Au-delà des puissances moyennes et du temps de recharge rapide, c’est la capacité d’une voiture électrique à récupérer de l’autonomie en un temps donné qui importe le plus. On fait le point sur nos mesures.

La puissance de recharge en pic est un argument commercial de façade pour les voitures électriques. Et elle est bien souvent éloignée de la puissance de recharge moyenne, une valeur autrement intéressante puisqu’elle prend en compte le temps de recharge et la quantité d’énergie délivrée pendant l’exercice. Mais elle n’est jamais communiquée par les constructeurs, qui préfèrent avancer seulement le temps de recharge rapide entre deux niveaux de charge (en général de 10 à 80 %). Ce n’est donc pas un hasard si elle n’apparait pas sur la fiche technique, puisqu’elle permet d’appréhender plus précisément les performances en matière de recharge rapide.

En revanche, en pratique, l’utilisateur n’est rarement intéressé par ces chiffres : seul ne compte pour lui le temps de recharge, sinon l’autonomie récupérée dans un temps donné. Ce calcul met en corrélation les performances de recharge et la consommation (et donc l’autonomie théorique qui en découle). Autrement dit, le résultat est intimement lié à l’appétit d’un véhicule, et en conséquence à tous les facteurs qui peuvent influer la consommation (topographie, vent, température extérieure, vitesse moyenne, conditions de circulation, etc). Et on sait que cette dernière peut fortement évoluer dès l’évolution d’un ou plusieurs de ces paramètres.

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Ce qui ne nous a pas empêché de mesurer ces valeurs lors de nos Supertests. Parmi les innombrables façon de calculer les résultats, nous avons décidé de mesurer les performances des voitures par tranche de 15 minutes, tout au long de la recharge complète. Pourquoi ce temps ? C’est approximativement la durée minimale passée sur une aire lorsqu’on décide de souffler un peu, de passer aux toilettes et de boire ou manger (oui, nous avons chronométré ce parcours type). Et puis, à vrai dire, rares sont les conducteurs qui s’arrêtent seulement 5 ou 10 minutes pour recharger, hors cas très particuliers. Le palier supérieur de 30 minutes est un compte rond, qui permet dans la plupart des cas d’approcher de la barre des 80 %. C’est ce dernier temps que nous garderons pour établir le classement suivant. Enfin, précisons que nous avons systématiquement calculé ces valeurs en rapportant l’autonomie moyenne constatée lors d’un long trajet autoroutier (500 km à une vitesse moyenne de 115 km/h) au temps de recharge rapide.

Autonomie gagnée en 15 minutes

Meilleure puissance de recharge moyenne, meilleur chrono entre 10 et 80 % de charge, … : malgré sa consommation peu avantageuse, la Hyundai Ioniq 5 grimpe une fois de plus sur la plus haute marche du podium avec 182 km d’autonomie gagnés en 15 minutes. La voiture des gens pressés, c’est elle. En seconde position se trouve la BMW i4 eDrive40, qui peut récupérer 166 km d’autonomie en un quart d’heure. Elle devance le Tesla Model Y Performance, qui arrive en troisième position avec 149 km gagnés lors de notre mesure. Le Nissan Ariya 87, qui s’est montré plus performant en matière de recharge rapide, tombe en revanche en bas du Top 5 à cause de ses consommations plus élevées.

Voilà ce qui ne permet pas à l’Aiways U5 de tirer son épingle du jeu avec seulement 83 km d’autonomie gagnés, et ce, malgré sa courbe de recharge assez bien maintenue. C’est toutefois un peu plus que le MG ZS EV (80 km) et que la Renault Zoé R135 (50 km), sans surprise en dernière position. Le Kia Niro EV n’est guère convaincant avec 85 km récupérés en 15 minutes. Mais rappelons qu’il disposait de pneus hiver. Avec une monte habituelle, conditionnel de rigueur, nous avons estimé le gain à 95 km.

Autonomie gagnée en 30 minutes

En revanche, l’évolution des courbes de chacune permet de redistribuer les cartes en restant branché plus longtemps. C’est ce qui dessert la Hyundai Ioniq 5 : après avoir atteint la barre des 80 % en 18 minutes, la puissance de recharge chute et les gains ne sont alors plus aussi intéressants qu’au départ. C’est ainsi qu’elle se retrouve en deuxième position avec 241 km retrouvés en 30 minutes, juste derrière la BMW i4 eDrive40 (262 km). Le Tesla Model Y Performance reste sur le podium, mais il partage sa place avec le Skoda Enyaq iV 80 (233 km pour les deux).

Ça bouge un plus en bas du classement cependant. La Renault Megane e-Tech EV60 se trouve alors parmi les quatre dernières, alors que le Kia Niro EV remonte dans la mêlée. Avec des consommations un peu plus avantageuses, on pense même qu’il pourra se situer juste en dessous des meilleurs avec près de 170 km récupérés en 30 minutes. Mais c’est une estimation.

Autonomie gagnée en fonction du temps de recharge (en km)
Autonomie gagnée en 30 minutes Autonomie gagnée en 15 minutes
BMW i4 eDrive40 262 166
Hyundai Ioniq 5 241 182
Tesla Model Y Performance 233 149
Skoda Enyaq iV 80 233 134
Nissan Ariya 87 224 122
Ford Mustang Mach-E ER 193 112
Peugeot e-208 161 99
MG 5 158 89
Volkswagen ID.3 157 97
Kia Niro EV 153 85
Renault Megane e-Tech EV60 148 90
Aiways U5 146 83
MG ZS EV 146 80
Renault Zoé R135 99 50

Toutes les voitures essayées cette année ont pu recharger au moins 100 km en 30 minutes (99 km pour la Renault Zoé R135, mais soyons charitables), alors que seulement cinq parviennent à passer la barre des 200 km dans ce temps. En général, il s’agit de voitures avec une puissance en pic de plus de 130 kW. Il s’agit bien sûr d’une tendance puisque la Megane e-Tech (130 kW) est en bas de la liste, alors que le Mustang Mach-E (150 kW) est plombé par sa consommation sur autoroute. Au bout de 45 minutes, il n’y a que la BMW i4 eDrive40 qui passe la barre des 300 km (324 km exactement). Enfin, notons que seules les Hyundai Ioniq 5 et Skoda Enyaq iV 80 parviennent à effectuer le 10-100 % en moins d’une heure, avec 46 et 56 minutes respectivement.

Pour briller à table

On observe une certaine linéarité dans la courbe des gains avec, en moyenne, 70 % d’autonomie en plus en restant branché 15 minutes de plus. En passant de 30 à 45 minutes de recharge rapide, la plupart des voitures récupèrent encore 25 % d’autonomie en plus. Mais il est parfaitement hasardeux de vouloir tirer une conclusion avec ces données, les performances en matière de recharge et l’appétit des voitures sur l’autoroute étant très différents. Et cela s’observe avec la Hyundai Ioniq 5, qui s’écarte sensiblement de nos chiffres avec sa puissance de recharge moyenne unique sur le marché pour le moment.

Selon les relevés sur notre parcours de référence où on a mesuré chaque voiture de la même manière, il est possible d’estimer très grossièrement l’autonomie gagnée avec l’autonomie WLTP communiquée par le constructeur. Il suffit de la diviser par 4,3 pour obtenir le gain en 15 minutes, ou par 2,5 pour obtenir la valeur en 30 minutes. Mais il ne s’agit là que d’un dénominateur moyen, qui donne des écarts un peu disparates.

Si vous voulez être plus précis, il faudra cependant compliquer un peu plus le calcul, et prendre en compte les temps de recharge. Ce qui donnerait alors : [(A x 0,45)/T] x 30, où :

  • A = autonomie WLTP
  • 0,45 = différence moyenne entre l’autonomie WLTP et l’autonomie que nous avons observée sur autoroute
  • T = temps de recharge de 10 à 80 % communiqué par le fabricant
  • 30 = temps de référence

Ce calcul permet donc d’anticiper l’autonomie gagnée en 30 minutes de recharge rapide sur l’autoroute. Elle se montre généralement pessimiste (un écart maximal de 22 km par rapport à la réalité), mais rarement optimiste. Au final, on note en moyenne 1 km de moins avec notre formule par rapport à la réalité. Une exception et pas des moindres toutefois, avec la Hyundai Ioniq 5, dont la particularité fausse les résultats (345 km gagnés en 30 minutes contre 241 km dans la réalité).