La mythique marque anglaise, désormais contrôlée par Geely, s’attaque au Tesla Model X avec un imposant SUV développant 603 ch dans sa version S et 905 ch en version R. Que vaut ce drôle d’Urus sans malus venu de Wuhan ?

Geely arrive en force sur le marché européen. Désormais à la tête du constructeur suédois Volvo, le géant chinois a aussi développé la plateforme de la Smart#1 et détient la mythique marque anglaise Lotus. Les puristes vont évidemment hurler en découvrant la fiche technique de l’Eletre, nouveau SUV 100% électrique dont le poids oscille entre 2490 et 2640 kg (hors conducteur) selon le type de moteur et le niveau d’équipement. Une véritable offense au slogan « light is right » (la légèreté, il n’y a que ça de vrai) de Colin Chapman, fondateur de la marque anglaise en 1952. Reste que la logique du marché n’est pas toujours celle des ingénieurs ou des puristes. En atteste, les Porsche Cayenne et autre Macan tant décriés à leur lancement et figurant pourtant comme les plus grands succès commerciaux du constructeur allemand.

De 603 à 905 ch avec des freins

Disponible en trois versions (Eletre, Eletre S et Eletre R), le nouveau SUV anglais fabriqué en Chine, à Wuhan, affiche un gabarit encore plus imposant (5,10 m de long pour 2,02 de large et 1,64 m de haut) que son principal rival, le Tesla Model X. Doté de deux moteurs intégrés dans ses essieux avant et arrière, le Lotus Eletre développe 603 ch pour 710 Nm dans ses déclinaisons de base ou S et 905 ch pour 985 Nm dans sa version R dont le moteur arrière plus imposant est couplé à une boite de vitesses à 2 rapports. Tous les modèles exploitent la même batterie (de type NMC prismatique) d’une capacité de 112 kWh brut soit 109 kWh net utile. 

Côté châssis, le Lotus Eletre profite de trains avant et arrière multibras avec des suspensions pneumatiques qui peuvent être complétées en option par des barres antiroulis actives et des roues arrière directrices moyennant 6 600 €. Pour s’assurer d’avoir un bon ressenti au volant, l’Eletre exploite une direction à assistance électromécanique avec 2,5 tours de butée à butée et peut compter sur de gros freins. Si la version de base se contente d’étriers à 4 pistons à l’avant, les version S et R reçoivent 6 pistons voire 10 pistons si vous optez pour des disques en carbone céramique facturée 11 760 €.

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Ambiance luxueuse, sportive et high tech

Le Lotus Eletre surprend par sa qualité de fabrication avec des joints épais, des assemblages de carrosserie précis et régulier. La planche de bord comme les contre-portes se parent de matériaux rembourrés, de cuir et d’une sorte d’Alcantara qui couvre aussi l’ensemble du pavillon. Les rangements assez nombreux reçoivent des antidérapants et la boîte à gants est entièrement habillée de feutrine. Outre l’aspect très qualitatif de l’ensemble, nous n’avons pas noté le moindre rossignol et autre bruit de mobilier durant notre essai, même sur des chemins de terre bosselés.

Concernant l’habitabilité, le Lotus Eletre est moins spacieux qu’un Tesla Model X (qui peut embarquer jusqu’à 7 personnes) mais reste bien adapté à un usage familial.  Dans sa configuration 5 places, le Lotus Eletre propose entre 688 et 1 532 l avec des dossiers fractionnable en 3 parties, tandis que l’aménagement en 4 places (6 600 €) réduit le volume à 611 litres avec des dossiers fixes. Dans les deux cas, les sièges arrière peuvent être ventilés, chauffants et réglables électriquement moyennant 4 560 € (Pack Confort). Les passagers disposent également d’un écran tactile pour régler la climatisation 4 zones ou accéder au système multimédia. Précisons que le Lotus Eletre comprend un petit coffre complémentaire à l’avant (46 l) qui s’avère bien pratique pour ranger les câbles de recharge, toujours sales et trop encombrants, sans les mélanger avec les bagages.

Des écrans et des enceintes à gogo !

A l’avant, le pack Confort à 4650 € intègre des sièges ventilés et chauffants avec de nombreux réglages électriques dont le maintien latéral qui s’accentue en appuyant sur le mode Sport. Ces sublimes sièges baquets apparaissent cependant assez fermes et relativement étroits au risque d’oppresser les gabarits les plus généreux. La planche de bord très moderne et recouvertes de jolies surpiqures s’accompagne d’un magnifique volant avec des palettes autorisant le réglage du frein moteur à gauche et des modes de conduite à droite. L’ergonomie des commandes est bien pensé avec des molettes de raccourci pour intervenir directement sur les réglages de climatisation et le désembuage.

L’aspect pratique n’est pas oublié avec de nombreux rangements, pour la plupart dotés d’antidérapants, et une boîte à gants assez spacieuse et entièrement garnie de feutrine. L’écran tactile de 15,1 pouces présente de beaux graphismes mais manquait de réactivité lors de notre essai.  Le GPS pêche par sa précision et nous n’avions pas encore la compatibilité avec Apple Car Play et Android Auto. Des mises à jour à distance corrigeront le tir par la suite. Nous n’avons pas non plus pu tester l’application pour smartphone. En revanche, nous avons pu profiter pleinement de la chaine Hi-Fi KEF Audio avec Dolby Atmos (23 HP et 2160 W) qui fait tourner le son autour de vous. Un équipement qui figure dans la dotation de série sur l’Eletre S (mais coûte 6 600 € sur R !?) au même titre que l’écran supplémentaire pour le passager avant droit.

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Un colosse assez agile

Au volant, le Lotus Eletre séduit immédiatement par sa direction directe et précise aussi agréable en manœuvre qu’à rythme soutenu. Le ressenti de la pédale de frein se montre lui aussi très naturel avec un mordant rassurant. La possibilité de faire varier la force du freinage régénératif depuis le volant est très appréciable. Mais comme sur beaucoup de véhicules chinois, le freinage régénératif fait preuve d’un peu d’inertie au lever de pied et ne permet pas d’aller jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Concernant le confort, les suspensions pneumatiques proposent deux lois de réglage bien marquées. Le mode Confort se fait très souple au risque de parfois dribbler sur les aspérités alors que le mode Sport filtre plus fermement mais finalement plus efficacement les chocs. Lorsqu’il est équipé du pack Dynamic (6 600 € sur S, en série sur R), le Lotus Eletre peut compter sur des roues arrière directrices et de barres antiroulis actives qui optimisent grandement sa maniabilité en ville (12 à 10,4 m de diamètre de braquage) et contiennent bien les mouvements de caisse.

Côté comportement, le Lotus Eletre apparaît assez incisif malgré son gabarit et intègre un antidérapage ESP efficace (et totalement déconnectable en mode Piste sur l’Eletre R). Nous avons toutefois noté une tendance à copier la route, et générer de très légers louvoiements sur de fortes accélération en mode Confort ou lors d’un freinage d’urgence à 170 km/h réalisé sur une piste d’aérodrome détrempée. Un sentiment sans doute amplifié par la précision de la direction. Il serait intéressant d’effectuer un essai sur autoroute allemande pour pouvoir attester de sa stabilité à vive allure et vérifier l’efficacité de son aérodynamique très travaillée avec un aileron actif. Comme sur tous les SUV électriques haut de gamme, le Lotus Eletre accélère fort et assure des relances canons (0-100 km/h : 4,5 s de base et 2,95 s sur le R). Il n’arrive toutefois pas à faire aussi bien que le Tesla Model X (3,9 s et 2,6 s sur le Plaid) et tente donc de se faire pardonner avec une vitesse de pointe un poil plus élevée de 258 km/h en version de base et 265 km/h sur R (250/262 km/h pour les Tesla Model X Grande Autonomie et Plaid).

Un confort de haut vol

Sur voie rapide, le Lotus Eletre brille par son insonorisation. Les vitres feuilletées limitent grandement les sifflements aérodynamiques tandis que des capteurs situés dans les passages de roues aident à contenir les bruits de roulement. Il faudra attendre la version définitive pour tester ses aides à la conduite qui n’étaient pas toutes fonctionnelles lors de cette présentation presse. La garde au sol généreuse (de 18,7 en 20 pouces et 19,4 cm en 22/23 pouces) peut grimper de 5 cm en mode Off Road pour aborder sereinement les chemins de traverse où l’Eletre encaisse bien les chocs et peut compter sur ses 4 roues motrices permanentes. N’espérez toutefois pas faire de miracle sur la neige avec les pneus sportifs d’origine sans oublier la masse pachydermique du véhicule qui accuse 260 kg de plus qu’un Tesla Model X déjà énorme (2455 kg en Plaid) !

Une bonne autonomie et une recharge très rapide. 

Durant notre essai nous avons affiché 28,9 kWh/100 l de consommation moyenne. Mais sur les 1 797 km parcourus par la voiture, l’ordinateur de bord indiquait une moyenne de 25,6 kWh/100 km ce qui n’a rien d’effarant au regard du poids et des performances. Avec 109 kWh de capacité de batterie, il semble donc possible de dépasser les 400 km d’autonomie en usage mixte réel et les 350 km sur autoroute. La monte pneumatique d’origine en 20 pouces devrait toutefois se montrer moins gourmande que celle de notre modèle d’essai chaussé en 22 pouces.

Selon les chiffres d’homologation WLTP, l’autonomie oscille entre 410 km pour un Eletre R tout équipé avec du 23 pouces et 600 km pour la version de base en 20 pouces sans option. Durant cette première prise en main d’un modèle de présérie, nous n’avons pas pu tester la charge rapide. Mais grâce à sa tension de 800 V, le Lotus Eletre accepte théoriquement jusqu’à 350 kW de puissance de charge en courant continu (DC). De quoi charger son imposante batterie de 10 à 80 % en 20 mn seulement. La présence d’un chargeur embarqué de 22 kW en série autorise un plein en sur 6 h sur une borne en courant alternatif. Précisons par ailleurs que la pompe à chaleur figure aussi dans la dotation de base.

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Moins cher que les Allemands mais plus que l’Américain

Accessible à partir de 97 890 € avec un équipement de série déjà très généreux, le Lotus Eletre grimpe à 123 090 € en version S et 153 090 € en version R. Des tarifs certes très élevés mais bien plus compétitifs que les BMW iX, Mercedes EQS SUV et Audi Q8 e-tron qui réclament une foule d’options. Seul le Tesla Model X (à 114 490 € en Grande Autonomie et 134 490 € en Plaid) parvient à proposer un meilleur rapport prix/équipements/performances/habitabilité. Reste que le Lotus Eletre affiche un design très attractif, une présentation flatteuse et une garantie 5 ans ou 150 000 km. Souhaitons que le petit réseau Lotus sache bien soigner cet imposant vaisseau venu de Wuhan.

On aime :

  • La finition soignée et l’équipement complet
  • Les performances fulgurantes
  • Le freinage puissant et la direction plaisante

On aime moins :

  • Le poids colossal
  • La mise au point du software à parfaire
  • Le réseau de distribution en gestation

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