Polestar et Rivian ont établi ensemble un rapport sur l’impact environnemental de l’industrie automobile. Les deux constructeurs alertent les autres marques sur le besoin d’accélérer la transition.

Récemment, la directrice de la durabilité de Polestar a attaqué les autres constructeurs automobiles pour leurs actions environnementales. Elle leur reprochait de ne pas se lancer assez vite dans l’électrification, et visait notamment Toyota.

Mais ces propos n’étaient qu’un début, puisque sa marque a publié un rapport sur le sujet. Le constructeur suédois a effectué ce travail avec une autre marque de voitures 100 % électriques, l’américain Rivian.

Le Pathway Report, c’est son nom, analyse le chemin que suit l’industrie par rapport aux efforts nécessaires. C’est sur le dernier rapport du GIEC que se base ce document, qui s’alarme de la pollution qu’engendre l’automobile.

En effet, l’industrie auto représente 15 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. De plus, à son rythme actuel, cette industrie dépassera de 75 % ce que conseillent les spécialistes du GIEC. Le Pathway Report de Polestar et Rivian explique comment l’automobile peut encore rattraper le coup.

Selon les deux marques, qui le détaillent en trois grands axes, il est encore possible pour l’industrie automobile de suivre les Accords de Paris. Pour rappel, ceux-ci appellent l’ensemble des entreprises et des gouvernements du monde entier à s’unir pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré d’ici à 2100.

Le GIEC a statué que les émissions de gaz à effet de serre mondiales doivent être réduites de 43 % d’ici à 2030 pour avoir une chance de respecter les Accords de Paris. Pour cela, Polestar et Rivian pensent que les constructeurs doivent accélérer sur la transition vers l’électrique.

Trois grands axes pour réduire les émissions de CO2

Le premier des trois grands axes est évidemment la transition vers les véhicules ‘zéro émissions’. Le rapport note que les voitures actuelles génèrent jusqu’à 85 % de leur pollution actuelle durant leur utilisation. Et malgré la hausse d’émissions que cela représenterait avec la production des voitures et des batteries, ce serait nettement avantageux en matière de bilan global.

Les deux constructeurs sont toutefois conscients que le défi de l’infrastructure de recharge est crucial. Mais s’il est possible de réduire assez vite la quantité de véhicules à moteur thermique, l’impact sera très positif. Cependant, il le sera à moyen terme car à court terme, l’augmentation des émissions pour la production se ressentira dans le bilan.

Le deuxième axe est la réduction des énergies fossiles. Le principal levier de décarbonation de l’industrie automobile est bien sûr la réduction de l’utilisation du pétrole. Mais il faut aussi que la recharge des véhicules ne dépende pas d’énergies fossiles.

L’objectif est donc, selon ce rapport, d’utiliser majoritairement les énergies décarbonées telles que l’éolien, le solaire ou encore le nucléaire. Actuellement, ces énergies représentent 39 % du mélange énergétique mondial, ce qui ouvre la porte à “des progrès substantiels et à un potentiel d’amélioration futur”.

Ce n’est toutefois pas le levier principal, comme le précise le rapport. Et pour cause, la réduction des émissions polluantes se fait bien plus rapidement dans le domaine des énergies que dans l’industrie automobile. Supprimer les voitures à moteur thermique le plus rapidement possible reste donc la solution la plus efficace.

Enfin, le troisième point principal d’évolution est la réduction des émissions polluantes de la chaîne d’approvisionnement. Le rapport évalue le potentiel de réduction de la pollution à ce sujet et le divise ainsi en trois sous-parties.

L’importance d’éliminer les énergies fossiles

La première est la réduction des émissions de CO2 liées aux matériaux et à la production. La deuxième est un changement de conception pour que les matériaux des voitures soient moins polluants. On sait que Polestar est très engagé sur ce sujet, avec des intérieurs déjà durables. Enfin, le troisième axe de réduction des émissions polluantes liées à la chaîne d’approvisionnement dépend évidemment du recyclage et de l’économie circulaire.

Par ailleurs, le rapport détermine que quatre points spécifiques représentent 78 % des émissions de la chaîne d’approvisionnement pour les véhicules électriques. Il s’agit de l’acier, de l’aluminium, de la batterie, et de la production elle-même.

L’acier est un point sensible en matière de pollution, car il dépend à 74 % du charbon pour alimenter sa fabrication. De la même manière, l’aluminium est très énergivore, puisque 70 % des émissions liées à ce métal proviennent de l’électricité consommée pendant l’électrolyse de l’alumine. Pour ces deux matériaux, une baisse de 95 % des émissions est nécessaire si l’on veut conserver une chance de respecter les Accords de Paris.

La batterie est assurément un point sensible, car là encore, la consommation d’énergie est énorme. En utilisant uniquement des énergies vertes pour alimenter cette production, il serait possible de réduire les émissions polluantes de 98 %. De la même manière, une réduction de 70 à 75 % des émissions est possible pour la production des voitures.

Le rapport préconise enfin d’accélérer la transition vers l’électrique car, en respectant ces divers points, l’impact en sera plus fort. En effet, la voiture électrique pollue davantage par ses matériaux et sa fabrication. Si l’on améliore l’aspect écologique de la chaîne d’approvisionnement, l’effet sera plus bénéfique que sur des voitures thermiques, encore très polluantes une fois produites.

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