Des dividendes records pour les industries fossiles en 2023 // Photographie : Tim van der Kuip / Unsplash

Les dividendes versés aux actionnaires des industries fossiles sur l’année 2023 pourraient atteindre des records. Selon nos confrères du Guardian, BP, Shell, Chevron, ExxonMobil et TotalEnergies sont en train « d’arroser » leurs investisseurs comme jamais.

Encore des dividendes records en 2023

Selon l’IEEFA (l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis), les cinq plus grandes sociétés pétrolières cotées au monde (à savoir : BP, Shell, Chevron, ExxonMobil et TotalEnergies), versent actuellement des dividendes records à leurs actionnaires sur l’année 2023. Des versements exceptionnels, qui font suite à une année de « bénéfices records pour les grandes compagnies pétrolières et gazières ».

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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les marchés mondiaux de l’énergie sont bouleversés. Cette guerre a déclenché une hausse du prix du pétrole et provoqué l’augmentation des prix du gaz dans toute l’Europe. Si 2022 avait déjà été une année record pour les versements des dividendes (près de 104 milliards de dollars versés) dans les industries fossiles, 2023 pourrait être encore plus impressionnante.

Pourtant, l’année 2023 a vu les prix des matières premières baisser par rapport à 2022. Cela a entraîné une diminution des bénéfices pour les sociétés pétrolières et gazières. Malgré cela, BP, Shell, Chevron, ExxonMobil et TotalEnergies comptent bien distribuer des dividendes exceptionnels à leurs actionnaires. Pour Trey Cowan, analyste à l’IEEFA, « les cinq super-majors vont dépasser les 104 milliards de dollars versés en 2022 ».

Le signe de la fin d’une ère ?

Shell prévoit par exemple de verser 23 milliards de dollars à ses actionnaires. Ce montant est six fois supérieur aux investissements de l’entreprise dans les énergies renouvelables. De quoi faire grincer des dents. La plupart des compagnies pétrolières continuent d’offrir de « généreuses ristournes à leurs actionnaires, alors que ces derniers sont soumis à une pression croissante pour céder leurs actions », selon le Guardian.

Selon Dieter Helm, professeur de politique économique à l’université d’Oxford et ancien conseiller du gouvernement britannique, ces versements records « suggèrent que l’industrie reste confiante quant à sa rentabilité future ». D’autres pensent à l’inverse que ces récompenses sont utilisées pour détourner l’attention des investisseurs des réactions de l’opinion publique contre l’industrie pétrolière.

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En 2023, les industries fossiles pourraient en revanche être reléguées à la deuxième place du classement des dividendes records. Les banques devraient prendre l’ascendant. Trey Cowan est convaincu que « l’industrie pétrolière commence à vider son trésor de guerre utilisé pour payer les actionnaires ». Selon lui, les futures distributions de ces sociétés devraient diminuer.