Avant de quitter la Norvège où il a découvert les voitures électriques chinoises qui sont désormais commercialisées en Europe, Maxime Fontanier a fait le tour d’un grand SUV électrique. L’engin montre une fois de plus comment nombre de constructeurs se livrent une course à la démesure stylistique et au luxe insolent avec en décor de fond un dérèglement climatique qui s’accélère pourtant.

Designer commun

Nio ES8, Voyah Free, Xpeng P7 et Hongqi E-HS9 témoignent du niveau que les marques chinoises ont atteint en matière de voitures électriques. Ce sont pour la plupart de gros SUV dont on aimerait mettre sereinement en avant le style, le luxe intérieur et les performances.

Ce serait dans un monde où les matières premières ne seraient pas comptées, le climat et la santé publique pas menacés, et où la place serait suffisante pour que les citoyens, tous suffisamment aisés, puissent acquérir leur modèle préféré. Mais où sont donc les citadines sobres et efficientes ?

« Le design est très ostentatoire », confirme notre journaliste spécialisé. Sa ressemblance avec le style maison de la marque de luxe britannique nous a amenés à laisser un peu en marge ce Hongqi E-HS9, certes mastoc, mais pas sans charme. Ses lignes sont signées Giles Taylor.

Créant depuis 2018 pour le groupe chinois FAW, propriétaire de Hongqi, il était auparavant directeur du design chez Rolls-Royce, après un passage chez Jaguar. Difficile de ne pas établir de rapprochement entre ce E-HS9 et le premier SUV construit outre-Manche avec la fameuse « Flying Lady » en ligne de mire.

Jeux de lumière

Présenté en mai 2018, le Cullinan est sorti du bureau dirigé alors par Giles Taylor chez Rolls-Royce. L’engin conserve sur sa copie chinoise une empreinte au sol supérieure : 5,341 x 2,164 m pour une hauteur de 1,835 m, contre 5,209 x 2,010 x 1,713 m. Une sorte de petit frère dont les lignes sont un peu moins taillées à la serpe et qui ne profite pas de l’ouverture antagoniste des portes.

En revanche, les constructeurs chinois aiment bien apporter aussi leur propre touche identitaire d’originalité. Le Hongqi E-HS9 joue avec la lumière grâce à une dotation Full LED qui peut être animée à distance afin de créer de petits spectacles.

Déjà à l’arrière, mais aussi et surtout à l’avant avec différentes lignes lumineuses, dont l’une en mascotte de haut de calandre. Des ambiances éclairantes sont aussi proposées à bord de cet engin (contreportes, pédalier, sous les sièges avant, etc.). Jouer avec la lumière, c’est aussi le rôle du grand toit panoramique transparent présent de série.

Comme le Nio ES8 plus court de 15 cm, le E-HS9 peut être configuré en 6 ou 7 places. Et ce, en jouant sur la composition de la seconde rangée : 2 fauteuils individuels avec un dégagement entre les 2 pour faciliter l’accès plus à l’arrière, ou banquette pour 3 personnes.

Motricité intégrale

Sur le SUV électrique Hongqi E-HS9, la motricité intégrale est assurée par 2 moteurs électriques synchrones à aimant permanent qui développent une puissance cumulée de 405 kW (551 chevaux) pour un couple maximal de 750 Nm.

Cette architecture permet au lourd engin (environ 2,7 tonnes) d’arracher le 0 à 100 km/h en 4,9 secondes, avant de filer vers la vitesse de pointe de 200 km/h. Mais aussi de tracter une remorque freinée jusque 1 500 kg.

La motorisation est alimentée par une batterie lithium-ion d’une capacité énergétique brute de 100 kWh, pour 90 kWh exploitables. La marque de FAW communique sur une autonomie en cycle mixte WLTP de 465 km.

Ce qui se traduirait sur le papier par une consommation de 19,35 kWh/100 km. C’est déjà beaucoup, mais finalement peu et à peine crédible pour ce SUV électrique chinois à la face avant si massive. Cet exercice de style se paie par un coefficient de trainée désastreux de 0,35.

3 niveaux de finition

Toutes suspendues sur des roues 21 pouces en alliage montées en pneus 265/45, 3 finitions sont proposées pour le Hongqi E-HS9, depuis l’Executive (ou Comfort selon zones géographiques) déjà très bien équipée en entrée de gamme, jusqu’à la Flagship (Exclusive) à l’opposé, en passant par la Deluxe (Premium) en intermédiaire.

À noter que seul le vaisseau amiral (traduction de « Flagship ») filmé par Maxime Fontanier à l’aéroport d’Oslo, est configuré de série en 6 places. La sellerie est alors composée de cuir synthétique et nappa. Ce dernier est remplacé par de l’alcantara dans les autres versions.

Derrière le hayon qui s’ouvre électriquement, même avec 7 personnes à bord, le volume du coffre est au minimum de 510 litres. Entourés d’accoudoirs, de buses de ventilation et d’un petit écran au niveau du toit pour la gérer, les 2 sièges de l’arrière peuvent se rabattre et se remonter électriquement pour former un plancher plat avec double fond. Au total, l’espace de chargement peut s’élever à plus de 1 400 l.

Enfilade d’écrans

Comme sur le Voyah Free, les passagers assis à l’avant du Hongqi E-HS9 ont en face d’eux une enfilade de 3 écrans qui parcourt quasiment toute la largeur du véhicule. Pendant que le conducteur surveille les chiffres de l’instrumentation, son voisin peut donc regarder un film ou jouer durant le voyage.

Destinée aux réglages, une tablette supplémentaire apparaît coincée entre cette barre numérique – compatible Android Auto et Apple CarPlay – et le sélecteur de marche de type levier. Sept modes de conduite sont accessibles.

Une fois à bord, pas de clé ou de bouton à manipuler pour démarrer le SUV chinois. Il suffit d’appuyer sur la pédale des freins. Des informations apparaissent alors au tableau de bord avec l’habituel accueil musical susceptible de plaire aux passionnés de technologies informatiques.

La présentation à bord est tout simplement somptueuse. Hongqi propose de la découvrir sur son site Internet. Attention à ne pas vous laisser attendrir par la musique lancinante et le petit robot qui ne cessera de vous saluer en bas et à droite de votre écran. Cet accueil finit même par être dérangeant.

Débauche de matériaux

Bois, aluminium, cuir, plastiques rembourrés, etc. : l’intérieur du Hongqi E-HS9 ressemblerait presque à un catalogue de présentation de matériaux dans une diversité de couleurs. Ce qui pourra apparaître « too much » pour certains en ravira d’autres.

Le luxe est partout omniprésent, sans atteindre le niveau d’une Rolls-Royce bien sûr. Mais pour qui n’a pas l’habitude de voyager dans les véhicules hors normes de la marque britannique, l’illusion est possible.

En comprenant le tableau de bord, les garnitures qui entourent le conducteur et son voisin semblent particulièrement enveloppantes sans toutefois étouffer ce petit monde. La console pourrait évoquer les bateaux de plaisance de type runabout. Elle se prolonge en accoudoir par une trappe double battant.

Les espaces de rangement dans les 4 contreportes sont fermés, un peu comme des boîtes à gants implantées verticalement. Les réglages sont nombreux sur les sièges, en particulier à l’avant. À l’arrière, en rangée centrale, l’espace aux jambes est des plus généreux.

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Tarifs

En Norvège, où les voitures électriques ne sont pas taxées, le modèle haut de gamme surpris à l’aéroport par Maxime Fontanier est proposé aux alentours des 80 000 euros. En entrée de gamme, le Hongqi E-HS9 est cependant accessible dès 63 000 euros environ.

« Pour un véhicule de ce gabarit-là, en 100 % électrique, c’est cadeau ! C’est moitié moins cher que ce que propose la concurrence allemande », souligne Maxime Fontanier. La présentation et la finition très soignées de ce SUV électrique devraient séduire nombre de taxis et VTC, mais aussi de chefs d’entreprises pour le transport de clients importants.

Pour comparaison déplacée, le prix d’une Rolls-Royce Cullinan dans le même pays tourne autour des 320 000 euros. Avec cette somme, il est donc possible de s’offrir 4 Hongqi E-HS9 en finition Flagship/Exclusive ou 5 exemplaires en présentation d’appel Executive/Comfort.

Si ce SUV chinois devait être vendu en France, il faudrait s’attendre à un tarif augmenté de 20 % au titre de la TVA. Face, par exemple, à un Tesla Model X, certains électromobilistes pourraient hésiter.

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