À partir du 1er janvier 2024, des droits de douane de 10% doivent s’appliquer sur les véhicules électriques qui traverseront la Manche. Le gouvernement britannique et les constructeurs espèrent un report.

Le Royaume-Uni espère encore échapper à la taxe de 10 %

Mike Hawes, directeur général de la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), le lobby automobile britannique, se dit « optimiste quant à la conclusion d’un accord avec l’Union européenne ». Il espère encore pouvoir négocier avec les 27 États membres afin de reporter, voire d’annuler les droits de douane post-Brexit qui devront normalement s’appliquer d’ici quelques mois sur les véhicules électriques. Les pays de l’Union européenne ont pourtant donné leur accord pour instaurer une taxe de 10 % sur les véhicules électriques qui entreront sur le marché britannique à partir du 1er janvier 2024.

Pour être exemptés de cette taxe, il faut qu’au moins « 45 % de la valeur des pièces du véhicule électrique provienne de l’Union européenne ou du Royaume-Uni ». Aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. En effet, la plupart des batteries viennent par exemple de Chine. Par ailleurs, selon plusieurs analystes, cette réglementation pourrait justement bénéficier aux constructeurs chinois. Ils n’auront pas à la subir. Mais Mike Hawes ne s’alarme pas. Il estime que la conclusion d’un accord pourrait intervenir à la dernière minute, « comme pour le Brexit, à la veille de Noël ou quelque chose comme ça ».

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En Europe, la réglementation fait débat. Il se trouve que le Royaume-Uni représente un marché important pour les fabricants automobiles du Vieux continent. De quoi pousser Berlin à se ranger derrière Londres sous la pression des constructeurs allemands. Ils s’inquiètent pour l’avenir de leurs exportations sur le marché britannique. La position du pays leader dans le domaine de l’automobile en Europe pourrait même inciter la Commission européenne à reporter l’entrée en vigueur des droits de douane.

Sur un autre front, Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission, a ouvert une enquête sur les subventions accordées aux véhicules électriques chinois. La mise en application d’une taxe pour protéger les constructeurs automobiles européens des « prix artificiellement bas » des modèles chinois serait à l’ordre du jour. L’Union européenne dit ne pas vouloir d’une « concurrence déloyale » tandis que la Chine s’insurge et appelle Ursula Von der Leyen à « créer un environnement de marché équitable et non discriminatoire » et pointe du doigt « un comportement protectionniste flagrant ».

Quelle attractivité pour l’industrie automobile britannique ?

Le Royaume-Uni s’active pour devenir un territoire attractif pour les constructeurs automobiles. Le groupe Jaguar Land Rover détenu par l’indien Tata a par exemple prévu de construire une usine de batteries pour véhicules électriques sur le sol britannique. Elle pourrait voir le jour dans le Somerset, à l’ouest de l’Angleterre. Le géant indien a longuement hésité entre l’Espagne et le Royaume-Uni, mais finalement c’est bien la terre natale de Jaguar Land Rover qui a été choisie. Cette usine sur le sol britannique est une grande victoire pour le gouvernement et l’industrie automobile du pays.

Autre exemple avec Imerys, un groupe français spécialisé dans les minéraux et les métaux industriels qui a récemment annoncé son intention de devenir le « premier producteur intégré de carbonate de lithium pour batterie au Royaume-Uni ». Aux côtés de British Lithium, le groupe compte exploiter le plus grand gisement de lithium du pays, dans les Cornouailles. Pour Kemi Badenoch, secrétaire d’État au département du Commerce, « ce partenariat entre Imerys et British Lithium va permettre de renforcer notre approvisionnement national en minéraux, une étape cruciale pour le développement de notre industrie ».

Enfin, Stellantis vient d’officialiser l’ouverture de sa première usine consacrée à 100 % aux véhicules électriques en Angleterre. À Ellesmere Port le groupe automobile va fabriquer des utilitaires électriques pour le compte de ses différentes marques. Kemi Badenoch, toujours, pense que « cette implantation est la démonstration que le gouvernement britannique a trouvé la bonne formule pour accueillir les grands groupes de l’industrie automobile ». Le Royaume-Uni fait tout pour conserver une industrie automobile en bonne santé. Pour le moment, cela semble fonctionner.