C’est l’exercice le plus important de notre Supertest : mesurer les consommations et l’autonomie moyenne sur un parcours unique. Voici le classement de nos résultats.

L’autonomie ! À l’heure actuelle, ce terme est sur toutes les lèvres lorsque l’on parle de voiture électrique. Mais au fil des années, de l’évolution des technologies et de la généralisation des voitures électriques, le rayon d’action devient, à quelques exceptions près, un faux problème. C’est en tout cas vrai pour une utilisation quotidienne de la voiture électrique. Sur l’autoroute, c’est une autre histoire et on aura le temps d’y revenir avec un récapitulatif complet.

En attendant, c’est cette utilisation-là que le cycle d’homologation WLTP met en avant dans son protocole de mesure, avec quatre phases de conduite. Si la norme veut simuler le comportement de plusieurs millions de conducteurs, elle se montre toujours éloignée de la réalité. Ce qui est tout à fait normal, mais peu représentatif. Et pour cause : les valeurs sont mesurées à l’abri des contraintes extérieures avec des vitesses moyennes assez faibles. Pour nous approcher un peu plus de la réalité, nous avons ainsi développé un protocole de mesures strict et répété pour chaque voiture afin d’obtenir une autonomie mixte. Seules variables : les pneus montés sur les véhicules d’essai et les températures extérieures, et ce, malgré toutes nos précautions pour lisser les conditions. Car, pour d’évidentes raisons logistiques, comme vous vous en doutez sûrement, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de réunir plusieurs dizaines de modèles pour des mesures simultanées sur plus de 1 000 km. C’est ainsi que nous roulions à partir de minuit en été pour obtenir les températures les plus basses possible, et nous attaquions vers 18/19 h en hiver, dès que le soleil se couche pour éviter son impact sur le fonctionnement de la climatisation, et les dimanches pour s’affranchir des effets de la circulation sur nos méthodes de conduite.

Pour rappel, notre mesure d’autonomie mixte est composée d’une boucle de 100 km réalisée dans les deux sens afin de lisser l’impact de la topographie (soit 2 x 50 km). Elle est composée de trois parties équidistantes en ville, sur route et voie rapide, afin d’obtenir à la fin de chaque section une vitesse moyenne qui correspond aux usages selon nos observations, avec une moyenne finale de 58 km/h. Pour information, le cycle WLTP comporte quatre phases avec une vitesse moyenne finale de 46,6 km/h. Pour calculer les autonomies, nous effectuons une très simple formule mathématique qui consiste à rapporter la capacité nette totale de la batterie aux consommations constatées. Pour plus de précision, nous confrontons aussi l’évolution de la jauge au nombre de kilomètres effectués, ce qui est toujours raccord (sauf pour le Nissan Ariya 87).

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Dans ce classement, nous ne manquerons pas d’indiquer également la consommation moyenne finale afin de prendre toute la mesure de l’efficience d’une voiture. Car plus la batterie est grosse, plus elle permet à un modèle d’afficher une autonomie séduisante, et de camoufler, dans certains cas, son appétit déraisonnable. Une consommation qui doit bien entendu entrer en considération dès aujourd’hui. Car lorsque le réseau de charge sera moins lacunaire et les temps de recharge plus rapides, l’autonomie passera au second plan dans la conscience collective, comme c’est le cas avec n’importe quelle voiture thermique où seule la consommation est déterminante.

Meilleure autonomie mixte : le Nissan Ariya 87 loin devant les autres, mais…

Au petit jeu de la meilleure autonomie, le Nissan Ariya 87 défraie la chronique. Car en plus de s’octroyer la première place en devançant de 56 km la BMW i4 eDrive40, le SUV japonais est le seul de la liste à dépasser la valeur WLTP ! Ce qui signifie que, soit la valeur d’homologation est pessimiste (ce qui serait étonnant à l’heure où c’est l’argument de vente principal), soit quelque chose cloche avec les consommations. C’est cette deuxième hypothèse qui semble la plus probable, comme nous l’avons détaillé lors de notre compte rendu. D’après nos multiples observations, la consommation affichée serait trompée par la jauge décalée, ce qui donnerait, après d’innombrables heures passées avec une calculatrice, près de 475 km d’autonomie moyenne. Pas de quoi le faire dégringoler dans le classement toutefois. Sur la troisième marche du podium se trouve le Tesla Model Y Performance avec 457 km mesurés ce jour-là.

La dernière de la liste est autant soumise au débat que la première. Et pour cause : la Volkswagen ID.3 a été essayée sous des températures fraîches et disposait de pneus hiver. Un combo qui a particulièrement dégradé sa consommation moyenne. Ainsi, elle fait moins bien que l’Aiways U5, de loin le véhicule le plus gourmand cette année. Là encore, la température ne l’a guère avantagé, mais on a du mal à l’imaginer passer la barre des 330 km selon nos estimations. Avec leur batterie menue, les Peugeot e-208 et Renault Zoé R135 sont très logiquement en bas de la liste, mais arrivent à rester au-dessus de la barre des 300 km.

Hormis deux exceptions excusables, aucune des 15 voitures essayées se trouve sous la barre des 300 km d’autonomie mixte, selon un parcours relativement quotidien. Voilà qui laisse six jours de marge dans le pire des cas à un utilisateur qui effectuerait les 42 km d’un conducteur français sans disposer de solutions de recharge entre deux jours. En moyenne, notre panel de voiture a présenté une autonomie de 381 km, pour 17,9 kWh/100 km de consommation sur un cycle mixte. Si l’on n’observe aucune régularité en matière d’appétit, il ne fait aucun doute qu’il faut au minimum une batterie de 75 kWh pour envisager passer la barre des 400 km d’autonomie moyenne.

Autonomie mixte
Autonomie totale (en km) Consommation mixte (en kWh/100 km)
Nissan Ariya 87  534 16,3
BMW i4 eDrive40 478 16,9
Tesla Model Y Performance 457 16,4
Ford Mustang Mach-E ER 455 20,0
Skoda Enyaq iV 80 416 18,5
Renault Megane e-Tech EV60 (été) 385 15,6
Hyundai Ioniq 5 380 19,1
Kia Niro EV (pneus hiver) 370 17,5
MG ZS EV 364 19,2
MG 5 358 15,9
Renault Megane e-Tech EV60 (hiver) 335 17,9
Renault Zoé R135 315 16,5
Peugeot e-208 301 15,3
Aiways U5 288 21,9
Volkswagen ID.3 (hiver/pneus hiver) 278 20,9

En revanche, il est intéressant d’observer le classement en matière de consommation aussi, puisque les références se bousculent. C’est ainsi que, presque bonne dernière, la Peugeot e-208 remonte à la première place en se présentant comme la plus sobre du cheptel avec 15,3 kWh/100 km. Arrive ensuite la Renault Mégane e-Tech essayée en été et la MG 5. Petite voiture, petite batterie, petite autonomie, mais aussi petite conso. Toujours au même chapitre, notons les résultats serrés du Nissan Ariya (16,3 kWh/100 km), du Tesla Model Y Performance (16,4 kWh/100 km) et de la Renault Zoé R135 (16,5 kWh/100 km). Aussi, rappelons que le Kia Niro EV s’est montré à la hauteur avec une moyenne de 17,5 kWh/100 km, et ce, malgré les pneus hiver et les températures fraîches lors de son essai : nous avions estimé la surconsommation de ce SUV bien connu de nos services à tout juste 10 %.

Pour briller à table

En moyenne, nous avons donc constaté un écart de -16,9 % entre l’autonomie mixte calculée et l’autonomie WLTP, qu’il conviendrait donc de diviser par 1,20 pour avoir un résultat assez proche de ce que vous pourriez obtenir en réalité. Mais rappelons que ce résultat ne correspond qu’à notre protocole strict et notre parcours, et que vous pourriez observer des différences dans la réalité, et ce, malgré nos précautions pour se rapprocher au mieux d’une moyenne observable.

Mais plus que la moyenne, c’est l’amplitude des écarts relevés qui nous intéresse. Et notamment en fonction des températures puisque nous avons mesuré les voitures entre 10 et 24 °C. Notre base de données affiche très clairement la tendance, avec des écarts qui remontent en même temps que la température ambiante. Dans quelle mesure ? La différence passe de -22 %  en moyenne autour des 10 °C, à -11 % au-dessus de 20°C. Une observation qui se confirme avec notre double essai de la Renault Megane e-Tech : elle a présenté une variation de -21,68 % en hiver et de -10,14 % en plein été, soit un écart final de 50 km d’autonomie mixte entre les deux mesures.

En valeurs absolues, on remarque une chute moyenne de 77 km entre l’autonomie WLTP et l’autonomie réelle que nous avons mesurée. Il y a des écarts plus importants, à l’image de la Volkswagen ID.3 (-135 km) pour les raisons que nous avons expliquées plus haut, et il y en a des plus faibles. Fait intéressant, ce sont les deux MG (ZS EV et 5) qui ont présenté les écarts les plus serrés, avec -17,26 % pour le SUV pourtant mesuré sous 11 °C, et -5,66 % avec le break MG 5 (23 °C). Si le cycle WLTP est censé être normalisé, cela montre très clairement qu’il existe des différences, que nous avons déjà soulevées avec nos mesures sur quelques véhicules hybrides rechargeables.