La marque équipe sa version vitaminée de la Fiat 500 d’un générateur artificiel de son. Explications et verdict à l’oreille.
Est-ce un aimable divertissement ou le signal que la fin du monde approche ? L’Abarth 500e propose en option (1 500 euros) sur son premier véhicule électrique un système de sonorisation intérieur et extérieur, simulant le bruit d’un moteur thermique.
Spécificité du dispositif dit Sound System Generator : contrairement au Ford Mustang Mach-E (par exemple), il n’est pas seulement question ici de diffuser le son dans l’habitacle via les haut-parleurs habituellement dévolus à la radio. La 500e entend faire profiter piétons, cyclistes et autres usagers du réseau routier de cette musique.
Le système est composé d’un amplificateur multicanal, d’un haut-parleur et d’un woofer (haut-parleur spécialisé dans les sons graves, en dessous de 500 Hz). Ce dernier est situé sous le coffre, à l’endroit où l’on trouverait classiquement une roue galette.
Abarth assure que le travail a été mené en interne par ses spécialistes son et qualité pendant près de 6 000 heures. Les ingénieurs ont notamment travaillé dans une chambre semi-anéchoïque (le sol est en dur, les murs en mousse absorbante) pour améliorer la précision des relevés.
Parmi les sons décomposés puis reconstitués numériquement figurent l’échappement Monza Record et le rombo de l’actuelle 695 thermique. Même si Dodge appartient aussi à Stellantis, le projet de sonorisation de la Charger Daytona électrique est distinct de celui d’Abarth.
« Il faut comprendre cela comme la bande originale d’un film », explique-t-on au marketing de la marque au scorpion, « pour de nombreux conducteurs, il manque une sensation lorsque l’on retire le son ». Restait à entendre le résultat à l’oreille nue. Ce que nous avons pu faire à l’occasion des premiers essais internationaux de l’Abarth 500e, le 17 mai, à Balocco (Italie).
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De loin, on peut vraiment s’y tromper. Lorsque l’un de nos confrères a démarré le dispositif à une vingtaine de mètres de nos cages à miel, nous avons été surpris tant par le rendu sonore de la 500e que par le volume.
Ce dernier nous semble même – à l’oreille – supérieur à celui de la 695 thermique, qui n’est pourtant pas du genre à se cacher. Le niveau sonore est proche d’une moto au démarrage, ce qui ne devrait pas améliorer les relations avec votre voisinage. Stellantis déclare avoir été aux limites de ce qui est homologable en Europe aujourd’hui.
Les craquements d’échappement artificiels ne suivent pas un motif répétitif, l’effet est donc naturel. Au point mort, le conducteur ou la conductrice peut créer des vocalises, en fonction de la position du pied sur l’accélérateur, comme le ferait un moteur thermique montant dans les tours en position stationnaire.
De plus près, le résultat est moins convaincant. Certes, le son provient bien de l’arrière de la voiture. Mais le ronronnement ne paraît pas faire vibrer l’air avec autant de brio que le ferait un échappement classique. Le sol ne fait pas vraiment écho et le son se diffuse dans toutes les directions sans distinction.
Même constat au volant. Sur le circuit d’essai historique du groupe Fiat, nous avons poussé la 500e et son dispositif sonore dans ses retranchements. Et bizarrement, plus on roule vite, moins le bruit artificiel semble présent dans l’habitacle. Manquent aussi à l’appel les ruptures de régimes liées aux changements de rapports. Résultat : la sonorité est très linéaire, écrasant la sensation auditive d’accélération.
Enfin, on s’étonne. Le déclenchement (ou la mise en veille) du système sonore est perdu dans un obscur menu de l’écran central. Un bouton sur le tableau de bord aurait sans doute rendu l’utilisation plus facile. Cela laisse entendre que cette option sera certainement utilisée qu’à quelques reprises dans la vie du véhicule, histoire d’amuser les amis.
Après tout, certains crient au génie devant une voiture équipée d’un coussin péteur ou d’un lightshow…
En ville nous avons des mésanges (parce qu’à la campagne elles ont des difficultés à survivre — plus d’insectes à manger, atmosphère irrespirable à cause de la chimie ambiante —) mais la pollution sonore les oblige, pour pouvoir communiquer, à chanter deux octaves au-dessus de leur registre habituel.
On oublie parfois que l’ouïe, chez les humains, est un des sens les plus vulnérables, car elle met en jeu des processus au plus près du système nerveux ventral. Si nous voulons devenir fous et détruire la base de notre psychisme, nous n’avons qu’à continuer dans cette direction.
Il y a deux aspects :
Tout d’abord, puisqu’il y a désormais obligation d’un bruitage pour avertir les piétons, un bruit de moteur thermique n’est pas ridicule en soi. C’est un bruit reconnaissable rapidement comme venant d’une voiture. C’est peut-être dommage de limiter son imagination à ça, mais soit, admettons…
Par contre, quand je lis dans le texte des trucs comme « pour de nombreux conducteurs, il manque une sensation lorsque l’on retire le son », c’est vraiment nous prendre pour des idiots. Pour ces conducteurs, le son à l’intérieur suffit. Là, c’est vraiment pour le plaisir de nuire à ses voisins. Mais ce qui me met le plus hors de moi, et me fait totalement mépriser le constructeur (et souhaite qu’il soit condamné pour ça et fasse rapidement faillite), c’est « Stellantis déclare avoir été aux limites de ce qui est homologable en Europe aujourd’hui. » Quel mépris, quelle horreur, quel cynisme !
Comment ça fonctionne ? La génération et l’amplification du son (sans doute assez puissante) sont électriques et donc diminuent d’autant l’autonomie de la batterie, non ? On marche sur la tête…
Le bruit est une pollution insupportable qui a déjà conduit à plusieurs reprises (heureusement très rares) à… blesser ou même tuer !
La VE amène un avantage sur le plan de la réduction du bruit : qu’elle idée stupide de vouloir recréer du bruit…!
Le coût et le travail des ingénieurs auraient été beaucoup plus intelligemment utilisé à chercher à… réduire les autres bruits (aérodynamiques, de roulement) non ?
Seule « consolation » : c’est une option, qui, je l’espère, sera pas ou peu choisie…
C’est étonnant comme ce gadget désactivable (comme il est précisé dans l’article) mobilise les journalistes automobiles, parfois au détriment de l’information sur ce modèle. Ce n’est tout de même pas ce que cette auto contient de plus intéressant.
A moins qu’un article par jour consacré au fait que les modèles Tesla peuvent émettre un bruit de pet revête un intérêt tout aussi certain.
Reconnaissons toutefois que cet article est bien écrit et contient les informations de base autour de ce sujet restreint.
Dans les rallyes de regularité, parfois les épreuves en historique et en electrique étaient regroupées. Une fois les historiques ont été bloqués dans un village la nuit après le passage de la première voiture. En électrique nous étions passés avant. Cela avait un avantage que les électriques partent avant. Cependant, cela nous a joué une fois un tour sur un rallye où le chronométrage était manuel, nous avions la voiture n°1, le chronométreur ne nous a pas vu venir, ni entendu, et pas de chronométrage. Avec une historique, cela s’entendait arrivé de loin. Voila la 500e Abarth a resolu le pb!
Plus sérieux, quel boucan. J’espère que le son est encore plus fort à l’intérieur pour ramener à la raison le conducteur, voire même que le son n’est qu’à l’intérieur, mais j’en doute. Quelle pollution !
C’est un peu comme la cigarette électronique qui se substitue au tabac.
La législation devrait interdire les bruits artificiels, agressifs aux oreilles, qui polluent l’espace sonore des villes et campagnes. Les bruits qui sont émis hors du cadre normé « avertisseur des piétons ».
Dans 10-15 ans, on en reparlera de ces ersatz de bruit moteur comme des voitures « Jacky Touch » du début du millénaire.
J’ai hâte qu’on ait aussi un générateur de fumée et d’odeur d’essence mal brûlée… 😒