
Nicolas Sarkozy au mondial de l'Auto. L'industrie automobile, et spécialement la voiture verte, reste très dépendante des aides des états.
En franchissant les portes du Mondial 2010, j’ai eu la sensation d’une grande pression. Pression sur les constructeurs car ils ont presque tous parié dans la sortie de la crise, dans la reprise de la croissance et donc des ventes de voitures (ventes qui sont largement favorisées par les aides de l’État). Or, il y a de nouvelles réalités qui se dessinent autour de la mobilité durable avec des enjeux énormes pour les constructeurs.
Ceux-ci, pour pouvoir être au cœur de la révolution culturelle et technologique, pour pouvoir être en pôle position dans un virage à 90°, investissent énormément d’argent en Recherche et Développement, mais aussi en publicité, communication et marketing. C’est la guerre des stratégies entre les constructeurs pour savoir lequel va choisir la formule la plus pertinente et la plus innovante mais aussi la guerre de celui qui va réussir à imposer ses idées comme étant les nouveaux standards universels, tant en termes de façon de consommer la mobilité qu’en termes de technologie.
Par ailleurs les mesures publiques de soutien sont vouées à se réduire progressivement, laissant un grand point d’interrogation sur les ventes futures. Une nébuleuse appelée « Asie » et « Amérique Latine » ajoute encore à l’incertitude du marché à venir. Petit à petit, ce Mondial 2010 me fait penser à un jeu de poker géant entre les constructeurs car pour le moment, nul ne sait ce qu’il adviendra et si tous ces investissements, aussi pertinents soient-ils, seront ceux du marché de demain.
J’ai pu remarquer aussi que les constructeurs accordent énormément de soin à préparer des offres soit de « premier prix », soit des offres de prestige. Il y a comme une dichotomie des offres qui laisse un peu sur le coté des modèles intermédiaires sur lesquels peu de communication et de valorisation est faite.
Renault est à mon sens le constructeur qui sait le plus tenir en haleine le public avec son projet du tout électrique et ses véhicules pour Monsieur et Madame tout le monde (Twizy, Zoé, Fluence, Kangoo). C’est un peu à double tranchant, car plus Renault suscite l’enthousiasme avec ces prototypes ZE, plus il peut faire de déçus si l’offre commerciale ne correspond pas aux possibilités financières des consommateurs ou tout simplement au « lifestyle » des consommateurs (cf : devoir acheter une voiture et louer une batterie…).

Signe des temps, même Jaguar se met à proposer un concept-car électrique. Mais encore une fois, cette voiture électrique ne reste qu'au stade de prototype.
Enfin pour conclure sur mon sentiment, je trouve dommage que les constructeurs hésitent encore à faire des propositions concrètes en véhicules propulsés avec une énergie alternative. Les véhicules propres ne sont pas encore prêt d’envahir nos routes, c’est certain. Je pense pourtant que les constructeurs ont un vrai pouvoir entre leurs mains. Car même si pour la voiture électrique les infrastructures n’existent pas encore partout ou ne sont pas encore très développées, on a l’impression que les constructeurs attendent beaucoup des gouvernements. Or les États et les partenaires suivraient beaucoup plus vite s’il existait déjà sur le marché un certain nombre de consommateurs roulant en voitures électriques.
Je serai le premier à vouloir vendre ma voiture diesel pour m’acheter une petite citadine électrique, même avec un peu moins de 100 Km d’autonomie. C’est tout ce dont j’ai besoin en milieu urbain et péri-urbain durant quasiment 95% de l’année. Alors pourquoi attendre ? Car comme certainement 75% des Français, je ne suis pas en mesure de mettre 35 000 euros pour une toute petite citadine qui ne m’emmènera pas bien loin de chez moi…
La part belle est effectivement pour la voiture électrique, qui n’a aujourd’hui que 150 km maxi d’autonomie (combien en hiver de nuit dans les bouchons?), donc plutôt citadine. On peu effectivement se demander quelle est la pertinence d’une auto dans les grandes villes où les transports en commun sont présent, ainsi que dans les villes moyennes où ils pourraient être mieux développé.
Pas d’auto en ville, ce sont des économies pour les particuliers mais ce n’est pas bon pour l’industrie automobile…
Le secteur des véhicules nécessitant plus d’autonomie semble complètement délaissés?
Pourtant il existe des solution transitoires en attendant d’avoir soit du tout électrique à 400km d’autonomie ou la pile à combustible embarquée:
le GNV biogaz, qui peut aussi être en hybride.
On peut aussi se poser la question: le but premier n’est il pas de réduire notre empreinte écologique?
Dans ce cas, le plus efficace n’est il pas de ne pas utiliser de véhicule et de favoriser les transports en commun (GNV biogaz, hydrogène, ou électrique) ainsi que les modes doux (vélo)?
Francky
Il y a beaucoup de « vrais sujets » dans cet article…
– concernant les constructeurs, ils ont tous traversé une crise financière sans précédant, et doivent malgré tout investir en R&D afin de pouvoir répondre aux exigences d’émissions de CO2 de plus en plus sévères. Il fut une époque où je me demandais si les véhicules à énergies alternatives allaient être proposés par de nouveaux entrants sur le marché, mais je crois que la réponse est négative : Tesla restera certainement un exemple unique…
– pour les aides gouvernementales, il y a un point qui, je pensais, allait faire scandale : Renault annonce un prix pour son Kangoo ZE variable en fonction des aides en vigueur dans chaque pays : en clair, certains états subventionnent d’autres moins généreux ou engagés. Comment le prendre lorsqu’on offre 5000€ ? Rien que pour cette raison, je comprendrai aisément le désengagement… :-(
– le low cost devient de plus en plus du « smart cost » (achat intelligent ou malin), en automobile comme dans notre vie de tous les jours… ce qui nous permet d’un autre côté de consommer du prémium ! Les généralistes doivent s’attendre à des temps difficiles…
– pour les infrastructures, on en est toujours à l’histoire de l’oeuf et de la poule !
– …et enfin pour ta voiture personnelle, tu peux toujours te laisser séduire par la Fluence ZE annoncée à 21300€ (+ location de batterie) qui répondra à tes envies de rouler en véhicule électrique avec une autonomie « descente »… il y a juste ta première tentative de créneau qui risque de se transformer en cauchemar :-)
Merci pour cet article Marco, j’ai vraiment eu l’impression d’y être. Je crois que ton ressenti est fondé et qu’il y a un véritable enjeux derrière ce salon de l’auto 2010.