La ville de Kiev, capitale de l’Ukraine // Photographie : Oleksandr Zhabin / Unsplash

Depuis deux ans et le début de l’invasion russe, le nombre de voitures électriques a fortement augmenté en Ukraine. De nombreux modèles accidentés en provenance des États-Unis et du Canada ont une deuxième vie dans ce pays de l’Europe de l’Est où la guerre continue de faire rage.

L’Ukraine répare des modèles Tesla accidentés

En Ukraine, les constructeurs automobiles vendent assez peu de voitures électriques. Paradoxalement, la part de ces dernières ne cesse d’augmenter dans le pays : elle est aujourd’hui de 9 % (à peu près comme aux États-Unis). C’est deux fois plus qu’en Pologne ou en République tchèque, deux pays voisins de l’Ukraine. Un phénomène surprenant prend de l’ampleur dans cet état en guerre contre la Russie. Des véhicules électriques endommagés, notamment des Tesla, arrivent en provenance des États-Unis et du Canada pour être réparés sur place.

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Les mécaniciens américains n’aiment pas les voitures électriques. Selon un article publié par nos confrères de Wired, « les ferrailleurs ont du mal à rentabiliser leurs pièces détachées et préfèrent les expédier à l’étranger ». Les garages les considèrent comme « plus difficiles à réparer ». De quoi faire le bonheur des nombreux mécaniciens ukrainiens qui se sont spécialisés sur les voitures électriques. Depuis deux ans, l’offre de modèles endommagés en provenance d’Amérique du Nord est très abondante.

Certains réparateurs ukrainiens remettent sur pied jusqu’à 100 modèles Tesla tous les mois. C’est le cas d’Ivan Malakhovsky, un chef d’entreprise qui emploie 10 personnes pour réparer des véhicules accidentés. Actuellement sur le front, il continue de faire tourner son entreprise et « effectue parfois des réparations à distance par l’intermédiaire de logiciels ». Il estime que « réparer les batteries des voitures électriques n’est pas un problème ». Selon lui, la plupart des Tesla qui roulent en Ukraine sont des modèles qui ont été accidentés en Amérique du Nord.

La voiture électrique est plus intéressante que l’essence

La guerre que traverse l’Ukraine actuellement a même stimulé la croissance des voitures électriques : le prix de l’essence est très haut depuis quelques mois. Aussi, les infrastructures de recharge sont bien développées dans le pays et le gouvernement semble favorable à une transition vers l’électrique. Il n’y a par exemple plus de taxes ni droits de douane sur les importations de voitures électriques. Si on ajoute à cela le phénomène des épaves nord-américaines, les ukrainiens ont tout intérêt à passer à l’électrique.

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Comme on peut le voir sur ce graphique réalisé par Wired avec les données de l’Automarket Research Institute, le nombre de voitures électriques a quasiment été multiplié par trois entre 2021 et 2023. On constate également que la part des modèles d’occasion est bien plus importante que celle des modèles neufs. La guerre en Ukraine a donc réellement stimulé cette croissance. Dans le pays, « la Tesla est même devenue une voiture populaire pour le commun des mortels », selon Ivan Malakhovsky. Son entretien est très bon marché.

La croissance des voitures électriques en Ukraine depuis 2014 // Source : Wired

Il faut environ cinq mois pour qu’un modèle accidenté en provenance des États-Unis arrive en Ukraine. Depuis le début de la guerre en 2022, les navires qui transportent les véhicules électriques passent par Klaipėda, en Lituanie ou par Koper en Slovénie. Sur les réseaux sociaux, particuliers et professionnels s’organisent pour trouver les bonnes pièces. Des milliers de propriétaires de voitures électriques font du troc. Certains mécaniciens achètent parfois deux modèles Tesla en panne pour en créer un seul.

Ce succès en Ukraine montre « l’incapacité des assureurs et des fabricants nord-américains à donner une seconde vie aux modèles électriques ». Dans le pays de l’Oncle Sam, les prix des réparations sont exorbitants. Notamment parce que les véhicules sont de plus en plus complexes mais aussi parce qu’il y a une pénurie de techniciens automobiles. Et c’est inquiétant. Depuis quelques années, les casses reçoivent des modèles quasiment neufs avec un faible kilométrage. Les ferrailleurs gagnent parfois plus d’argent en démontant les voitures qu’en les réparant.