Vous pensiez que l’avènement de l’électrique signait la fin des sportives ? Nous aussi. Eh bien non en fait, et c’est une bonne nouvelle.
Alors que tous les constructeurs déployant leurs gammes électriques semblent s’orienter vers une offre essentiellement composée de SUV, de SUV et sinon de SUV (quand ce ne sont pas des SUV), nous étions les premiers à penser que l’électromobilité sonnerait le glas des petites ou grandes sportives. Sachant d’une part qu’une vulgaire berline compacte américaine fait mieux qu’une Porsche 911 en accélération et en reprises, et que d’autre part les temps sont à la sobriété environnementale et au véhicule fonctionnel, il nous paraissait logique et inexorable que les sportives soient les premières victimes collatérales de ce grand mouvement zéro émission. Un raisonnement qui tenait compte également d’un élément fondamental en matière de sportivité, le poids et son corollaire, l’encombrement.
Il semblerait que nous (je) nous soyons trompés, et c’est plutôt une bonne nouvelle. De fait, le plaisir automobile ne disparaitra peut-être pas avec l’électromobilité. Il pourrait au contraire retrouver une nouvelle jeunesse, tant les projets de coupés sportifs semblent finalement se bousculer depuis quelques mois dans les bureaux d’étude des constructeurs.
L’occasion de faire un petit point sur les forces en présence, et sur les sorties prévues dans les années à venir, disons entre 2025 et 2030 pour être un peu large.
Mais tout d’abord il convient de s’entendre sur la notion même de voiture de sport. Dans l’esprit, il ne s’agit pas d’une berline « sportive » (Porsche Taycan, Tesla Model 3 Performance…), mais d’une auto dont l’architecture est entièrement dédiée à la performance, à l’efficacité, au plaisir lié à une certaine exclusivité. Il s’agit donc obligatoirement d’un coupé 2 (ou 3) portes 2 places (ou à la rigueur 2+2), propulsion ou intégrale, avec si possible moteur central arrière. L’électrique bousculera probablement cette dernière notion avec ses moteurs intégrés dans les trains roulants, mais pas forcément le mode de transmission.
N. B. : il n’y a pas d’illustrations dans cet article, car nous parlons de projets qui pour la plupart n’ont pas encore vu le jour, et que nous ne sommes pas adeptes des projections 3D photoshopées vues ici où là, qui n’ont généralement pas grand-chose à voir avec la réalité. Nous vous laissons le soin de vous faire une idée (ou pas) avec votre moteur de recherche préféré ou en cliquant sur les quelques liens contenus dans l’article. Ou de faire travailler votre propre imagination.
Porsche 714 Cayman
Après le Taycan sorti en 2020 (déjà !) et le Macan EV prévu pour 2023, le coupé sportif à moteur central, référence sur le marché de la pure voiture de sport thermique, sera la troisième itération de la marque de Stuttgart dans le tout électrique. Il est donc acquis que la prochaine version du Cayman sera 100 % électrique. On n’en sait pas beaucoup plus pour le moment, si ce n’est que ce dernier sera certainement dérivé du prototype de piste Mission R, appelé à remplacer les GT de course actuelles. Porsche n’y va pas par quatre chemins avec l’électrification de sa gamme Cayman/Boxster puisqu’un investissement de 500 millions d’euros a été consenti dans son usine historique de Zuffenhausen pour le développement de ces modèles.
Toyota MR2 (ou MR en France)
Connue dans les années 80/90 comme la « petite Ferrari » dans sa livrée rouge ou jaune avec ses deux places et son vigoureux moteur central, cette berlinette a fait le bonheur des amateurs de balades à sensations, qui aimaient musarder aux commandes d’un petit bolide très rarement vu sur nos routes sans se priver de mettre le pied dedans de temps en temps. Il se dit du côté de Toyota qu’une version électrique de la mythique MR serait dans les cartons. Espérons qu’elle reprenne l’ADN de son aînée, dont le compromis confort/performances a séduit de nombreux amateurs.
Lexus MFA
J’ai personnellement découvert cet engin extra-terrestre lors du festival de Goodwood il y a quelques années, et je ne me suis jamais vraiment remis du son qu’émettait son V10 en territoire so British, ni de sa ligne de missile sol-sol. Un traumatisme qui me fait espérer que ce projet d’une MFA électrique voie vraiment le jour… un jour. D’ailleurs, il ne devrait pas être très difficile pour les ingénieurs maison de reproduire le son du moteur thermique d’origine, puisque celui-ci s’approchait déjà davantage de celui d’une fusée que de celui d’une fumante.
MG Cyberster
En dehors de l’Angleterre et de ses berlines, MG fut surtout connu par ici dans les années 60/70 grâce à ses petits roadsters MGB qui incarnaient tellement le British way of life et qui font la joie aujourd’hui des collectionneurs à casquette en tweed. Depuis que la marque a été reprise par le géant chinois SAIC Motor, elle est repartie d’une feuille blanche et propose avec un certain succès des SUV et même un break à tarifs « abordables » pour des électriques, en regard de leurs prestations. Mais bien sûr, l’amateur attend aussi de revoir un jour un petit roadster en version électrique dans nos vertes campagnes. Il semblerait que MG travaille effectivement sur un tel modèle, le MG Cyberster, et même, que le projet soit déjà dans une phase assez avancée. Préparez vos casquettes.
Lotus Type 135
Symbole de la voiture de sport légère et agile, Lotus semblait bien mal parti pour les puristes dans sa première excursion électrique avec son SUV Eletre. Mais le constructeur britannique n’avait pas dit son dernier mot, et aurait dans ses projets – en partenariat avec Alpine – une version électrique de la Lotus Esprit, la plus emblématique pour certains, notamment chez les adeptes de James Bond.
Alpine
Ce qui nous amène à Alpine. Ce n’est plus un secret pour personne, le constructeur français prépare une gamme de voitures électriques, et parmi elles très probablement une déclinaison à piles de sa célèbre berlinette. Son rapport poids/autonomie sera certainement bien moins favorable que celui de la version thermique, mais un petit 250 chevaux pour 300 kilomètres de rayon d’action dans moins de 1 500 kilos pourrait probablement en séduire plus d’un. Pures conjectures personnelles, mais on ne devrait pas être très loin de cette équation au final.
Tesla Roadster 2
Nous en avons parlé récemment en la remisant un peu arbitrairement au cimetière de l’électrique, mais elle verra probablement le jour, quelque part entre 2025 et 2045. Si d’autres n’ont pas pris la place et fait mieux d’ici là, le Roadster Tesla version 2 représentera certainement alors ce qui se fait de mieux et de plus radical en matière de puissance, de performances, de technologie et d’autonomie puisque l’on parle de 1 000 chevaux pour 1 000 kilomètres de rayon d’action et de plus de 400 km/h en pointe. Totalement hors sol donc totalement indispensable. Ne serait-ce que pour faire grincher les grincheux.
Audi R8 e-tron
On évitera le jeu de mots sur le nom, légèrement has been depuis quelques années déjà, pour se concentrer sur la mutation énergétique de ce monstre sacré qui est l’incarnation de l’esprit « premium » et confort Audi mêlé à la perfection à une certaine sauvagerie à l’italienne. On le pressentait depuis qu’Audi avait annoncé que l’intégralité de sa gamme serait électrifiée d’ici 2030, et c’est désormais une certitude : la prochaine génération de la R8 sera 100 % électrique. Quand on a eu l’occasion de conduire sur une bonne distance l’actuelle e-tron RS GT (l’Audi de série la plus puissante de l’histoire de la marque), on se dit que cela ne devrait pas être un challenge trop difficile à réussir pour du fabricant aux anneaux d’Ingolstadt.
Rimac Nevera
La super sportive de tous les superlatifs (près de 2 000 chevaux, dont probablement 1 500 pas très utiles) va rapidement trouver sa place dans le garage des milliardaires de la planète, de la Silicon Valley aux monarchies pétrolières jusque chez les oligarques russ… euh non, pas là, pardon. La Rimac Nevera, qu’on ne verra pas souvent (hum), est désormais une réalité puisqu’elle est homologuée et qu’un premier exemplaire est aux mains de son heureux propriétaire, qui n’est autre que son créateur. Au cas où vous hésiteriez encore entre ça et une Dacia Spring, d’autres suivent. Patience, votre tour viendra.
DeLorean Alpha5
C’est probablement la plus atypique de la liste, notamment avec ses deux portes à ouverture papillon (donc une deux portes), mais ses quatre vraies places, éléments qui la classent dans une catégorie un peu à part entre berline et coupé. Cela étant, la nouvelle version de cet engin rendu mythique par la magie du grand écran, dessinée elle aussi comme sa prestigieuse ascendante la DMC-12 par le studio ItalDesign reste une superbe pièce d’orfèvrerie embarquant une batterie de 100 kWh permettant une autonomie théorique de 483 km. On ne connait pas son autonomie de voyage dans le temps en revanche.
En conclusion
Cet inventaire, plutôt alléchant et qui redonne foi en la passion automobile, devrait continuer à s’étoffer dans les prochains mois avec d’autres marques prestigieuses puisque l’on sait que Ferrari, Lamborghini et même Red Bull devraient largement s’électrifier dans les années à venir. Un marché de niche, certes, mais qui contribue aux marges des constructeurs et à leur image. Profitons-en tant qu’il n’y a pas de malus écologique sur l’électrique…
Le véhicule de sport électrique reste, de mon point de vue, une illusion. Il est impossible de concilier une autonomie décente et une masse contenue. Un petit exemple pour être concret sur le championnat FIA-ETCR, les voitures de course ont environ 30 km d’autonomie pour 1500 kg et 300 kW… j’espère juste que pour ceux qui envisagent des balades en conduite sportive sur les petites routes de montagne que la DDE a prévu d’installer de nombreuses bornes de recharge en haut des cols.
MX5 -e ou Mr -e, oui, ce serait un pur bonheur !
Et une MX 5 cabriolet électrique, je suis impatient…
Comme quelqu’un l’a souligné, le rapport poids / puissance est mauvais actuellement (et s’il n’est pas trop nul, le poids reste handicapant). Une sportive n’est PAS qu’une affaire d’accélération / reprise. Les virages et les freinages, ça compte aussi. J’attends également de voir autre chose que des coupés propulsion 2 (+2) pour circuits ou routes billards : des VE de type WRC (une Yaris GR, une Mitsu Evo, etc.) sur petites routes sinueuses et dégradées aux revêtements divers. Un groupe B en VE…
on a jamais pensé qu’elles allaient disparaitre. Bien au contraire. Dès le départ on nous a sorti des protos de 1000, 2000cv électriques… Puis les tesla avec leurs centaines de cv. Et quand tous les autres ont proposé des ve de séries en version grande autonomie avec en moyenne 200cv, il semblait clair que les sportives avaient de l’avenir avec l’électrique.
« il convient de s’entendre sur la notion même de voiture de sport. »
Compliqué de s’entendre…
Une voiture 2 portes, 2 places (+2 petites places), basse, relativement légère (par rapport à un SUV).
Avec les moteurs électriques de taille réduite on peut les placer indifféremment à l’av ou à l’ar.
J’ai du mal avec les 4×4. Cela me fait quand même penser à du tout terrain.
Propulsion, traction, … il existe des sportives dans les 2 cas.
Comme cela a été dit en commentaire, on pourrait parler de coupé et de cabriolet.
« Sportive » est aussi une question « d’esprit ».
Un bonhomme peut être sportif sans avoir une allure sportive… Dur sujet.
« les temps sont à la sobriété environnementale »
Je ne vois pas bien où elle est la sobriété environnementale.
L’Homme continue de couper la forêt Amazonienne (pour ne pas dire la brûler), continue à créer des mines pour extraire ce dont il a besoin (lithium, …), continue à pomper le pétrole, le gaz et même exploiter le charbon, continue à s’étendre et à réduire la faune et la flore. Le développement humain ne se fait pas dans la sobriété.
Par contre on commence à entrer dans la sobriété énergétique, par la force des choses.
Parce que le plaisir pour vous c’est la sportivité avec les limitations de vitesse en vigueur ? pas besoin d’une sportive électrique pour découvrir l’agrément d’un VE, depuis que j’ai mon VE, j’ai redécouvert la zénitude au volant, on cruise tranquille, c’est de la douceur , de la conduite intelligente et économe, vous auriez encore mentionner le cabriolet, oui là cela à du sens en VE ! mais la sportivité, je suis dubitatif.
Peut on parler de sportive avec un rapport poids puissance de 6kg/CV avec la projection que vous faite pour Alpine. On est est 4 pour une Tesla performance… Il me semble qu’il est plus facile d’ajouter des CV que d’enlever des kg si on veut une autonomie acceptable. Si on prends une valeur de 6kg batterie par kw. Je verrai plutôt une Alpine de 1400 kg avec 55kw et 400 CV. On doit pouvoir aller chercher le 0 à 100 en 4s avec cela.
Moi perso je rêve d’un mx5 électrique, pas trop puissant et pas trop cher … du pur plaisir
Pourquoi s’imposer 2 place à moteur central arrière? L’electrique permet d’avoir un moteur bien plus petit ce qui permet de récupérer les 2 places arrière. La batterie restera sous le plancher pour le meilleurs centre de gravité. La sportive électrique aura 4 ou 5 places.
A la sortie de la tesla S, le monde entier à constaté que voiture électrique ne signifié pas forcément voiture Playmobil.
Alors oui le coté un peu fou de cette voiture nous à fait plaisir.
Maintenant nous consommateur on attends quoi des VE du quotidien, familliale, citadine, utilitaire.
Pour nous deplacer le plus propre possible en sécurité et pas trop cher, alors il en faut pour un peu pour tous les goûts…
On connait la suite plus de bénéfice pour les constructeurs moins de vehicule produit.
Et maintenant voila que le sympathique site AP nous rebat les oreilles avec le plaisir automobile, le plaisir de conduire et les voitures sortive.
A ce rythme bientôt dans AP des pétitions pour augmenter la vitesse, et des cours de pilotage pour faire chauffer la gomme.
Attention de ne pas sombrer dans le coté obscur de beaucoup de vos confrères, restez vigilant. Merci.
J’ai lu que Red Bul allait proposer une sportive électrique
tarif prévu 5 millions de $, autant dire un VE destiné à une clientèle très particulière et qui ne risque pas de beaucoup circuler à son volant.
Parce que c’est bien une sportive, mais pourquoi faire ?
surtout quand on compare la production actuelle de VE avec les sportives existantes.
Demandez aux propriétaires de Porsche, de BMW Mtruc, ou Audi Smachin si une TM3 qui coûte 50% du prix de leur jouet allemand n’est pas aussi performante tout en ayant un TCO bien moindre.
avant de parler de sportives, pourquoi ne pas parler de voitures ludiques, de coupés, de cabriolets comme pouvaient l’être une partie de la production des années 60 à 80.
a t’on besoin de d’un moteur de 350 kW pour s’éclater sur un circuit ?
d’après le retour des propriétaires des Secma F16T je n’en ai pas l’impression.