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Et si les grands gagnants du marché de l’électrique n’étaient finalement pas ceux que l’on croit ?
Considérés jusqu’alors comme intouchables, Tesla et les constructeurs chinois d’électriques traversent une zone de turbulences en 2025. Guerre des prix, tensions géopolitiques et essoufflement commercial… Les géants de l’électrique – actuels ou en devenir – montrent des signes de faiblesse. En Europe, plusieurs marques pourraient profiter de ce repli pour reprendre l’initiative. Voici pourquoi et comment.
À lire aussiCe sont quelques indices récents qui mettent la puce à l’oreille. Tout d’abord, le marché européen. Si, de façon générale, les ventes de voitures neuves sont en forte baisse, celles des voitures électriques se portent plutôt pas mal, avec une progression de 25 % en mai 2025 par rapport à mai 2024. Une progression encore plus importante en Allemagne, où, depuis le mois de janvier, la hausse est de 43,2 %, avec une part de marché qui atteint désormais 17,6 %, contre 12 % en 2024. Juin a confirmé la tendance, avec une progression de 8,6 % sur un an et une part de marché électrique portée à 18,4 %. Volkswagen, par exemple, a vu ses ventes de voitures électriques bondir de 124 % (44 399 unités) sur le premier semestre 2025.
Une progression qui s’étend également à des pays que l’on n’a pas l’habitude de voir dans ce genre de classement. Si l’Allemagne et le Royaume-Uni (+ 32 %) mènent la danse, la véritable surprise vient du sud du continent. Entre janvier et mai, l’Espagne (+ 72 %) et l’Italie (+ 58 %) affichent une croissance remarquable. Preuve que ces marchés dits « à la traîne » peuvent combler leur retard. Au final, il n’y a qu’en France que le marché ralentit, puisque entre janvier et juin, les ventes de modèles électriques ont reculé de 6,4 % dans notre pays.
Malgré cela, le plus intéressant dans cette progression consiste à regarder de près les marques gagnantes. Si l’on se fie au classement des 20 modèles électriques les plus vendus en France au premier semestre 2025, on constate qu’il va un peu à l’encontre des idées reçues sur le sujet : si l’on met de côté la Dacia Spring, fabriquée en Chine mais de marque européenne, il n’ y a pas une seule marque chinoise dans ce Top 20 ! Même pas un petit BYD.
Mieux, hormis les deux incontournables Tesla – en très forte baisse – ce palmarès n’affiche que des modèles européens, à l’exception de la Kia EV3, qui fait son entrée à la dernière place. Autrement dit, 85 % des voitures électriques vendues en France au premier semestre étaient européennes. On est loin – pour le moment – de la déferlante chinoise annoncée.
Le constat est quasiment identique à l’échelle européenne : un seul modèle chinois dans le Top 20 des 5 premiers mois de l’année, la BYD Seal U (en incluant la version hybride sans laquelle elle ne figurerait pas dans le classement), et une belle domination du Groupe Volkswagen, qui place pas moins de 9 modèles dans ce Top 20.
En parallèle, les ambitions mondiales des constructeurs chinois se heurtent à un double mur. Le premier est commercial, avec une guerre des prix sur leur marché natif qui a fragilisé la rentabilité de nombreux acteurs. Le second est géopolitique : les barrières douanières se multiplient. L’Union européenne applique désormais des droits de douane allant jusqu’à 38 % sur les véhicules chinois, pour contrer les subventions d’État jugées déloyales. Aux États-Unis, la taxation atteint désormais 100 %, rendant toute importation de véhicules électriques chinois quasiment impossible.
BYD, MG, NIO, Xpeng ou Leapmotor, qui affichaient des ambitions globales, se voient freinés. Le modèle économique d’exportation low-cost ne fonctionne plus aussi bien. Même MG, qui avait percé en Europe avec la MG4, voit son avenir assombri par les nouvelles règles du jeu.
Enfin, la concurrence effrénée du fait de la pléthore de marques sur place pourrait bien faire de nombreux morts dans les prochaines années. La Chine, avec ses 130 marques de VE et véhicules électrifiés, est un titan de l’électrique aux pieds d’argile. La guerre des prix, où des géants comme BYD ou Nio rognent leurs marges pour gagner des parts de marché, met en péril les plus petits acteurs. Les analystes prédisent que d’ici 2030, seule une poignée survivra. D’autre part, s’il est incontestable que nombre de marques chinoises sont très en avance d’un point de vue technologique, cet argument n’est pas forcément le plus vendeur auprès d’une clientèle européenne plus conservatrice, et qui fonde ses choix sur d’autres critères.
De son côté, Tesla, malgré sa résilience en France (le Model Y redevient leader avec 3 235 immatriculations en juin 2025), connaît des difficultés ailleurs. En Europe, ses ventes ont plongé (- 49 % en avril 2025), et le Model Y a été dépassé par des modèles comme le Skoda Elroq. Les baisses de prix de Tesla, pour contrer les Chinois, réduisent ses marges, tandis que les controverses autour d’Elon Musk rebutent certains clients, et que ce dernier en remet une couche.
Alors, à qui profite le crime ? C’est peut-être Volkswagen, dont certains ne donnaient pas cher de la peau il y a seulement quelques mois, qui pourrait tirer le meilleur parti de ce marasme. S’il est vrai que Volkswagen revient de loin sur l’électrique, avec des débuts de la gamme ID marqués par des problèmes logiciels, des délais et une communication floue, en février 2025, le groupe a dépassé Tesla en Europe avec près de 20 000 VE livrés (+ 180 %).
Sa force ? Une gamme variée, de l’ID.3 accessible au Porsche Taycan premium, en passant par des modèles comme le Skoda Elroq, leader des ventes en avril 2025 (7 998 unités). La plateforme MEB permet à Volkswagen de produire des VE compétitifs, assemblés en Europe pour éviter les taxes douanières qui pénalisent des modèles comme la Dacia Spring. Volkswagen prépare aussi l’avenir avec l’ID.2, attendue en 2026, qui vise à concurrencer les citadines chinoises à un prix d’environ 25 000 €. En parallèle, un partenariat avec Xpeng permet d’intégrer des technologies chinoises tout en produisant localement. Avec la chute de Tesla en Europe et les taxes sur les VE chinois, Volkswagen est bien placé pour dominer, surtout dans les SUV et les compactes. Dans le groupe, il va falloir de nouveau compter avec Audi, dont les ventes des A6 et Q6 e-tron semblent connaitre un très bon démarrage, bien aidé par le marché des entreprises.
Chez les autres constructeurs, les nouveautés affluent et semblent séduire les électromobilistes. Les ventes de la R5 E-Tech continuent à bien se porter, ce que l’arrivée de la R4 E-Tech pourrait venir confirmer, en attendant la Twingo en 2026. Chez Stellantis, on fonde de grands espoirs autour de la Fiat Grande Panda, qui pourrait réussir là où la Fiat 500e a échoué, alors que la demande pour la petite Citroën ë-C3 à moins de 20 000 euros bonus écolo déduit ne semble pas faiblir.
Enfin, dans le segment premium, BMW et Mercedes s’activent comme jamais pour renouveler leurs gammes. La Neue Klasse de BMW pourrait faire très mal de par son avance technologique, alors qu’il se dit que la nouvelle Mercedes CLA susciterait déjà un engouement inattendu, avec un flux de commandes qui portent désormais les délais de livraison à fin 2025, voire plus. Chez Porsche, si les ventes du Taycan ont fortement ralenti depuis quelques mois, celle du Macan EV semblent également très bien se porter.
Qu’ont tous ces modèles européens en commun ? Malgré une production mondialisée, il reste un ADN partagé, qui les différencie de la production chinoise, finalement assez uniforme est standardisée. Une R5 ne ressemble pas à une Grande Panda, qui ne ressemble pas à un Elroq, et aucune ne ressemble à une BYD. Des traits de personnalité auxquels les consommateurs du Vieux Continent sont sensibles, au-delà de leur méfiance naturelle et des préjugés – justifiés ou non – sur la Chine en temps que puissance économique et politique.
Les difficultés de Tesla et des constructeurs chinois en 2025 offrent une belle chance aux européens. Mais ce boulevard n’est cependant pas sans obstacles, et ces derniers ne doivent pas rater l’opportunité. La Chine reste quoiqu’il en soit redoutable : BYD ouvre des usines en Europe (Hongrie) pour contourner les taxes et la commercialisation en Europe de son modèle d’entrée de gamme Dolphin Surf pourrait faire très mal, alors qu’elle débute tout juste. D’autre part, leur avance sur les batteries LFP et les interfaces utilisateur met la pression sur les Européens.
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