Le Japon fait face à un vieillissement de sa population. 20 millions d’habitants ont plus de 75 ans. Pour lutter contre les accidents des « vieux », une société japonaise va tester un système d’intelligence artificielle capable de détecter le déclin des capacités cognitives des conducteurs.

40 % des japonais auront bientôt plus de 65 ans

Le pays du soleil-levant est confronté à un problème démographique majeur. En 2050, les plus de 65 ans représenteront environ 40 % de sa population. Un défi auquel le Japon tente de répondre par la technologie. Il y a de plus en plus de robots à la maison, dans les hôpitaux, dans les transports et petit à petit, l’intelligence artificielle trouve sa place aux côtés des personnes âgées.

Cette évolution amène un autre problème : au Japon, les personnes âgées doivent composer avec de minces retraites. Ce qui les oblige à travailler de plus en plus tard. Les chauffeurs de taxi ont par exemple le droit de travailler jusqu’à 80 ans dans les zones reculées du pays pour permettre les déplacements des habitants. Plus globalement, un tiers des japonais âgés entre 70 et 74 ans a encore une activité professionnelle.

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Un phénomène sociétal qui pousse certaines entreprises technologiques à développer de nouveaux outils pour accompagner cette évolution. C’est justement le cas de NTT Data. Cette société japonaise va travailler avec la compagnie de taxis Kokusai Motorcars, basée à Tokyo, pour tester un système d’intelligence artificielle à bord des véhicules. Son objectif : détecter les faux pas des personnes âgées au volant.

Le Japon compte sur l’IA pour réduire les accidents

Le système d’intelligence artificielle développé par NTT Data va analyser la vitesse de conduite, l’accélération et la décélération, ainsi que d’autres données pour « informer les conducteurs d’un éventuel déclin de leurs fonctions cognitives ». L’entreprise espère recueillir un grand nombre de données auprès des dizaines de taxis dont les chauffeurs sont âgés de 65 ans ou plus. L’expérience va durer six mois au Japon.

Les données seront collectées en fixant sur les véhicules des capteurs. Les informations recueillies seront envoyées en temps réel à l’intelligence artificielle pour mesurer les comportements de conduite. En fonction des résultats obtenus, et « en conjonction avec l’état initial des fonctions cognitives et l’âge du conducteur », l’outil déterminera si les capacités cognitives du conducteur sont normales ou en déclin.

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Après cette première expérience, le Japon pourrait décider de démocratiser l’intelligence artificielle à bord des automobiles. L’algorithme sera notamment commercialisé dans les secteurs des taxis et de la logistique, où, comme l’ensemble de la population japonaise, les conducteurs vieillissent. À l’avenir, NTT Data promet que « le système sera mis à la disposition de l’ensemble des conducteurs ».

L’augmentation du nombre de conducteurs âgés au Japon provoque de plus en plus d’accidents. D’autres expériences basées sur l’intelligence artificielle sont également en cours dans le pays. Il y a notamment une technologie qui permet d’examiner les fonctions cognitives des personnes âgées en analysant leurs expressions faciales et les mouvements de leurs yeux pour détecter un éventuel déclin.

Avis de l'auteur

La crise démographique que traverse le Japon devrait nous amener à réfléchir sur le modèle français. Certains japonais préfèrent aller en prison plutôt que de continuer de travailler au motif qu’ils « bénéficient de meilleures conditions de vie en prison qu’en liberté ». Une situation unique au monde dans un pays qui semble dépassé par cette « vague de vieux ». Il semble effectivement compliqué de travailler jusqu’à 80 ans. Si on laisse cela de côté, l’idée d’introduire un système d’intelligence artificielle pour « surveiller » les fonctions cognitives des conducteurs me semble être une bonne idée. Il faut composer avec des éléments factuels : la population vieillit et par conséquent les accidents de la route augmentent. Si cette IA permet d’alerter les personnes âgées sur d’éventuels faux pas, je pense que c’est une bonne idée. Une technologie comme celle-ci pourrait en revanche priver certains chauffeurs de taxi de leur job.