Contrairement aux constructeurs occidentaux qui veulent faire le maximum de bénéfices sur chaque modèle vendu, les marques chinoises cherchent plutôt à gagner des parts de marché. C’est la stratégie de BYD, la marque à l’origine de la guerre des prix qui fait rage en ce moment en Chine.

BYD mise sur la mentalité du « winner takes all »

Le géant BYD réalise en moyenne 1 250 dollars de bénéfices sur chaque modèle vendu. Un résultat en demi-teinte. Certains constructeurs perdent encore plusieurs dizaines de milliers de dollars sur les ventes de leurs électriques. C’est par exemple le cas de l’américain Ford qui a perdu environ 40 000 dollars sur chaque voiture électrique vendue en 2023.

En revanche, d’autres font des marges bien plus importantes que BYD. L’entreprise d’Elon Musk a par exemple gagné 8 250 dollars par voiture en 2023. Mais ce n’est pas le combat que souhaite mener la firme de Shenzhen. BYD cherche à gagner des parts de marché plutôt qu’à faire des bénéfices. Ce genre de stratégie, risquée pour les finances, est typique des entreprises chinoises. C’est la mentalité du « winner takes all » (le gagnant prend tout).

Une guerre des prix typique des industries chinoises ?

Et l’industrie automobile n’est pas la première à connaître une telle situation en Chine. Bien au contraire. Les applications de vélos partagés, de livraison de nourriture et de co-voiturage sont toutes passées par une phase de guerre des prix. À chaque fois c’est la même situation qui se répète : de nombreux acteurs tentent de se départager un gigantesque marché en tirant les prix vers le bas. Seuls les plus forts survivent.

C’est exactement le contexte auquel nous sommes en train d’assister sur le marché automobile chinois. Et BYD semble prendre l’ascendant grâce à sa capacité à vendre un grand nombre de voitures à bas prix. Le faible niveau de marge n’est pour l’instant pas un problème. D’ailleurs, malgré la guerre des prix, l’entreprise observe une légère augmentation de ses bénéfices d’année en année.

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BYD ne gagnait « que » 750 dollars par voiture en 2022. Les finances de l’entreprise ont même été multipliées par 8 depuis 2019. Depuis le début de l’année 2024, le constructeur chinois continue de tirer les prix vers le bas. En mars, la marque a réalisé le deuxième meilleur mois de son histoire. Les ventes ont une fois de plus franchi la barre des 300 000 véhicules vendus sur 30 jours.

Le souci pour la concurrence est que cette stratégie pourrait aussi être bien favorisée par la Chine. Selon une étude allemande publiée cette semaine, le constructeur aurait touché plus de trois milliards d’euros d’aides de la part de Pékin. D’autres marques chinoises sont concernées, afin qu’elles prennent le dessus dans leur propre pays et partent à la conquête du reste du monde.

L’Union européenne enquête sur cet aspect, comptant en échange renforcer les droits de douane pour les véhicules venus de Chine.