais et ça veux dire : n’importe qui.
Et comme disait le slogan : “c’est en faisait n’importe quoi que l’on devient n’importe qui.”
Ooops, ça c’était plus la signature d’un comique du sud de la France.