N’ayant pu exposer ses charmes à Genève, le concept-car DS Aero Sport Lounge s’est révélé en avant-première devant nos objectifs et présente quelques innovations à venir.

La nouvelle vague, voici comment l’on peut interpréter l’actualité tournant autour de DS Automobiles. Si l’on évoque ce mouvement cinématographique, c’est qu’il a porté une notoriété toute française au-delà de nos frontières. Ici, le constat est le même, puisque la marque de voitures haut de gamme décolle enfin, avec aujourd’hui 3 modèles au catalogue, dont la dernière DS 9 E-Tense. Mais face à des  concurrents allemands aux gammes très fournies, cela ne suffit pas. L’offre de la marque premium de PSA va donc continuer à s’agrandir et s’annonce par l’intermédiaire un concept-car. L’Aero Sport Lounge est donc là pour présenter ce futur. Il n’est pas au Salon de Genève, annulé, mais dans un studio où nous avons pu l’approcher, le toucher, s’y installer et tester ses fonctionnalités innovantes.

Une sculpture pour « l’efficience aérodynamique »

« C’est un concept important », souligne Béatrice Foucher, PDG de DS Automobiles, « il raconte l’efficacité aérodynamique nécessaire pour une une meilleure efficience énergétique. On a ainsi réduit le niveau d’habitabilité aux têtes au strict nécessaire ».

D’extérieur, nous sommes devant une très grande voiture, à mi-chemin entre un SUV et une berline. Un crossover, que le directeur du style de la marque nous explique. « C’est une nouvelle silhouette automobile, on a concentré notre recherche sur l’efficience aérodynamique », interprète Thierry Metroz.« Ce n’est pas un SUV, c’est plutôt une berline nouvelle génération. On a voulu garder des choses importantes pour nos clients : une position de conduite haute, une garde au sol assez importante, des très grandes roues ».

Cela n’empêche pas à ce concept DS d’offrir un style tranchant, aux faux airs de Tesla Cybertruck sous certains angles. Plus sérieusement, il revête surtout des traits beaucoup plus acérés que les modèles de production aujourd’hui proposés par le constructeur. « On a pas voulu sacrifier le sex-appeal de la carrosserie » poursuit le designer, « c’est une voiture fluide et très élégante, avec énormément de caractère ». Ce que l’on remarque, c’est une évolution des phares, débordant en cascade autour d’une calandre écran. Comme la DS9, le profil est épuré au possible, avec un seul pli pour relief. Les feux arrière conservent le motif des DS7 Crossback & co. Par contre, ceux-ci tombent sur le bouclier. Un détail bientôt présent sur les routes.

De l’électrique en masse

L’efficience nous guide logiquement vers la motorisation portée par ce DS Aero Sport Lounge. « L’objectif n°1 c’est l’électrique », confirme la directrice de la marque, « Aujourd’hui, il est impossible de faire un Paris-Marseille dans un temps compétitif. Ça veut dire qu’il faut augmenter le rayon d’action des voitures électriques, en faisant deux choses : travailler sur l’autonomie avec la densité énergétique et continuer de développer l’infrastructure. La sérénité totale sera achevée quand on pourra se recharger sans se poser de question, sans planificateur de trajet ».

En termes de motorisation, les 500 kW (680 ch) proposés par cette DS Aero incarnent la volonté de la marque de monter en puissance. « On va retrouver rapidement des éléments dans les futures DS, notamment en électrification hautes performances » assure T. Metroz, « on bénéficie de tout le savoir-faire de nos équipes de Formule E ». On rappelle que DS Automobile est engagée avec l’écurie DS Techeetah depuis 2018, avec un titre de championne à la clé. « C’est un vrai laboratoire qui nous permet de travailler sur l’électrification avec des architectures un peu différentes » continue le patron du style, « cela génère de grands empattement avec beaucoup d’espace à bord et un confort de limousine ».

Plus sobre, et pour des batteries européennes

Le dessin de l’Aero Sport Lounge appuie l’aspect zéro émission, en réduisant l’impact global. « L’idée est d’optimiser l’autonomie pour gaspiller le moins d’énergie » souligne B. Foucher. « On ne va pas pouvoir augmenter indéfiniment la quantité de batteries, sinon les voitures feraient toutes 5 mètres, et cela n’aurait plus de sens ».

Totalisant 110 kWh de capacité, la batterie promet jusqu’à 650 kilomètres d’autonomie. A ce stade, DS Automobiles reste muet sur le type de batteries utilisé. « La chimie des batteries est très évolutive donc il n’y a que des gros groupes, c’est pour ça que PSA a fait une coentreprise avec Total et Saft » avoue la patronne du constructeur, « ceci permet d’avoir la capacité de concevoir des cellules de batteries européennes, limiter la dépendance à une fourniture principalement asiatique, car il peut y avoir une bataille capacitaire à terme, et éviter les coûts logistiques ».

Intérieur : du renouvelable

La transition est donc toute trouvée. Pour entrer dans l’Aero Sport Lounge, les portes antagonistes s’ouvrent avec une pression tactile sous le pli latéral. Ici, pas d’originalité, mais DS Automobiles se réinvente en abandonnant le cuir à l’intérieur ! Si la marque s’appuie toujours beaucoup sur ce matériau pour ses modèles, les designers ont choisi d’autres solutions à l’heure des questions environnementales et du bien-être animal,

La plus insolite est celle de la paille. La marqueterie est signée Lison de Caunes, demi-sœur d’un certain Antoine, le tout à la main. Ce matériau renouvelable est imperméable à l’état naturel, offre un superbe effet visuel, et se révèle agréable au toucher. Autre revêtement : du satin de coton beige clair. Un tissu très doux, mais assez sensible aux marques du temps. Sur le ciel de toit, de la maille en tissu complète l’ambiance très lumineuse, associée à des inserts en métal doré.

Une commande gestuelle et des écrans moins invasifs

« A l’intérieur, l’affichage s’efface au profit du matériau, ce qui est l’essence de la gamme DS » rappelle B. Foucher. C’est une des autres surprises, pas d’écrans géants classiques, loin d’une Byton. Pour régler ses sièges et la climatisation, il faut passer par les côtés. Les rétros-rétroviseurs intègrent ces fonctions, tandis que les informations de conduite sont affichées en réalité augmentée dans le pare-brise .

L’affichage principal occupe le bas de planche de bord, traversant une fine peau de tissu. Il est relié à une commande inédite, réalisée avec la start-up américaine UltraLeap. « Cela fait plusieurs années que l’on parle de retour haptique » ajoute la directrice DS, « la technologie était connue mais non utilisée dans une voiture. ». Loin d’une simple vision conceptuelle, cette commande gestuelle est totalement fonctionnelle ! Nous l’avons prise en mains. Précisément, nous avons utilisé notre main au-dessus de l’émetteur ultrasons, simulant un retour de force tactile. Il suffit de pincer le pouce avec l’index pour explorer et zoomer dans le système de navigation, ou sélectionner sa musique et régler le volume. Pour le retour aux menus, il faut pivoter rapidement la main.

Afin d’annoncer rapidement une musique, une destination ou fonction rapide, la commande vocale est possible. L’assistant se nomme Iris, traduit physiquement par un (faux) diamant lumineux au centre de la planche de bord. Nous n’avons pu cependant tester ses capacités.

Pour des futures grandes DS électriques

Si la firme ne produira pas l’Aero Sport Lounge en version de série, le concept inspirera clairement les futurs modèles de la gamme. « Ce concept illustre les traitements de surface. DS est premium et ne fera pas que des petites voitures », déclare Béatrice Foucher, « il y a un territoire de conquête sur des voitures du segment D ». Cette catégorie située sous la berline DS9. Aura-t-on un crossover DS8 Crossback 100 électrique ?

« Comme chacun de nos concept-cars, ce véhicule va nourrir nos modèles de série et notre vision du futur », détaille T. Metroz, « il y aura des applications très rapides, des choses dans le langage formel qui arriveront très vite. D’autres arriveront à plus long terme, à l’horizon 2025-2026, et nécessiteront nécessitant des développements technologiques plus longs,  ». C’est le cas de la commande haptique, que DS veut introduire dans ses voitures dans « 4 à 6 ans ».

Pour le style, les optiques et lignes tendues seront visibles sur les prochains modèles. Il se pourrait même que la future DS 4 E-Tense, prévue pour 2021, en adopte déjà quelques détails.